« Merci Walem »

Portrait d’un Bruxellois qui fait son trou chez les Zèbres après avoir connu des hauts et des bas chez les jeunes d’Anderlecht.

H ervé Kagé :  » A l’image de Geoffrey Mujangi Bia et Ilombe Pelé Mboyo, je me suis solidarisé au football au Parc Breughel, à Zellik, dans la périphérie bruxelloise. Avant nous, d’autres futurs joueurs de D1 s’y étaient déjà épanouis, comme Patrick Dimbala et, surtout, Gilles De Bilde. Pour nous, il faisait figure de modèle à suivre. Comme la plupart des jeunes du quartier, j’ai signé ma carte d’affiliation à l’âge de 6 ans dans le club local. J’y ai fait mes classes en Diablotins et Pré-minimes avant d’être approché par Anderlecht. Il est vrai que mes coéquipiers et moi, nous nous étions particulièrement distingués face aux Mauves, en 1997-98, en faisant match nul, 5-5, à Neerpede. A l’époque, nous avions été les seuls de la série à empocher un point là-bas.

Après coup, Johnny Peeters, recruteur du Sporting, me proposa de rallier le centre de formation du RSCA. Ma mère y opposa son veto, dans la mesure où le club ne pouvait assurer mon acheminement aux entraînements. Vu que l’Union, de son côté, se portait garante, j’ai donc pris le chemin de la Butte. Mais pas pour longtemps : un an plus tard, à l’instigation d’un autre scout, Albert Martens, j’ai fini par rejoindre le Parc Astrid. C’est lui, d’ailleurs, qui se chargea de me véhiculer.  »

 » Je ne voulais pas être un nouveau Vanden Borre « 

 » J’ai fait la route ainsi pendant des années avec Mujangi Bia, qui avait lui aussi opté pour la meilleure école des jeunes du pays. On nous surnommait les Piedsnickelés car nous accomplissions tout ensemble, tant sur le terrain que dans la vie de tous les jours. Nous étions tellement complices, qu’en 2003, les responsables des catégories d’âge décidèrent de nous surclasser des moins 14 aux moins 16. Pendant trois ans, je me suis régalé. J’officiais comme électron libre dans l’entrejeu. A 17 ans, j’ai été récompensé de mes efforts par une première titularisation en équipe réserve dirigée par Glen De Boeck. A mon grand étonnement, je ne fus pas aligné au sein de la ligne médiane mais au poste de back droit, où je n’avais encore jamais évolué. Au début, il n’était évidemment pas question de faire la fine bouche vu que je faisais quand même figure de privilégié. Mais après avoir été maintenu à cette place pendant quelques semaines, j’ai bien sûr souhaité obtenir quelques éclaircissements.

L’adjoint de Frankie Vercauteren m’a fait comprendre qu’il ne pouvait me garantir une place de médian. Cheikh Tioté, Sven Kums et Vadis Ofoe Odidja étaient prioritaires. En revanche, De Boeck était d’avis qu’il y avait incontestablement de l’avenir, pour moi, à l’arrière latéral. Histoire, sans doute, de me motiver. Dans la foulée, j’ai même été nommé capitaine. Je ne voulais néanmoins rien entendre de cette nouvelle orientation même si le club était – et est toujours – à la recherche d’une solution de rechange pour Marcin Wasilewski. Je n’avais pas la moindre envie de devenir un deuxième Anthony Vanden Borre. Milieu de formation, celui-ci avait également été poussé au back. D’ailleurs, je constate qu’il cherche toujours sa voie. Il n’était pas question que j’imite cet exemple. Et je ne me suis pas privé de le dire.  »

À la Seedorf

 » J’ai tiré la tête pendant plusieurs matches avant d’être écarté. J’avais droit à l’une ou l’autre pige de 10 minutes, rien de plus. Au bout de six mois, en 2006-2007, j’ai demandé à être prêté. Grâce à l’intervention de Jacques Lichtenstein, mon manager, j’ai abouti au RKC Waalwijk. La demi-saison que j’ai passée aux Pays-Bas m’a fait un bien fou. Tout d’abord, parce que j’y ai retrouvé mon rôle de prédilection dans le deux. Ensuite, parce que j’y ai joué quelques matches parmi les grands : en Coupe face au Sparta Rotterdam et en championnat contre l’AZ Alkmaar et l’ADO La Haye. Je pensais être complètement requinqué et jouir d’un autre statut à mon retour à Anderlecht mais c’était, à nouveau, la désillusion : sous Ariel Jacobs, qui avait remplacé De Boeck comme T2, j’étais toujours confiné au back. Le discours était le même et j’en avais soupé. Je ne songeais plus qu’à une seule chose : partir.

L’Union m’a tendu une perche et je l’ai acceptée d’autant plus volontiers qu’elle tenait le haut du pavé en D2. Mais le deuxième tour s’avéra catastrophique, avec une relégation à la clé. Même si j’avais disputé 14 rencontres, le plus souvent comme médian gauche ou droit, je n’étais pas chaud à un séjour en D3. A un moment donné, j’ai songé à tout plaquer : un énième come-back au RSCA ne me disait rien de bon. Ma chance, ce fut Johan Walem, qui arrivait pour s’occuper des jeunes. Après quelques séances d’entraînement à peine, il me fit comprendre que j’avais les qualités requises pour m’imposer au plus haut niveau. Mais, pour cela, il fallait que je le suive. Durant plusieurs mois, j’en ai bavé avec lui. Il m’avait prévenu : – Tant que tu joueras pour la galerie et non pour les autres, tu ne feras pas partie du onze de base. Je me suis dès lors accroché, dépouillant mon jeu comme jamais. Après l’hiver, j’étais complètement transformé : je ne songeais plus à ma propre personne mais au collectif. Et j’ai touché au but en étant plusieurs fois titulaires dans l’entrejeu aux côtés de Reynaldo et Geoffrey Mukendi.

En raison de mes tresses et de mon profil sur le terrain, Jo n’hésitait pas à m’appeler Clarence Seedorf. Un bel hommage quand on sait d’où je viens. Je dois réellement une fière chandelle à cet entraîneur. Et pour l’heure, je n’ai franchement pas à me plaindre, vu le temps de jeu que j’ai déjà reçu chez les Zèbres. J’espère poursuivre sur cette voie. Je m’inspire pour ça de la devise d’un autre exemple pour moi : Khalilou Fadiga qui a toujours dit et répété : Il ne faut jamais lâcher le morceau.  » l

par bruno govers – photos: belga

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