» MARTÍNEZ VA FAIRE SORTIR LES DIABLES DE LEUR COCON « 

Qu’est-il écrit sur votre CV désormais ?

Mehdi Bayat : Eh bien, c’est compliqué. Je suis en priorité l’administrateur délégué du Sporting Charleroi. A côté de ça, je suis au conseil d’administration de la Pro League, membre du comité exécutif et au conseil d’administration de la Fédération. Et vraisemblablement le titre qui devrait suivre c’est vice-président de la Commission technique en charge des Diables Rouges. Ça en fait du taf mais aujourd’hui je pense qu’il n’y a jamais eu une aussi bonne osmose entre le foot amateur et professionnel par exemple. Aujourd’hui, ça se passe super bien, ce qui n’a pas toujours été le cas. Que ce soit Bart Verhaeghe ou Mehdi Bayat, nous respectons le système en place. On n’est pas là pour rentrer avec un bulldozer dans tout.

Bart Verhaeghe a plutôt une réputation de fonceur pourtant…

Bayat : J’ai été très agréablement surpris par son caractère, son attitude, par sa compétence finalement. Notamment car il sait extrêmement bien s’entourer. Au sein de la Fédération, il veut apporter du professionnalisme. Mais comme c’est quelqu’un qui respecte les institutions, il n’avait pas envie de débarquer là tout seul, lui le Flamand, au milieu de cette histoire. Et comme il se trouve qu’il y a un jeune francophone qui monte et qui bosse surtout…

C’est donc Verhaeghe qui a fait appel à vous ?

Bayat : Les choses se sont faites naturellement. On ne m’a pas choisi parce que j’ai une belle coupe de cheveux et de beaux yeux. Je suis le gars qui a prouvé qu’en bossant on pouvait arriver. Pendant longtemps, Charleroi a été fâché avec la Fédération. Aujourd’hui, tout doucement, j’ai réussi à changer cette image. Mais il n’y a pas que Mehdi Bayat ici. D’ailleurs, c’est Mehdi Bayat du Sporting Charleroi ! Aujourd’hui, le Sporting redevient un club qui compte et c’est ça qui est important pour moi.

On peut s’étonner que vous décidez du choix du futur sélectionneur des Diables car vous n’êtes pas à proprement parler un technicien du foot.

Bayat : Je crois justement que c’est l’erreur que font les gens. Ça fait 14 ans que je suis au Sporting Charleroi où j’ai occupé des fonctions diverses. Et ça fait maintenant plus de quatre ans que je suis le patron du Sporting Charleroi au quotidien. Il ne faut pas sous-estimer les compétences que des dirigeants peuvent avoir sans jamais pour autant avoir été joueur de foot. Ce sont les protectionnistes du foot qui estiment que si tu n’as jamais été joueur, tu ne peux pas comprendre ce sport. Mon entraîneur, Felice Mazzu n’a jamais été joueur de foot (sic), il a été jusqu’en juniors à Charleroi. Point ! Ce n’est pas pour autant qu’il n’est pas un bon entraîneur. Et puis, surtout, aujourd’hui, on ne demande pas à Bart Verhaeghe ou à moi d’être entraîneur. On nous demande de choisir et dessiner le meilleur profil qui soit, c.-à-d. un leader d’hommes. Notre métier, c’est de mettre les bonnes personnes aux bons endroits.

Dans de nombreux grands pays, le choix du sélectionneur est pourtant décidé par un comité composé de nombreux techniciens…

Bayat : Il faut comparer ce qui est comparable. On est au devant d’une génération exceptionnelle. Peut être que dans 20 ans, tu auras au sein de la Fédération, un Monsieur Lukaku qui aura son importance, un Monsieur Kompany, un Monsieur Hazard, etc. Ces gars-là, ce sont les Beckenbauer, les Deschamps d’aujourd’hui. Ils sont en train de marquer une époque. Ils auront une aura très grande dans le futur. Mais aujourd’hui, vous voudriez qui au sein de la Fédération pour occuper ce rôle ? Faut être lucide.

Pourquoi le choix de Martínez ?

Bayat : Il a fait très rapidement l’unanimité de par son charisme, sa connaissance du foot professionnel. Quand t’as été manager à l’anglaise pendant 7 ans, ça veut dire que tu as acquis une très grosse expérience, ça veut dire aussi que tu es capable de comprendre des contraintes qui sont autres que sportives. Les entraîneurs aujourd’hui sont finalement assez égoïstes, ils ne pensent qu’à leur système de fonctionnement et à leur tactique. Quelqu’un comme Roberto Martínez qui a coaché dans le championnat le plus important au monde a des compétences plus vastes. Et dans l’optique de ce que nous voulons faire avec les Diables Rouges, c’est je crois le profil idéal car il est capable de communiquer avec cette génération-là : la faire sortir du cocon un peu trop douillet dans lequel elle se trouve aujourd’hui. Ces joueurs-là doivent avoir le sentiment d’avoir quelqu’un dans l’équipe nationale qui soit autre chose qu’un copain. Il leur faut un patron.

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