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 » Menos que un equipo « 

Il y a deux sortes de matches historiques. Ceux où ça  » matche  » à mort, genre 4-3, ou ceux de la mise à mort. Genre le Barça battu 2-8. En ce mois d’août 2020, les Matadors sont devenus des Matamores. Le Barça actuel est bel et bien devenu de l’histoire. Ancienne, très ancienne. Son présent est désespérant. Plombé par des vétérans. Sa moyenne d’âge face au Bayern était la plus vieille de son histoire en Ligue des Champions : 29 ans et 329 jours.

Tout d’un coup Messi et Suárez font leurs 33 ans. L’Uruguayen n’a plus marqué en Champions League en dehors du Camp Nou depuis septembre 2015. Et l’Argentin porte ses cent kilos de prise de tête. Traîne son mal de vivre. Jouer au foot n’est plus un jeu, mais un boulot. Il s’emmerde, le petit. Il n’est plus cette excroissance psychologique. Il n’est plus la Pulga. Cette puce qui s’implante dans le cerveau des coéquipiers, mais aussi et surtout des adversaires. Endorphine pour les uns, anxiété pour les autres. 50% de bonheur en plus pour les uns, 50% de sueur en plus pour les autres. Mais ça, c’était avant.

Le Barça semble complètement dépassé dans sa gestion. Ce match face au Bayern l’a révélé de flamboyante et cruelle façon.

Avant, avec Messi, le Barça jouait à treize contre onze. Contre le Bayern, il a joué à neuf contre onze. D’un coup, il fait sa taille. On le cherche, car il se cherche sans se trouver. Dans cette équipe qui est celle de trop. Qui n’est plus celle des compensateurs de génie nommés Iniesta et Xavi. Celle qui ne sait plus faire le gros oeuvre pour permettre à l’artiste d’en faire un chef-d’oeuvre. La lente descente vers la banalité dure depuis trop longtemps. Cinq ans que Barcelone n’a pas gagné la Champions League.

Avec des gifles en forme d’uppercuts, style contre Liverpool la saison dernière. Ou encore ce quatorze du mois, un uppercut en forme de KO. Première fois de l’histoire qu’un match à élimination de Ligue des Champions se termine avec dix buts inscrits. On pouvait se douter que le Barça serait dans le coup, mais pas à la place de l’humilié. Huit buts encaissés. 26 tirs concédés. Dont treize cadrés. Ce n’était jamais arrivé depuis que les stats existent. En 17 ans. Le Barça semble complètement dépassé dans sa gestion. Ce match face au Bayern l’a révélé de flamboyante et cruelle façon.

On pourrait parler de l’aspect tactique, qui ressemblait à une amnésie de l’esprit Barça, mais trop facile de taper sur un seul homme. Quand on voit ce que fait Guardiola avec City sur la scène européenne… Quand on sait que Pep n’a jamais gagné la Ligue des Champions sans Messi, on se dit qu’en foot, on ne peut pas pointer du doigt un seul coupable. Chez les Blaugranas, le mal est beaucoup plus profond. C’est toute une gestion qui ne gère plus rien.

Exemple : Coutinho. Devenu un joueur du passé sous le ciel catalan, mais un joueur d’avenir dans le crachin bavarois… où il pleure ses minutes de temps de jeu perdues, mais gagne à la fin. Le Barça l’avait acheté 135 millions d’euros à Liverpool, qui en a déboursé trente de moins pour s’offrir Firmino, Salah et Mané réunis. Et maintenant, il joue au Bayern. En un quart heure, il a montré ce que c’est le plaisir et la facilité de jouer dans un vrai collectif. Que dire d’ Ousmane Dembélé ou encore de l’erreur de casting Griezmann. Pendant ce temps-là, le Bayern va chercher Alphonso Davies au Canada pour quatorze millions de dollars. Et le gamin canadien nous sort un match messiesque.

Le FC Barcelone est le symbole de toute une région. Porte-voix de la lutte pour les droits humains… en Catalogne, mais très heureux d’accueillir un partenaire tel que le Qatar. Un exemple formidable du respect des droits de l’homme et surtout de la femme. Le jeu du Barça est comme son maillot. Passé de l’Unicef à Qatar Fondation, puis Airways (histoire d’être moins faux cul). Passé d’une bénédiction pour le monde à une pollution financière. L’Unicef pour perdre sa virginité… ça passe mieux. Ce club fait comme tous les autres clubs. Certes. Mais ce club est mythique. Hélas,  » Més que un club  » est devenu  » Menos que un equipo « .

Il va mal à l’image de la Liga. À l’image du Real, de l’Atlético, de Valence. Le foot espagnol se retrouve de l’autre côté de la muleta. Pas de mise à mort, mais des mises au point s’imposent. Pour la première fois en quatorze ans, aucun club espagnol n’a participé aux demi-finales de Ligue des Champions. Même éternité que quand Messi et Ronaldo s’y amusaient. En fait, on est arrivé au bout d’une formidable histoire. Même les stars se barrent. Pas de complot, rien à voir avec le Covid. Non, non, simplement, les masques tombent. Usés par le temps qui passe. La vie, quoi !

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