Médian styliste

par Pierre Bilic

L’histoire sert parfois les mêmes plats à la table des maisons de bouche du football belge. Les Mauves ont récemment trouvé un terrain d’entente avec l’Union Saint-Gilloise qui héritera de jeunes joueurs anderlechtois en mal de temps de jeu. Ces derniers s’enhardiront en D2 et les deux clubs seront gagnants. Ce ne sera pas une transhumance mais l’expression d’une bonne entente dont il avait été question en… 1975 quand Jean-Pierre Vande Velde devint un souriant Unioniste.

A cette époque, un homme d’affaires avait les yeux plus grands que le ventre au Parc Duden. Ghislain Bayet reprit l’Union en D3 et engagea des joueurs de talent dans l’espoir de revenir au plus vite parmi l’élite. Il dénicha son staff technique à Anderlecht et confia le poste de coach à Georges Heylens aidé par Raymond Mertens. L’Union engagea des stars : Leen Barth, Harald Nickel, André Denul, Edy De Bolle, Jan Verheyen, etc. Cet aréopage survola le championnat avant que sa tirelire ne rende l’âme en D2.

 » A Anderlecht, après la fin de ma carrière de joueur, Constant Vanden Stock me confia l’entraînement d’une équipe de jeunes puis de la réserve  » dit Heylens.  » C’est là que j’ai fait la connaissance de Jean-Pierre. Il avait passé une ou deux saisons au c£ur du noyau B. Le ciel étant bouché pour lui à Anderlecht, qui volait d’un succès européen à l’autre, il était temps de partir et de relever d’autres défis. Jean-Pierre était un véritable produit de l’école anderlechtoise. Il y a acquis un style de jeu, une touche de balle typiquement mauve. C’était un médian droit doué techniquement et je l’ai emporté dans mes bagages à l’Union. Pour lui, c’était le moment de se remettre en question et de progresser en côtoyant d’excellents joueurs. L’Union disposait alors d’un groupe de D1 deux étages plus bas.  »

De Bolle se souvient de cette époque et de ce jeune joueur qui s’entraînait avec soin et écoutait attentivement les conseils de ses aînés :  » On ne mesure pas la difficulté qui était la sienne. L’Union avait une étiquette : l’équipe des millionnaires. On nous attendait partout avec le couteau entre les dents. Il fallait aussi mettre le pied. Jean-Pierre Vande Velde s’engageait mais le physique n’était pas le principal de ses atouts. C’était d’abord un beau joueur de football. A mon avis, c’est uniquement cela qui l’a empêché de percer en D1. Avec un jeu plus musclé, il aurait réussi au plus haut niveau. A l’Union, ce médian a eu la malchance aussi d’être la doublure d’un monument du football belge : Jan Verheyen. Ce dernier jouait en D3 mais était un indiscutable Diable Rouge. C’était unique et Jan était le patron de l’Union. Jean-Pierre était le plus souvent son remplaçant, le 12e homme, mais il a toujours accompli ses missions sans rechigner avec soin. Il liait le jeu et savait marquer. C’était un joueur sérieux sur qui on pouvait compter en D3 puis en D2. La faillite de l’Union l’a conduit vers la D3, etc. Mais c’était un passionné, un travailleur, un homme intelligent qui a réussi comme coach à enfin rejoindre le top.  »

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