Marsupilami

Comme l’animal de la BD, le pivot de Charleroi est monté sur ressorts.

Chez les Spirous, on a rapidement trouvé un surnom pour AndréRiddick: le Marsupilami. « J’ignore à quoi l’on fait référence », admet l’intéressé. Mais comme le petit animal de la bande dessinée, le longiligne pivot américain de Charleroi (2m06) est monté sur ressorts. Les rebonds et les block-shots ont toujours constitué sa spécialité. C’est pour cela qu’il a été engagé, à prix d’or: des clubs français intéressés n’ont pas pu s’aligner sur les conditions qui lui ont été offertes au Pays Noir. A force de s’entendre répéter, ces dernières années, que son équipe avait perdu le titre à cause de l’absence d’un véritable centre performant, EricSomme n’a reculé devant aucun sacrifice. Dès la période de préparation, en août, la plupart des spécialistes s’accordèrent à affirmer que le club carolo avait trouvé la pièce qu’il lui manquait. Et de fait: Charleroi est actuellement en tête du championnat et demeure le seul club belge engagé sur la scène européenne.

Pourtant, par moments, on a aperçu un André Riddick moins dominant que durant l’été. Le joueur le reconnaît: « Je ne peux pas me montrer entièrement satisfait de ce que j’ai montré jusqu’ici. J’avais l’habitude d’évoluer à un niveau supérieur: ma moyenne, ces deux dernières années en France, avoisinait les 11 points et 10 rebonds. Depuis que je suis à Charleroi, c’est tantôt plus, tantôt moins. Je n’ai pas été très régulier dans mes prestations. Après six mois, je devrais pourtant être familiarisé avec tous mes partenaires. Je connais mon rôle dans l’équipe. Peut-être ai-je du mal à comprendre que celui-ci soit parfois très spécifique. Dans mes clubs précédents, tout tournait autour de moi. Chez les Spirous, beaucoup de joueurs peuvent faire beaucoup de choses, et il faut que je m’adapte aux besoins de l’équipe. Je devrais parfois prendre davantage de responsabilités afin d’avoir un plus gros impact sur le jeu. En période de préparation, j’avais directement fait impression. Mais ce n’était que la période de préparation… »

Rien à voir avec les échéances qui se présentent maintenant. Hier, c’était le match aller des huitièmes de finale de la Coupe ULEB contre Badalona, avec retour mardi prochain. Samedi, ce sera la visite d’Ostende au Spiroudôme. Un classique du championnat, qui ne sera pas encore décisif mais qui, en cas de succès, permettrait aux Carolos de prendre une très sérieuse option sur la première place au terme de la saison régulière.

« Je découvre le championnat de Belgique », poursuit André Riddick. « Il m’apparaît parfois disproportionné. Charleroi est supérieur à Paris et à Dijon, où j’ai joué précédemment, mais on ne doit réellement se sortir les tripes que lorsqu’on affronte une équipe du top. La compétition française est plus relevée en profondeur: il y a davantage d’équipes qui peuvent prétendre jouer les premiers rôles. En Coupe ULEB, certains résultats comme les victoires à Lleida et à Zadar ont démontré que Charleroi possédait un réel potentiel. Une élimination précoce constituerait une déception. De ce point de vue, on regrettera éternellement la défaite contre Amsterdam qui nous a privé de la première place du groupe. A cause de ce faux pas, on doit se farcir la Joventut Badalona en huitièmes de finale. Si on ne passe pas, on remettra le couvert la saison prochaine. Toujours avec André Riddick? C’est une autre question. Mon contrat court jusqu’à la fin de la saison. L’an passé, lorsque j’avais informé certains amis que j’optais pour la Belgique, ils avaient répondu que je risquais de m’enterrer et que j’aurais du mal à rebondir. On verra bien… »

Un frère assassiné dans le métro

Père d’un petit garçon de deux ans et d’une petite fille de trois mois, André Riddick accorde beaucoup d’importance à la famille. Son calme et sa sérénité tranchent avec la violence du milieu où il a grandi. Son enfance à Brooklyn fut dramatique.

« Mon père est décédé alors que j’avais six ans. Lorsque j’en avais 13, mon frère aîné fut abattu à la sortie du métro, pour un bijou qu’il portait sur lui. Il avait 26 ans. Ma mère a dû s’occuper seule de mon éducation et de celle de mon autre frère ».

Pour André Riddick, le basket n’était pas un hobby. Simplement un moyen d’améliorer son existence. « Mon frère aîné était un très bon basketteur. J’ai suivi ses pas. Lors de mes débuts en High School, j’étais déjà très grand. Puis, j’ai progressé techniquement et j’ai appris à utiliser ma vitesse, mon timing et mon instinct face à des adversaires plus costauds que moi. Mes deux dernières années en High School furent très bonnes et j’ai attiré l’attention des recruteurs de l’université de Kentucky. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à apprécier le jeu. Réaliser un block-shot est devenu une jouissance. Je sentais que des joueurs n’osaient pas trop s’approcher de l’anneau en raison de ma présence. Un jour, j’ai réussi neuf block-shots contre LSU. J’ai aussi participé au Final Four de la NCAA à la Nouvelle Orléans, sans doute le plus grand moment de ma carrière. Moins glorieux: je me suis un jour retrouvé au coeur d’une bagarre mémorable avec RasheedWallace. Il m’a donné un coup de coude et j’ai réagi. New York se reflète dans mon style de jeu: je suis une tour, j’ai des bras tentaculaires et j’essaye de me montrer agressif. New York, c’est la jungle ».

Mais, c’est dans la campagne du Kentucky qu’il envisage de s’établir au terme de sa carrière: « Mon épouse est originaire de là, j’ai fait sa connaissance durant ma période universitaire. Au début, j’ai eu du mal à m’adapter au rythme de vie plus lent du cet Etat. Mais j’avais peut-être besoin de cette sérénité après les années agitées que j’avais vécues. Aujourd’hui, je suis habitué à une vie paisible. Comme celle que je mène en Europe. La NBA n’entre plus vraiment dans mes projets. Jadis, j’ai tenté ma chance lors d’un camp des Washington Wizards. Sans succès. J’en rêve encore parfois en voyant évoluer TimDuncan, mais je ne suis pas du genre à vivre avec des regrets ».

Daniel Devos

« Réaliser un block-shot est une jouissance »

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