MER ET ANDES

Pays de contrastes, l’Equateur est en pleine ascension sur le plan footballistique et doit faire des résultats.

Jusqu’en 2002, l’Equateur n’avait encore jamais participé à une phase finale de Coupe du Monde. Et voilà que ce pays vient de se qualifier pour la deuxième fois d’affilée. Derrière le Brésil et l’Argentine, il est devenu une valeur sûre de la zone sud-américaine. Comment expliquer cette montée en puissance ?  » C’est tout un processus d’évolution, le fruit d’un travail de longue haleine « , estime CarlosSalas, de la radio équatorienne LaRed.  » Dans cette équipe nationale, peu de joueurs évoluent à l’étranger, et ceux qui se sont expatriés ne sont pas toujours titulaires dans leur club, comme UlissesDeLaCruz (Aston Villa) et AntonioValencia (Recreativo Huelva). D’autres ont opté pour des contrées exotiques, comme le capitaine et défenseur IvanHurtado (Al Arabi) et l’attaquant CarlosTenorio (Al Sadd), qui ont choisi les pétrodollars du Qatar. Ces joueurs sont donc peu connus au niveau international, mais on trouve de bons joueurs dans le championnat équatorien également. Et leur motivation est telle, lorsqu’ils revêtent le maillot de l’équipe nationale, qu’ils sont capables de renverser des montagnes. La force de l’Equateur, c’est son bloc. Les joueurs sont de grands travailleurs et privilégient l’aspect collectif. Il n’y a pas de grosses individualités, mais l’équipe se révèle difficile à man£uvrer « .

Le sélectionneur LuisFernandoSuarez, lui, est Colombien. Comme joueur, il a remporté la Copa Libertadores en 1989 avec l’Atletico Nacional de Medellin. Ne trouve-t-on pas de bons entraîneurs en Equateur ?  » Il y en a, mais c’est un peu une habitude de faire confiance à des techniciens étrangers « , poursuit notre interlocuteur.  » Dans les clubs, c’est pareil. Suarez a suivi la lignée de son prédécesseur Hernan DarioGomez, lui aussi Colombien. Je crois que la fédération a voulu opter pour une certaine continuité « .

Quel sera l’objectif lors de la Coupe du Monde ?  » Faire mieux qu’il y a quatre ans. En 2002, on était là pour apprendre. Cette année, on est là pour progresser « .

Plus de positif que de négatif

 » On a une bonne équipe et on est en confiance « , affirme De La Cruz.  » La préparation n’a pas été négligée. Au contraire, le programme a été élaboré de façon très méthodique.  »

 » Lorsqu’on m’a proposé de jouer un match amical aux Pays-Bas le 1er mars, j’ai tout de suite accepté « , explique le sélectionneur Suarez qui a vu son équipe perdre 1-0.  » Car on allait être confronté à des conditions de jeu identiques à celles que l’on rencontrera en Allemagne. Ce fut à la fois très instructif et très encourageant. J’en ai tiré beaucoup d’enseignements, notamment à propos de la manière dont les joueurs réagissaient émotionnellement dans un tel contexte. Il y a encore des choses à corriger, d’un point de vue tactique et technique. Et on a également ressenti l’absence d’un pion essentiel sur le front de l’attaque, comme l’est le Barcelonais AgustinDelgado, blessé. On connaît la place qu’il occupe dans notre effectif. Mais globalement, le positif l’emporte largement sur le négatif. La prestation de mon équipe m’a plu. J’ai apprécié la rigueur et l’organisation dont on a fait preuve. On a proposé une très bonne réplique à un adversaire de qualité qui évoluait à domicile. Les Pays-Bas font partie des favoris de la prochaine Coupe du Monde, au même titre que le pays organisateur que l’on rencontrera dans notre groupe, et on n’a pas été balayé, loin de là. Dans beaucoup de domaines, on a traité d’égal à égal avec notre prestigieux hôte. On ne s’est pas contenté de défendre, on a aussi essayé par moments de jouer avec beaucoup de discipline. On possède un groupe très homogène, et on pourra se rendre en Allemagne l’esprit serein. L’objectif sera de faire mieux qu’en 2002. Il y a quatre ans, l’Equateur avait été éliminé au premier tour. Cette fois, on essaie de franchir un cap. Davantage qu’un souhait, c’est quasiment une obligation « .

La fédération à Guayaquil, les clubs à Quito

L’équipe nationale équatorienne se compose d’une majorité de joueurs évoluant au pays. Et, même si la fédération a établi son siège à Guayaquil, le centre névralgique du football national semble s’être déplacé du côté de la capitale, Quito, située en altitude.  » La LDU Quito ( LigaDeportivaUniversitaria) et El Nacional sont les deux derniers champions. Le sélectionneur puise donc essentiellement ses joueurs dans l’effectif de ces clubs-là « , confirme RodrigoJarrin, le président du champion en titre, El Nacional.  » Il y a aussi beaucoup de joueurs du Deportivo Quito ainsi qu’un élément du Deportivo Cuenca, WalterCalderon. Mais cela ne signifie pas qu’on ne trouve plus de bons joueurs à Guayaquil. Carlos Tenorio, par exemple, est originaire du Barcelona Guayaquil, même s’il a choisi de s’exiler au Qatar. Et la préparation de l’équipe nationale s’effectuera également à Guayaquil. Dans cette ville, située au niveau de la mer, on rencontre des conditions plus similaires à celles qui régneront en Allemagne « .

L’Equateur est, en effet, un pays de contrastes. Quito, la capitale, est une ville andine, alors que Guayaquil, le poumon économique du pays, est un grand port fluvial. Dans la partie orientale du pays, on trouve une jungle tropicale.

 » Je partage l’avis du sélectionneur lorsqu’il affirme qu’on peut aborder la Coupe du Monde l’esprit serein « , poursuit Jarrin.  » L’Equateur possède une bonne base. La plupart des joueurs ont déjà l’expérience de la Coupe du Monde d’il y a quatre ans. Ils ont à la fois des qualités techniques et du caractère. Dans les matches amicaux qu’on a disputés jusqu’ici, il y avait à boire et à manger, mais on n’en est qu’au début de la préparation et je suis convaincu qu’on est sur la bonne voie. Tous les efforts fournis dans le pays vont porter leurs fruits « .

DANIEL DEVOS, ENVOYÉ SPéCIAL EN ÉQUATEUR

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