Mathoux :  » Des milliers de noms pour FIFA « 

Hervé Mathoux est le présentateur du Canal Football Club, en France. Mais c’est aussi le commentateur du jeu FIFA depuis plusieurs années. Décryptage de son activité.

Comment fonctionne un commentateur virtuel ?

C’est un travail de longue haleine. Il y a d’abord l’enregistrement des actions. On reçoit des textes d’Electronic Arts. Ce sont des traductions littérales d’expressions anglaises assez stéréotypées. Je les retravaille pour qu’elles soient plus fidèles au français. Les phases sont nombreuses : la mise en jeu, les fautes, etc. Et il y a un paquet de paramètres dont il faut tenir compte. Exemple : à la mi-temps, il y aura un commentaire si c’est le favori du match qui mène, un autre s’il est mené, etc. Plus une action risque de se produire, plus on enregistre des phrases différentes. Le second aspect, c’est l’entrée des noms des joueurs.

Combien en enregistrez-vous ?

Des milliers ! Là aussi, il faut varier l’intonation. Quand c’est un joueur lambda, on enregistre son nom avec trois intensités. Si c’est une star comme Franck Ribéry, le chiffre monte à sept ou huit versions :  » Ribéry « ,  » Attention Ribéry ! « ,  » Ribéry qui a le ballon « , etc. Cela vaut pour les Européens mais aussi pour les joueurs de Corée du Nord, de Thaïlande,…

Vous tenez compte de la prononciation ?

C’est un vrai problème. On essaie de se renseigner avant. Mais maîtriser la prononciation correcte de tous les noms est impossible. On commet des erreurs. Les Belges ne sont pas épargnés (il rit). Parfois, on se plante même avec des stars et on passe pour des idiots. Un exemple : Gerard Piqué. On a rentré son nom dans la base de données quand il était à Manchester United. Il n’était pas très connu. On m’a soumis son nom écrit en lettres capitales, sans accent. Je l’ai donc prononcé  » Pique  » au lieu de  » Piqué « . On a seulement corrigé la prononciation cette année.

Vous enregistrez au siège d’E.A., au Canada ?

Non. Je ne peux pas me permettre de dégager une dizaine de jours uniquement pour le jeu. Quatre ou cinq dates sont calées et l’équipe d’E.A. se déplace à Paris. On enchaîne alors des centaines de phases à la suite, sans image ! Il y a une base de données qu’on enrichit année après année.

Quels sont les retours ?

Assez positif. Beaucoup d’amis me disent :  » J’ai l’impression de t’avoir entendu dans mon salon durant tout l’été !  » On est crédible et réaliste. Pour certains joueurs de foot, je suis d’abord le commentateur de FIFA avant d’être le journaliste de Canal+ ! De mon côté, FIFA me permet de découvrir des joueurs que je ne connais pas.

PAR SIMON BARZYCZAK

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