Martinez, son énième défi

C’était une image étrange : samedi soir, Simon Mignolet a été un des premiers joueurs de Liverpool à consoler Loris Karius, qui avait commis deux grosses gaffes en finale de la Ligue des Champions. Avant ça, tous les joueurs du… Real Madrid avaient tenté de consoler l’anti-héros. Ce geste illustre bien la mentalité de Mignolet. Il se ronge les ongles sur le banc depuis des mois, depuis que Karius a pris sa place. Mais à Kiev, l’Allemand a commis deux fautes monumentales, inédites à ce niveau.

Comment a dû se sentir Jürgen Klopp, l’entraîneur porté aux nues, lui qui a préféré Karius, âgé de 24 ans et n’ayant joué que 29 matches en Premier League, à Mignolet, qui a 30 ans et 245 matches de la même compétition au compteur, même si l’Allemand a fait toute la campagne européenne ? Pourtant, à Liverpool, tout le monde n’est pas sous le charme de Karius, d’aucuns pensant que Klopp voulait offrir à son compatriote une vitrine pour qu’il intègre l’équipe nationale. Jürgen Klopp se demandera longtemps encore quelle issue aurait eu la finale entre le Real et Liverpool s’il avait titularisé Mignolet, même si personne ne lui a posé de question à ce sujet.

L’ombre de Radja Nainggolan ne va pas s’estomper.

Un entraîneur n’est pas l’autre. Pour Roberto Martinez, Simon Mignolet est une valeur sûre en équipe nationale, quel que soit son statut à Liverpool. Radja Nainggolan ne l’est donc pas, même si le médian de l’AS Rome est convoité par plusieurs grands clubs et que les meilleurs entraîneurs le complimentent. Quel étrange dualisme. Pourtant, Martinez a sans aucun doute pris sa décision en son âme et conscience, comme Klopp, malgré toutes les insinuations. Aucun entraîneur ne dédaigne un joueur qu’il estime susceptible de renforcer son équipe, sachant que ça reviendrait à se tirer une balle dans le pied.

Roberto Martinez a certainement ses raisons de laisser Radja Nainggolan à la maison. Il est possible qu’il n’apprécie pas le mode de vie du joueur mais ça ne peut pas être sa principale motivation. Martinez ne lui trouve pas de place fixe dans son système. La discussion entre les deux hommes à Rome lui a montré qu’il ne disposait pas d’une bonne base de collaboration. On peut comprendre que Nainggolan, conforté par ses prestations en Serie A, ne voie pas les choses sous le même angle, mais c’est le sélectionneur qui décide.

Martinez a énormément de courage pour ramer ainsi à contre-courant, sachant qu’à la moindre prestation médiocre, l’ombre de Nainggolan ressurgira et qu’il deviendra un héros populaire, au mépris de toutes les nuances.

L’ombre de Radja Nainggolan ne s’estompera pas. Surtout si les résultats sont décevants. Ce sera peut-être déjà le cas samedi, lors du match contre le Portugal, puis le 6 juin contre l’Égypte et le 11 contre le Costa Rica.

L’essentiel est que Roberto Martinez trouve la bonne équipe à la faveur de ces matches de préparation. L’équipe n’est toujours pas équilibrée. Le sélectionneur le répète à chaque interview. Ce qui est étrange. Le Catalan est en poste depuis presque deux ans. Durant ce laps de temps, il a dirigé dix-sept matches et en a gagné douze. Ce n’est pas un mauvais bilan mais les adversaires des Diables Rouges n’ont pas toujours été d’un niveau élevé, ce qui fausse la perception, comme sous la direction de Marc Wilmots.

Cette génération doit encore prouver qu’elle est capable de prester au plus haut niveau, quand le rythme est constamment élevé et que quelques actions ne suffisent pas. Voilà son défi pour la Russie. Son énième défi.

Radja Nainggolan en demi-finale de la Champions League face à Liverpool.
Radja Nainggolan en demi-finale de la Champions League face à Liverpool.© belgaimage

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