Mauvais bulletins

John Baete

Dante Brogno a pris la décision qu’il fallait. Quand un pro se rend compte qu’il décline trop, il doit d’urgence arrêter les frais. Après Albert et Scifo, c’est un autre monument du foot belge qui a dit stop au Mambourg! Dante était devenu trop fragile et en était arrivé à une situation où il n’était plus un titulaire incontesté. Invivable pour un gars de son calibre. Heureusement qu’il avait un diplôme d’entraîneur en poche et que son club continue de faire preuve de créativité dans sa direction. Dante reforme maintenant avec Enzo un duo sur le banc. Mais attention, ce n’est pas un cadeau de pension pour vieux soldat. Enzo a besoin de son aide. C’est constructif. Ils auront beaucoup de choses à prouver, et on espère qu’il y a un dieu pour les joueurs techniques reconvertis! Car les Zèbres ont du pain sur la planche.

L’affaire des petits Brésiliens a trop légèrement secoué la Belgique. Cela fait des années que notre magazine dénonce les managers aux combines insupportables mais cela n’a rien changé à la donne, ou si peu. Pourtant, par la simple publication de nos enquêtes, tout le monde devait être au courant : la fédération, l’autorité, les politiques. Finalement, cette fois, on a l’impression que ça ira plus loin. Ce n’est pas trop tôt. On espère qu’on débarrassera le terrain de quelques personnages puants. Mais peut-on être réellement optimistes? Non, si on lit la réaction de l’un des managers belges cités par la commission parlementaire brésilienne : « Je connais le milieu du football… Je ne suis pas inquiet ».

En l’an 2001, quand on est fan d’un sport, on doit toujours exiger que la règle soit respectée… et les lois de son pays aussi. Madame Lizin fait son boulot en ruant dans les brancards, mais on aimerait être certain que la fédération fasse réellement tout ce qui est en son pouvoir dans ce genre d’affaires. Elle affirme que oui, mais est-elle réellement au courant de toutes les falsifications de documents portant sur l’âge, la nationalité, les contrats, etc. Même les plus grands clubs belges ne montrent pas l’exemple : quelques semaines après l’affaire des enveloppes, voici Bruges au centre d’une histoire d’évasion fiscale! Alors que quelques jours plus tôt, le Club état assuré d’obtenir sa licence. Ce sera plus difficile dans un an, quand l’administration fiscale devra garantir que Bruges n’a pas de dettes à son égard…

A supposer que ce fut jamais le cas, le football est-il de plus en plus incontrôlable? Ce qui est considéré comme une fraude brugeoise concerne, en fait, le fonds de pension lancé en Belgique après la découverte de l’usage généralisé d’argent noir, il y a une quinzaine d’années. Pour lutter contre les malversations, le ministère des Finances et les clubs pros avaient lancé un fonds de pension que les joueurs toucheraient à 35 ans : la poire pour la soif. Et c’est cette belle idée que les pratiques brugeoises ont attaquée! On croit rêver. La preuve que les clubs pros sont laissés la bride sur le cou est donnée par Jean-Marie Philips, le directeur de la Ligue Pro, qui a dit à un de nos journalistes : « Nous transmettons les documents aux clubs, c’est à eux de les remplir. On ne va tout de même pas vérifier! » Et pourquoi pas? Il y va de la crédibilité de l’institution-football en Belgique, quand même! Surtout que la Ligue et Bruges s’entendent – par ailleurs – pour attaquer Canal+ en justice pour la diffusion pirate de Bruges-Standard…

On n’en a pas fini avec les affaires et on préférerait ne s’intéresser qu’au jeu : aux chassés-croisés d’Anderlecht-Mouscron et du derby wallon ou à l’exploit de La Louvière! Et à la santé de Robert Waseige, opéré d’urgence du coeur vendredi dernier. Le coach national est tiré d’affaire et c’est tant mieux. On se souvient de l’avoir encore vu jouer il y a une trentaine d’années au Stade Fallon et d’une rencontre dans le vestiaire : il était plus sec que le plus mince de ses fils. Quelques années plus tard, il arbitrait un match de journalistes et courait encore comme un lapin. Depuis, une sale blessure au dos l’a empêché de prendre réellement soin de sa condition physique. C’est dommage, mais le sport de compétition n’est pas nécessairement bon pour la santé…

John Baete

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