» MES CLUBS SONNENT VRAIMENT « VILLES DE VACANCES » « 

À l’instar de Radja Nainggolan pendant quelques années, Ritchie Kitoko a longtemps tenu sa célébrité de sa sélection à la Kirin Cup en 2009. Désormais exilé à Asteras Tripolis, le Liégeois combat les blessures pour enfin retrouver les terrains.

« Je suis né en République Démocratique du Congo où je suis resté jusqu’à mes six mois. Autant dire que je n’ai plus aucun souvenir de cette période. Comme beaucoup de familles, c’est surtout pour trouver une meilleure vie ailleurs que mes parents ont décidé de venir en Belgique et plus précisément dans le quartier de Bressoux d’où viennent mes premiers souvenirs de foot. C’est d’abord dans la rue que je me suis pas mal développé.

Je n’ai pas tardé à m’inscrire au RCSJ Grivegnée, avant de me retrouver à 13 ans au Standard. J’y ai côtoyé des Witsel, Fellaini ou encore Goreux… tous des gars qui recevront leurs chances, au contraire de moi. Et j’ai donc tenté ma chance ailleurs. Mais à l’inverse de la plupart des jeunes qui rejoignent un autre club belge voire les pays limitrophes, j’ai déménagé en Espagne, où mon agent m’a placé à Albacete.

LA KIRIN CUP, UN GRAND SOUVENIR

Dès ma deuxième saison sur place, j’ai intégré le noyau de l’équipe A avant de vivre ce qui reste encore ma meilleure année en tant que footballeur : titulaire avec Albacete en D2 espagnole, je suis couronné meilleur joueur du championnat et je finis même par être repris en équipe nationale… pour cette fameuse Kirin Cup. Je ne m’y attendais pas, mais je me doutais aussi qu’avec l’équipe-type, je n’aurais jamais été repris. C’est vrai qu’en Belgique, beaucoup de gens avaient l’impression que les joueurs ne voulaient pas la jouer, cette Kirin Cup. Mais j’ai pris énormément de plaisir durant la compétition : c’était l’équipe nationale, le summum, quoi ! Et honnêtement, ça restait pro parce que les joueurs présents étaient tous des éléments confirmés… même si on sentait aussi que ce n’était pas la Coupe du Monde. Personnellement, j’en garde aussi le plaisir d’avoir découvert la culture asiatique… et d’avoir chanté  » Blue  » d’Eiffel 65 comme chant d’accueil !

Après le tournoi, j’ai eu des contacts avec Liverpool parce que mon coach à Albacete rejoignait les Reds en tant que T2. Pour finir, ça ne s’est pas fait, leur proposition n’est jamais arrivée sur ma table et j’ai rejoint Udinese. Ce transfert arrivait super vite après seulement deux saisons pros en Espagne… où j’ai quand même connu des rebondissements, comme lors d’un match contre Daimiel où un joueur m’a balancé des insultes racistes. Il n’y avait eu aucun accrochage avant pourtant, peut-être était-il frustré de perdre ? Lui ne m’a jamais présenté ses excuses… au contraire de l’arbitre de la rencontre qui s’est excusé un jour de ne pas avoir compris ce qu’il s’était passé. Je ne sais même pas si le joueur a été suspendu, mais si je l’avais rencontré de nouveau, je lui aurais pardonné…

RETOUR FURTIF AU STANDARD

A Udinese, j’ai vraiment découvert ce qu’était le tout haut niveau, surtout physiquement. Même si je ne regrette pas mon choix d’avoir été là-bas parce que j’avais de bons contacts avec les latinos comme Cristian Zapata ou Alexis Sanchez, même si ce fut une période difficile parce que je n’ai pas vraiment reçu ma chance. J’ai travaillé à fond jusqu’au moment où j’ai compris que le coach ne me ferait pas jouer et je suis parti après six mois en D3 espagnole, à Grenade, un club lié à Udinese. La suite, c’est le titre en D3 puis une nouvelle destination : Tenerife en D2. Quand on les cite comme ça, mes clubs sonnent vraiment  » villes de vacances « . Il y a le soleil, la plage et tout ce qui fait qu’on s’amuse quand on le peut, mais il ne faut pas oublier pourquoi on est là : le football.

Chaque fois que mes prêts se terminaient, Udinese me faisait rapidement comprendre que la porte était fermée en Italie, il n’y avait même pas de discussion. Le problème, c’est que tous les clubs n’étaient pas d’accord d’assumer mon salaire de Serie A, ce qui a compliqué pas mal de négociations. À une époque, j’ai fait un retour rapide au Standard, mais il n’y avait rien de concret, c’était juste des entraînements parce que j’étais sans club. En 2011, Udinese m’a définitivement cédé à Tenerife… que j’ai quitté l’année d’après pour revenir à Grenade. Après deux nouveaux prêts, j’ai abouti à Asteras Tripolis à l’été 2014. Je sortais d’une belle année à Real Jaén où j’ai été élu dans l’équipe-type de la D2 espagnole. J’ai donc sauté sur cette occasion de jouer en D1 grecque et en Europa League. Entre-temps, j’avais été replacé au latéral droit, mais depuis mon arrivée à Asteras, je n’ai pas encore vécu cinq semaines de suite sans devoir m’arrêter pour des blessures, tout ça à cause d’une pubalgie contractée la saison dernière. Actuellement, mon équipe se bat encore pour accrocher l’Europe. Je sais que de Belgique, beaucoup pensent que le foot grec est truqué, mais je ne sais pas quoi répondre (rires). On ne pense pas à ça et on continue à jouer. Personnellement, je rentrerai à Grenade en juin avec un seul espoir : ne plus me blesser. Le reste viendra tout seul.

PAR ÉMILIEN HOFMAN – PHOTOS ISTOCK

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire