MAZZU A-T-IL LA CARRURE D’UN GRAND CLUB ?

Chaque semaine, Sport/ Foot Magazine pose la question qui fait débat.

Cela fait maintenant deux ans d’affilée que Charleroi révèle un nouveau coach. Après Yannick Ferrera l’année passée, voilà Felice Mazzu qui réussit au-delà des espérances. Après avoir montré de très bonnes choses durant le premier tour, il a su relancer une équipe privée de ses trois meilleurs éléments lors du mercato hivernal et assurer l’essentiel : le maintien. Les deux victoires en terre malinoise ont prouvé qu’en un mois, le coach carolo avait réussi à intégrer les nouveaux arrivés (principalement Dieumerci Ndongala et Cédric Fauré) à son onze de base sans que celui-ci ne s’affaiblisse. Plus que le début de saison, où on aurait pu dire qu’il bénéficiait d’un effectif stable et du travail de son prédécesseur, c’est la facilité avec laquelle il a sorti le Sporting des embûches lors des deux derniers mois qui force le respect.

Après une saison pareille, inévitablement se pose la question de son avenir : peut-il franchir un palier ? En a-t-il les capacités et les grands clubs pensent-ils à lui ? L’exemple de Yannick Ferrera démontre qu’une réussite à Charleroi n’attire pas spécialement les clubs comme Genk, Gand, Bruges ou Anderlecht. Néanmoins, la situation de Mazzu diffère de celle de Ferrera. L’entraîneur actuel de Saint-Trond a sans doute pâti de sa démission du Sporting carolo, certains clubs se montrant frileux d’engager quelqu’un qui s’était brouillé avec ses dirigeants.

En Flandre, Mazzu jouit d’une belle cote, plusieurs clubs du top le tenant à l’oeil, charmés par son style de jeu mais également par son attitude de gentleman. Officiellement, aucun grand club n’a voulu confirmer la donne, pour ne pas froisser l’entraîneur en place ou pour ne pas lancer une polémique en plein play-off.

 » Tout ce que je pensais de positif sur lui, il y a deux mois, s’est encore amplifié « , explique Olivier Renard, le directeur sportif de Malinesqui, dans Sport/Foot Magazine en janvier, lui conseillait d’apprendre le néerlandais pour s’ouvrir de nouveaux horizons.  » Un ouragan est passé à Charleroi durant le mercato hivernal et il est resté calme. Il a gardé le bateau à flot et séduit beaucoup de monde, tant par les résultats que par son style de jeu. Je ne l’ai côtoyé que six mois mais je le place au même niveau que Luciano Spalletti pour sa gestion humaine et que Michel Preud’homme pour sa rage de vaincre. Il a toujours su écouter les joueurs et quand il prenait une décision, il l’a toujours fait avec intelligence. Je ne crois donc pas qu’un vestiaire de stars lui poserait problème.  »

Cependant, après une seule saison au plus haut niveau, on peut se demander s’il ne doit pas d’abord confirmer à Charleroi avant de chercher fortune ailleurs.  » Je pense que pour lui, il n’est pas encore l’heure de partir « , affirme Renard.  » A Charleroi, il peut grandir à son aise et confirmer, au sein d’un projet positif. Par contre, un club du top ambitieux a peut-être intérêt à miser sur lui tant qu’il est encore temps. Il ne se tromperait pas en l’attirant maintenant. Et même s’il n’y a aucune garantie de succès, il a les épaules larges pour réussir dans un grand club. C’est un homme réfléchi qui a fait tous les échelons de l’échelle et qui n’arrive pas au sommet du jour au lendemain.  »

 » Je suis à un âge où attendre des années n’est peut-être pas idéal  »

Le principal intéressé ne cache pas que l’intérêt d’un grand club ne pourrait que le flatter.  » Ce serait un honneur et une fierté « , dit-il,  » Et par respect pour ce club, je me mettrais à table. Je trouve normal d’engager une conversation : c’est une marque de politesse. Ne fût-ce que pour échanger des idées pour un avenir plus ou moins proche. Cependant, j’en parlerais d’abord à ma direction. Je ne triche pas avec les gens.  »

A 48 ans, Mazzu doit également penser à ne pas rater un train qui s’est déjà présenté à une reprise avec le Standard lorsqu’il officiait au White Star et qui ne se présentera peut-être plus dix fois.  » Je suis à un âge où attendre des années n’est peut-être pas l’idéal. Est-ce que cela signifie que je suis prêt pour un grand club ? Ce n’est pas à moi de le dire même si je n’aime pas aller trop vite. Mon parcours le prouve. J’ai eu besoin de franchir plusieurs paliers pour comprendre tous les paramètres du football.  »

L’intérêt croissant autour de Mazzu ne fait pourtant pas les affaires des dirigeants carolos, partagés entre la satisfaction d’avoir misé sur le bon cheval et la peur de le voir partir.  » La seule chose que je dois faire, c’est d’avoir confiance en mon entraîneur « , affirme Mehdi Bayat, l’homme fort des Zèbres.  » Je sais que c’est quelqu’un de parole puisque j’ai été confronté à sa droiture. Avant d’attirer Yannick Ferrera, j’avais réussi à convaincre mon oncle de sonder Felice Mazzu. Je l’avais appelé, il m’avait dit qu’il était très honoré mais qu’il avait un contrat avec le White Star et qu’il avait donné sa parole. C’est rare dans le monde du foot mais ça existe encore, des hommes comme ça ! A-t-il la carrure d’un grand club ? Je pense que oui mais il ne doit pas se précipiter. C’est un homme intelligent et rusé et qui a aussi beaucoup de valeurs. Tactiquement, il a le niveau pour entraîner partout en Belgique mais j’aimerais le faire grandir avec Charleroi tant financièrement que sportivement. J’aimerais qu’il pense qu’il n’a pas besoin de partir ailleurs et qu’il franchisse son palier à Charleroi. Ça voudrait dire que j’ai réussi mon pari, celui de faire grandir Charleroi.  »

Mehdi Bayat a donc conscience qu’il risque de devoir faire un effort financier pour conserver son entraîneur. Actuellement, Mazzu a le contrat d’un entraîneur qui vient de la D2 et qui doit encore faire ses preuves en D1. En le revalorisant, Charleroi le récompenserait pour le travail effectué et lui enverrait un signe de confiance. Si Charleroi attend qu’un grand club se manifeste, il sera peut-être trop tard.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

 » Il a la carrure d’un grand club mais j’aimerais le faire grandir avec Charleroi, tant sportivement que financièrement.  » Mehdi Bayat

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