Mauves limités

L’analyse de l’ancien anderlechtois est impitoyable.

On continue à le reconnaître et à solliciter des autographes. Des avis aussi. Compétents, toujours. Nuancés, jamais. Marc Degryse a toujours eu son franc-parler. Et quand il parle d’Anderlecht, il pense qu’il pourrait mieux faire: « Il ne sera jamais champion comme ça ». Voici pourquoi.

« De Bilde doit se regarder dans la glace » Marc Degryse: « Comme beaucoup de joueurs n’atteignent pas leur meilleur niveau mais aussi parce que l’équipe manque d’équilibre, Hugo Broos cherche son système. Le 4-3-3 convient-il mieux que le 4-4-2 ? Gilles De Bilde est victime du problème car, s’il joue, il y a un homme trop peu dans l’entrejeu. Je comprends sa déception mais à son âge, il devrait savoir qu’il ne faut pas se disputer avec son entraîneur via la presse. Il ne doit pas non plus oublier qu’il est le second avant. Parfois, il descend trop bas alors qu’il devrait rester en pointe pour créer des occasions et marquer. Il lui est plus facile d’être le second avant si on aligne quatre médians évidemment. Avec deux ailiers, un centre-avant et lui en plus, l’attaque est trop chargée. Il doit tenter de jouer de telle sorte qu’il y ait toujours une place pour lui. Pour cela, il doit signer des prestations et marquer le jeu de son empreinte de manière très visible. Déterminer des matches ou y contribuer. Il le fait par moments, mais trop peu. Gilles doit être honnête et se regarder dans la glace: trois buts et cinq assists, c’est trop peu pour un second avant. Dans ces conditions, il ne peut exiger que l’équipe s’adapte à lui ». « Anderlecht a trop peu de bagage footballistique en défense » « Ses défenseurs passent leur temps à renvoyer le ballon à des avants ou à des médians qui sont tenus. C’est notamment dû au fait que les extérieurs ne préparent pas assez d’actions. Ils campent sur leur position, ce qui facilite la tâche des défenseurs adverses. Seol et Aruna sont souvent beaucoup trop inertes le long de la ligne. Il est impossible de surprendre l’adversaire, dans ces conditions. Un avant doit se demander pourquoi il se retrouve si rarement face à face avec son adversaire direct: est-ce dû au système ou à lui-même? Quand je vois ces quatre défenseurs, je me dis: Anderlecht manque de bagage footballistique derrière. Il n’en a pas suffisamment, du moins, pour une formation de son niveau. Du coup, on ne bouge pas assez. On le constate à des détails: on ne demande pas le ballon sur un dégagement, par exemple. Les défenseurs d’Anderlecht doivent imposer leur volonté à l’adversaire afin que médians et attaquants puissent démarrer dans une position plus avantageuse. Ce que je vois, c’est des défenseurs heureux de se débarrasser du ballon, qui abandonnent les autres à leur sort, alors que tous les grands clubs ont des défenseurs qui apportent quelque chose sur le plan offensif. En 4-3-3, on cantonne plus facilement l’adversaire dans son camp car ses défenseurs ne peuvent monter. Mais les choses sérieuses ne commencent que dans le camp adverse. Il s’agit de créer des brèches. Par une action menée de l’arrière, par quelqu’un qui se présente dans le dos d’un défenseur latéral, ce qui oblige les défenseurs centraux à opérer des choix, quitte à délaisser l’axe. Si Mark Hendrikx peut mieux? Ce n’est pas un défenseur mais un médian latéral qui est éventuellement en mesure de prendre à son compte tout le flanc dans une défense à cinq. Il a surtout besoin d’espaces. Il les obtenait à Genk. A Anderlecht, il doit les créer lui-même. C’est plus difficile ». « Baseggio doit prendre plus de risques » « Aruna est un des rares Anderlechtois à pouvoir créer des espaces. Seol en est capable aussi. Il a une bonne technique mais il baisse parfois les bras contre des adversaires plus forts dans les duels. Aruna est le meilleur joueur d’Anderlecht, du point de vue individuel. Pour ses actions, sa rapidité, sa force, son aptitude à attirer vers lui deux ou trois défenseurs, créant ainsi des ouvertures aux autres. Mais on en profite trop peu. Il reste aussi trop souvent sur sa position. Il doit réaliser des actions tout le temps. A la longue, c’est intenable pour le défenseur chargé de le contrer. Walter Baseggio ne confère pas assez de mouvement au jeu. Il remet trop souvent le ballon en arrière où à des endroits dépourvus de brèches. Souvent, il procède aussi par le même côté. Il choisit la solution de facilité, sans prendre de risque. S’il vient de la gauche, il doit oser envoyer le ballon à droite. Je le trouve encore trop jeune pour penser à la Série A, puisqu’il ne domine pas le jeu d’Anderlecht. Qu’il essaie avant tout d’imprimer sa marque au Sporting. Jestrovic est un bon centre-avant, selon moi. Il a un instinct de killer mais, comme Baseggio, il a quelques kilos de trop. Il n’a pas encore retrouvé la condition qu’il avait à Mouscron. Là, son accélération était mortelle ».

Geert Foutré

« Jestrovic n’est pas encore redevenu lui-même »

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