» Mbokani me rappelle Bocande « 

Pierre Bilic

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

 » La direction d’Anderlecht se félicite d’avoir recruté Dieumerci Mbokani et je la comprends. En plus d’être un excellent attaquant, il est animé par le désir de prouver que ses échecs en France et en Allemagne sont des accidents de parcours. Il roule en Bentley, une voiture qu’il a achetée à Lucien D’Onofrio, et peut devenir la limousine de l’attaque mauve. Son élégance, sa classe et son parcours, tout cela me rappelle un autre génie africain qui perça chez nous : Jules Bocande. Même si Dieu a joué au TP Mazembe, il est arrivé incognito en Belgique quand il posa d’abord ses bagages au stade Constant Vanden Stock. Bocandé, lui, s’est retrouvé à l’US Tournai où Yves Baré l’a repéré pour Seraing en 1982. A Tournai, Jules n’avait pas un sou et dormait tard le matin pour faire l’impasse sur le petit-déjeuner et épargner quelques sous.

Pétri de classe, Jules a créé la sensation sur les terrains avec ses dribbles, ses inventions, sa personnalité. Mais il avait aussi beaucoup de succès dans la vie de tous les jours. Pour lui permettre de s’intégrer facilement, on n’avait pas trouvé mieux que de l’installer dans le même appartement que Peter Kerremans. Jules et Peter n’ont pas tardé à former un duo de sacrés play-boys. Leur tanière ne se situait pas loin du Carré à Liège. La tentation était trop forte. Aurait-on idée de tendre une soucoupe de lait sous les moustaches de deux jeunes et beaux matous mais de leur interdire de laper leur breuvage préféré ? Avant de rentrer à Bruxelles, il m’arrivait de passer chez eux pour voir si tout allait bien. Au parlophone, je devinais la panique, des voix charmantes qui s’évadaient. Je n’ai jamais fouillé dans les garde-robes ou sous les lits mais les agréables parfums qui flottaient dans l’air en disaient long.

Jules avait une marotte. Il achetait des… tonnes de paires de chaussures de ville. Quand il est parti à Metz, la légende raconte que le proprio de son appartement retrouva plusieurs dizaines de belles pompes dans une armoire. De 1984 à 1992, Jules fit fureur en France à Metz, au PSG, à Nice et à Lens avant d’effectuer un bref passage à Alost en 1992-93. Meilleur buteur du championnat français en 1986, il s’est bien remis d’un AVC (accident vasculaire cérébral) et reste présent dans le giron de l’équipe nationale sénégalaise. Jules et Dieu sont des talents hors normes mais quand de tels artistes débarquent chez nous, il est indispensable de les entourer avec le plus grand soin. On l’a désormais bien compris à Anderlecht. « 

PIERRE BILIC

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