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Mâtines brugeoises

Dimanche soir, le Club et le Cercle s’affrontent, toujours au Jan Breydel. Les deux clubs veulent un nouveau stade dans les plus brefs délais, pour pouvoir grandir, économiquement et sportivement. On n’en est pas encore là.

Les plans de construction du Club Bruges à la chaussée de Blankenberge ont été bloqués pendant des années. Le Cercle a introduit plusieurs propositions le concernant. Puis, le soir du 9 janvier, Dirk De fauw, le bourgmestre de Bruges a annoncé par téléphone au Cercle qu’une décision avait été prise et qu’il en exposerait les détails le lendemain : le Club allait construire son stade sur le site du Jan Breydel et le Cercle emménagerait chaussée de Blankenberge, à l’endroit prévu depuis des années pour le Club mais enlisé dans des procédures de diverses associations.

Le Cercle est tombé à la renverse : on avait résolu le problème du Club sans le consulter. Il a boudé la conférence de presse de la Ville. Le président du Club et le bourgmestre n’ont pas dissimulé leur euphorie. Il y aurait un stade de 40.000 places sur le site du Jan Breydel, au plus tard en 2024, l’année des prochaines élections communales, soit dit en passant.

2024 constitue une date-butoir pour Bart Verhaeghe car le stade actuel ne répondra plus aux exigences, plus élevées, de l’UEFA pour les matches de coupe d’Europe. Il a probablement renoncé à l’octroi du permis de bâtir chaussée de Blankenberge. Le site du Jan Breydel se trouve en zone récréative mais est propriété de la ville, qui a accordé un bail emphytéotique au Club.

Celui-ci ne devra donc pas attendre des expropriations mais il a quand même besoin d’un permis environnemental et, évidemment, d’un permis de bâtir. Toutefois, nul ne s’attend à ce qu’il rencontre des problèmes. Bourgmestre et président assurent que tout se déroulera harmonieusement, avec un parc dont les riverains pourront utiliser les places de parking. Le jour des matches, on créera des places supplémentaires en bordure de la ville, en zone non résidentielle, avec des navettes jusqu’au stade.

Et le Cercle ?

Quid du Cercle ? La Ville ne lui a accordé, verbalement, qu’une parcelle du terrain agricole dont le Club s’est débarrassé avec soulagement, ne pensant plus pouvoir y bâtir un stade d’ici 2024, compte tenu de tous les obstacles.

La question est double : le Cercle parviendra-t-il à ériger un stade avant que l’actuel Jan Breydel soit démoli, afin de libérer des places de parking pour la nouvelle arène du Club mais surtout, qui va payer ? Le bourgmestre et les échevins compétents ont promis d’aider le Cercle à trouver une solution, ce qui démontre surtout qu’il n’y en a pas à l’heure actuelle.

Pendant ce temps, le Cercle voit débarquer à l’improviste des gens sur ses terrains d’entraînement, pour préparer la construction du stade du Club. Bart Verhaeghe compte introduire la demande de permis environnemental cet été afin d’entamer les travaux début 2021. Il veut jouer dans le nouveau stade dès la saison 2022-2023.

Car il aime insister là-dessus : le Club doit de toute urgence passer la vitesse supérieure s’il veut rester concurrentiel au niveau européen. Il estime que le nouveau stade permettra de doubler les rentrées le jour des matches.

Tous les riverains n’ont pas envie de vivre dans l’ombre d’un stade gigantesque. Il paraît que beaucoup d’entre eux envisagent de déposer plainte contre le projet auprès du conseil du contentieux des permis. Il ne s’agirait pas uniquement de supporters du Cercle. Ce n’est pas un hasard si, cette semaine, il y a déjà eu une réunion avec les riverains dans une loge du Jan Breydel.

Choc émotionnel

Le match à Manchester a clairement démontré que le Club devait en effet passer la vitesse supérieur. Il a déjà disputé de bons matches en Ligue des Champions, à Bernabeu et au Parc des Princes, mais le leader du championnat a été à la peine au Theatre of Dreams.

Soit. Deux jours et demi plus tard, le Club s’est imposé à Genk, pour la première fois depuis 2014. Et six heures plus tard, le Cercle a pris la mesure de Gand, rejoignant la 14e place pour la première fois cette saison et permettant au Club d’accroître de trois points son avance sur son plus proche poursuivant.

Dimanche, les deux formations brugeoises ne pourront se rendre de services : elles s’affrontent dans le derby, qui est encore disputé au Jan Breydel. Le Cercle se méfie des projets de De fauw et Verhaeghe. Le président du Cercle, Vincent Goemaere, explique :  » On nous a toujours promis que nous pourrions rester au Jan Breydel. Maintenant, nous devons le quitter parce qu’il va être démoli afin de faire de la place au nouveau stade du Club. C’est un choc émotionnel.

Nous allons nous tracasser tant que nous ne saurons pas où nous pourrons jouer. Des gens me disent que nous allons bientôt voler dehors… Mais je suis convaincu que le bourgmestre ne va pas mettre le Cercle à la rue. Je le crois sur parole quand il dit qu’il nous aidera à trouver une solution avant que le Jan Breydel ne soit démoli, parce qu’il sait que beaucoup de gens à Bruges trouvent que c’est important.

Je pense pouvoir dire que la ville abrite autant de supporters du Cercle que du Club. Quoi qu’il en soit, nous avons un contrat d’utilisation qui nous permet de jouer ici les trois saisons à venir. Je considère ceci comme une opportunité. Pour la première fois en 44 ans, nous avons l’occasion d’obtenir notre propre stade, où nous pourrons être fidèles à notre identité et renforcer la marque Cercle. »

Terrain vague

Mais qui va payer ?  » C’est notre point faible « , reconnaît le président du Cercle.  » Nous savons que l’AS Monaco n’investira pas dans des briques. Nous devons donc chercher un investisseur disposé à construire le stade et à nous le louer à un prix conforme au marché. Plusieurs parties, dont la Ville, se sont déjà spontanément proposées pour réfléchir avec nous.

Si nous pouvons construire le long de la chaussée de Blankenberge, nous pourrions peut-être intégrer des entreprises. Pourquoi ne pas travailler avec le Voka, le patronat flamand ? Il est possible de financer une partie du stade grâce à son exploitation commerciale. »

Le Cercle est en train de faire ses devoirs, conclut Goemaere.  » Soit déterminer quels sont nos droits, ce dont nous avons exactement besoin, ce que ça coûtera et quelles sont les possibilités de financement. Nous avons déjà fait cet exercice bien avant pour le Jan Breydel. Les quatre coins allaient faire place à des appartements et le côté du Club allait être loti. Nous aurions payé la rénovation du stade avec les rentrées ainsi initiées.

Je dois faire en sorte que nous sachions où nous en sommes d’ici la fin de l’année. Nous devons attendre le jugement du conseil d’État. Je l’attends en septembre. Tout est encore vague mais nous nous entourons d’architectes et de juristes pour défendre nos droits. »

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