Mauvais depuis un an!

Les événements laissent Aimé Anthuenis de glace.

Samedi, contre Alost, les Mauves, qui alignaient pourtant Stoica, ont encore mal joué mais ont gagné. Ils sont face à des semaines cruciales, avec des déplacements à La Gantoise et à Genk. Enjeu: la deuxième place et un billet pour la Ligue des Champions. S’il échoue, la position de l’entraîneur vacillera.

Du moins, c’est la rumeur. Mais officiellement, tout est calme… Le Sporting a eu recours à sa stratégie habituelle pour détourner l’attention: lancer un transfert en pâture à la presse. Michel Verschueren a donc fait savoir, grâce à ses hauts-parleurs habituels, qu’il négociait le retour de Pär Zetterberg. Il y a deux ans, seul Roger Vanden Stock s’était opposé au départ du Suédois. Maintenant, le club veut le récupérer et le monde entier doit le savoir!

En coulisses, ça barde! Franky Vercauteren a été en conflit avec Aimé Anthuenis à cause de la tactique et de la sélection. Et la direction se pose les mêmes questions et estime que l’entraîneur protège « ses » joueurs. Des joueurs sont mécontents de la tactique employée à Bruges, qui misait tout sur le résultat, et du fait que leur plaidoyer en faveur de Stoica n’ait pas eu d’écho. Et puis, on entend que le Sporting cherche un entraîneur.

Jusqu’à présent, les résultats ont toujours donné raison à l’entraîneur. Maintenant qu’ils sont moindres, il semble que le Lokerenois doive être sacrifié, bien qu’il soit sous contrat jusqu’en 2004 et que l’équipe ait été considérablement affaiblie par des départs.

Aucun joueur ne s’exprime en public. Certes, ils admettent qu’il existe une certaine tension entre eux et l’entraîneur depuis deux ans, « mais ce n’est quand même pas nouveau? » Et de faire référence à Bruges, où tout n’a pas toujours été pour le mieux dans le meilleur des mondes non plus. Bien sûr, « ils avaient l’impression de pouvoir obtenir davantage ». On ne peut battre Bruges qu’en osant jouer, pas en bétonnant son propre but, car spéculer sur un nul équivaut à s’avouer vaincu.

La semaine dernière, on n’a cessé de dresser des parallèles avec les matches à Porto et au PSV, dont Anderlecht s’était bien tiré avec une occupation de terrain identique. Avec de la chance aussi… Mais comme quelqu’un l’a constaté samedi après le match, ce n’est plus très bon depuis janvier de l’année dernière.

Pas de mental de vainqueur

On ne doit pas être surpris de la piètre qualité du jeu, si on tient compte de ce fait, du grand nombre de départs, de suspensions, de blessures et des problèmes liés à l’occupation de terrain. Les joueurs l’admettent: il ne faut pas se focaliser sur le penalty octroyé à Bruges. Dans d’autres rencontres, Anderlecht aurait pu perdre des points aussi.

Ils admettent encore que tout est lié à l’acceptation des limites des autres. De Bilde et Aruna jouent par à-coups, ils peuvent réaliser une action. Stoica n’aime pas défendre. Ou, comme Bertrand Crasson l’explique: « Personne n’est bon depuis le début de la saison. Si nous l’admettons et nous entraidons davantage… Vous pouvez réagir de deux manières à la mentalité de Stoica. -Zut, il n’aide pas à défendre, nous devons courir pour quatre, ou -Ouf, il est dans l’équipe, nous allons bien jouer. Nous n’aurons pas d’équipe-miracle cette saison mais si nous le comprenons… Nous sommes trop vite contents ou nous imputons la faute à d’autres. -C’est ta faute. Non, la tienne« .

Anderlecht manque également de soif et d’ambition. Le constat est général au sein du club. Son arrogance s’est envolée. On n’empêche pas les joueurs de prendre part à des mouvements offensifs mais ils ne le font pas. Parce que, prétendent-ils, ils ne sont pas sûrs que leur tâche défensive soit assurée. Donc, ils préfèrent jouer plus prudemment, laissant les artistes assumer les risques. Ceux-ci se plaignent du manque de soutien.

Franky Vercauteren comprend qu’on attend davantage d’Anderlecht, pas seulement à Bruges mais partout. Il se borne à constater: « Nous n’avons jamais interdit de monter mais ça ne s’est pas produit ». Sinon, il préfère s’abstenir de commentaires, car il estime que la presse a fait état de trop de spéculations ces derniers temps. Y compris sur sa relation avec l’entraîneur: « Nous avons des divergences, c’est normal. Elles ne datent d’ailleurs pas d’hier. On a pris des options, que je dois soutenir en tant que membre du staff. Pour le reste, je ne fais aucun commentaire car on utilise trop volontiers mes propos, pour ne pas dire qu’on les déforme. Ceux qui doivent savoir à quoi s’en tenir le savent. Ça suffit, pour l’instant. Je ne suis pas en conflit avec Aimé, il sait ce que je veux, ce que je n’aime pas. Je n’ai pas changé d’avis depuis le début de la saison, Bruges n’a rien à voir avec ça ».

Stoica ou non, n’est-ce pas un sujet de discussion? « Après Bruges, cette question est redevenue d’actualité. Après quatre semaines parsemées des mêmes problèmes, car notre jeu n’était pas bon non plus contre le Lierse, La Louvière ou le GBA. Le staff est conscient des problèmes depuis des semaines ».

Les Mauves manquent-ils d’arrogance ou d’esprit de conquête? Vercauteren: « On traîne ça depuis le début de la saison aussi. J’ai toujours cru que nous étions capables de jouer le titre. D’autres estimaient que nous n’obtiendrions aucun prix… Anderlecht se bat toujours pour la première place, qu’il s’agisse du résultat ou de la manière. Je ne vois toujours pas pourquoi nous devrions paniquer. Ceci dit, nous aurions peut-être dû avoir plus de points ou jouer autrement. Il faut avoir de l’ambition mais certains ne l’ont pas compris au début. Peut-être en étaient-ils dépourvus, tout simplement. L’année dernière aussi, nous l’avons échappé belle à plusieurs reprises. Nous aurions pu être évincés par Porto et le PSV. Je trouve logique les critiques actuelles, compte tenu du statut d’Anderlecht ».

Anthuenis assume le résultat de Bruges

Aimé Anthuenis affirme ne plus trop lire les journaux mais il réagit de manière professionnelle aux critiques fondées. Il comprend qu’elles aient ressurgi après le match à Bruges, à cause du résultat. « Si le score était resté vierge, ce qui est maintenant mauvais aurait peut-être été très bon, même si je suis d’accord avec vous: nous ne devons pas fermer les yeux devant nos manquements. Je ne puis être content de ce match car il ne rend qu’une image de nous: une excellente organisation défensive. Le second point, l’offensive, n’a rien donné. Tout le monde sait très bien que je n’ai pas demandé aux joueurs de se replier dans le rectangle. Toutefois, j’en assume la responsabilité. Dans d’autres circonstances, je pense à Porto, au PSV, nous avons émergé pendant 70 minutes, avec la même formation tactique. Pas cette fois. Je n’en renvoie pas la faute aux joueurs, je l’assume. Anderlecht doit tenter d’évoluer dans le camp de l’adversaire, doit se battre chaque année pour le titre, de préférence en soignant son football ».

Il reconnaît que le problème s’éternise depuis le début de la saison voire même depuis janvier 2001. Il en a souvent parlé au groupe. Anthuenis: « L’avalanche de départs, l’habitude du succès jouent un rôle mais j’avais l’impression que nous progressions. Depuis plusieurs semaines, nous formions un bloc. Nous avons des joueurs individuels sur le plan offensif mais ils cherchaient davantage les combinaisons ».

Il s’agit moins de l’occupation de terrain que du passage de la possession à la perte de balle et vice-versa. Anthuenis: « Il ne s’agit pas de jouer le contre mais de gêner l’adversaire tôt pour développer une combinaison. Pour toutes sortes de raisons, nous n’y parvenons pas. Hendrikx ne peut, comme Goor, réaliser des actions, Baseggio ne sert pas les attaquants, qui conservent eux-mêmes difficilement le ballon… Ces constats ne datent pas d’hier. Et Stoica ou non, ramener les problèmes d’Anderlecht à ce seul joueur est bien trop facile », estime l’entraîneur, qui a obtenu raison samedi, sur ce point. « Nous ne sommes pas aveugles à ce niveau-là. Si je pense que Stoica peut nous aider, je l’aligne. J’étais convaincu que notre déplacement à Bruges ne serait pas le match du Roumain. C’était plutôt une lutte. Il a joué à l’Antwerp et dans d’autres rencontres. Si c’était aussi simple… »

Baseggio est-il capable d’assumer le rôle de Stoica? L’entraîneur en est convaincu. Il peut marquer, il a un bon tir et un bon passing. Anthuenis: « La question, c’est de savoir si tous ces joueurs qui veulent aller au ballon sont vraiment complémentaires? Nous devons jouer plus en profondeur de la deuxième ligne mais ils préfèrent tous jouer avec le ballon ».

Pour le coach, l’équipe n’est pas assez dominante. Point.

Anderlecht manque d’esprit de conquête. Anthuenis: « Sur ce point, vous avez raison mais on ne peut être arrogant, dans le sens positif du terme, que quand on est dominant, ce que nous n’avons pas été cette année, même quand nous avons gagné 7-1 ».

On peut se demander si la tactique de l’entraîneur est assez conquérante. Anthuenis: « Aurions-nous plus de points? Je ne pense pas. Je suis plus réaliste qu’arrogant. Je peux m’imaginer que ceux qui ont suivi notre match à Bruges en ont conclu que l’entraîneur n’était pas assez audacieux mais il y a parfois une marge entre intention et exécution ».

Est-ce l’essence de la discussion entre lui et Franky? Anthuenis: « Après le match à Bruges, on a tiré des conclusions erronées sur nos relations. Nous n’avons pas eu de divergences d’opinion. Des discussions oui, mais pour moi, une divergence est quelque chose de plus fondamental, ce qui n’est pas le cas ».

N’est-il pas temps de revoir l’occupation de terrain? Anthuenis: « Nous avons à nouveau plus de possibilités mais je n’oublie pas les mois de septembre et d’octobre. Nous avons rectifié le tir, pris des points et nous sommes revenus dans le parcours ».

Vanderhaeghe, Hasi, Baseggio de concert, n’est-ce pas une piste de réflexion? Anthuenis: « Pourquoi pas? Ça dépend de la position qu’on attribue à Baseggio ».

On entend circuler d’autres noms d’entraîneurs à Anderlecht. Anthuenis: « J’ai découvert mon nom dans d’autres équipes. Je suis sous contrat jusqu’en 2004. Ai-je perdu mon crédit? Je ne me pose pas la question. Le métier d’entraîneur impose de rester soi-même en toutes circonstances. Je savais que cette saison serait difficile. Maintenant, en février, je déclare qu’il en sera ainsi dans les prochains mois aussi. Les joueurs le savent. Ils en connaissent les causes, ils voient ce qu’ils voient, savent comment nous nous entraînons. Tournez-le comme vous voulez: 50% de ce vestiaire a changé. Des 50% qui restent, la moitié a été forfait ou en méforme durant les six premiers mois. Nous avons disputé le premier tour de la Ligue des Champions alors que les problèmes étaient bien plus graves encore. J’avais l’impression que nous étions en progrès, sur le terrain comme en-dehors ».

On l’accuse d’être d’un naturel trop anxieux. Anthuenis: « Ce n’est qu’une impression, que je réfute. Peut-être suis-je trop réaliste mais je ne pense pas avoir été différent l’année dernière. Je désire établir un équilibre entre les lignes, pratiquer un football offensif basé sur différents points. Par exemple, engendrer une supériorité numérique, en défense comme dans l’entrejeu. Nous allons peut-être opérer quelques changements bien qu’une solution structurelle est difficile. On ne peut pas changer la nature des joueurs » .

Peter T’Kint, ,

« Les critiques actuelles sont logiques » (Vercauteren)

« Nos problèmes sont structurels. On cite le nom de collègues… Mais j’entends le mien ailleurs » (Anthuenis)

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