© ZULTE WAREGEM - ANNICK VANDERSCHELDEN

MARRONE, UN BIANCONERO EN ROUGE ET VERT

Luca Marrone a choisi un prêt à Zulte Waregem pour relancer une carrière qui bat de l’aile. Agé de 26 ans, ce milieu de terrain italien a longtemps fait partie des meilleurs espoirs du football transalpin et espère encore faire partie de la Juve du futur.

Titulaire contre San Mauro et Melbourne City, entré en jeu contre Tottenham, South China et West Ham, sur le banc contre l’Espanyol. C’est le bilan personnel de Luca Marrone avec la Juventus cet été. Car oui, le natif de Turin a effectué toute la préparation estivale avec le quintuple champion d’Italie en titre. Signe que, malgré la multitude de prêts, la Vieille Dame continue de tenir en considération l’un des plus intéressants produits sortis de son centre de formation ces dernières années. Ce long apprentissage, Marrone l’a vécu aux côtés de l’Ivoirien Abdoulaye Bamba :  » Je suis arrivé à l’âge de 10 ans mais lui était déjà présent depuis quelques années. C’était et c’est un garçon humble, timide qui préfère parler avec les pieds.  » Les deux compères passent en revue toutes les catégories d’âge pour arriver jusqu’au dernier palier avant l’équipe première : la Primavera.  » Notre génération 90 est une des plus douées de l’histoire récente du club. Il y avait par exemple Ciro Immobile. On a beaucoup gagné et on était surclassé en évoluant avec les 88 et les 89 « , poursuit l’ancien défenseur de Dijon actuellement sans club. Parmi les trophées, deux tournois de Viareggio, une compétition référence chez les jeunes. Lors des finales 2009 et 2010, les U20 bianconeri infligent un 4-1 à leurs homologues de la Sampdoria puis un 4-2 à ceux de l’Empoli, avec à chaque fois le nouveau de l’Essevee à la baguette dans l’entrejeu. Des performances qui ne passent pas inaperçues auprès des dirigeants dont Ciro Ferrara, grand ancien de la maison, d’abord responsable du centre de formation, puis nommé entraîneur des pros au printemps 2009.  » Il nous connaissait déjà et venait souvent voir nos matches avec son staff afin de comprendre qui pouvait monter d’un cran. Luca était l’un des meilleurs, il faisait partie des jeunes Italiens qui pouvaient exploser et la Juve avait tout intérêt à le choyer « , témoigne son ancien coéquipier.

SOUS LES ORDRES DE CONTE

Dès l’intersaison 2009, Marrone est intégré au groupe de l’équipe A et fréquente les Buffon, Trezeguet et autres Del Piero. Mieux, il effectue ses débuts lors de la première journée de championnat entrant en jeu à la place de Tiago et écopant d’un jaune deux minutes plus tard. Le gamin a du caractère mais doit encore se montrer patient. Ainsi, il s’entraîne avec les grands et redescend le week-end pour disputer les matches avec les joueurs de son âge. Le tournant de sa carrière a lieu un an plus tard lorsqu’il est envoyé en prêt en Serie B, à Sienne. Un certain Antonio Conte vient de prendre les commandes du club toscan et l’utilise volontiers au cours d’une saison qui se finit par une promotion. Le jeune élément lui a tapé dans l’oeil, si bien que l’actuel entraîneur de Chelsea décide de l’intégrer à sa batterie de milieux de terrain lorsqu’il est nommé à la tête de la Vecchia Signora à l’été 2011.  » Luca est un 6 ou un 8. C’est l’école de la Juve. Un jeu physique, une solidité défensive et une science tactique. Mais c’est aussi un joueur technique capable de créer du jeu « , décortique Bamba. C’est le grand retour des Bianconeri en haut de l’affiche avec un scudetto remporté sans la moindre défaite. Marrone a peu d’opportunités mais les exploite à la perfection, à chaque fois contre l’Atalanta. A l’aller, il délivre une passe décisive tout en finesse pour Emanuele Giaccherini. Au retour, il inscrit son premier but mais choisit le pire match pour le faire. C’est la dernière journée de championnat et le légendaire Alessandro Del Pierofait ses adieux. Qu’importe, il s’affirme la saison suivante (2011-12) disputant 15 matches toutes compétitions confondues pour 13 titularisations. Surtout, il ajoute une corde à son arc, celle de défenseur central :  » J’étais le remplaçant attitré de Leonardo Bonucci. Je ne changeais pas mon style de jeu, je jouais juste quelques mètres en arrière, mais je me sens tout de même milieu de terrain « , confiait-il à la Gazzetta dello Sport il y a quelques mois.

DÉCISIF SUR PHASE ARRÊTÉE

Le Juventino pur-sang a beau être un peu sceptique, cette expérimentation est une réussite. Parallèlement, il devient un des piliers des U21 italiens dont il porte le brassard à l’EURO 2013. Avec 30 caps dans cette catégorie, il en intègre le Top 10 de tous les temps. Son palmarès, lui, se remplit, avec un second scudetto où il est cette fois protagoniste. Bref, tout lui sourit et on lui prédit – à l’unanimité – un avenir à la Bonucci ou Pirlo. Or, tout bascule il y a trois ans. Pour prendre une option sur le talent Domenico Berardi du promu Sassuolo, les dirigeants piémontais s’en servent de monnaie d’échange temporaire. Perspective d’un temps de jeu plus conséquent certes, mais courbe de progression brusquée, tandis que les problèmes musculaires s’en mêlent. De retour à Turin après une année relativement anonyme, il enchaîne sur une saison complètement blanche avant de repartir une nouvelle fois en prêt, à Carpi puis au Hellas Vérone, bon dernier et guidé par Gigi Delneri :  » Je l’avais croisé lorsque j’ai entraîné la Juve en 2010-2011, il avait participé au stage de pré-saison avec nous avant de partir à Sienne. Il m’avait marqué, j’avais suivi son évolution mais j’ai retrouvé un joueur fragilisé mentalement à force d’être trimballé à droite à gauche.  » Malgré tout, le technicien expérimenté n’hésite pas à miser dessus :  » C’est un joueur linéaire, très bon dans les duels et qui sait où se placer sur le terrain. Je le comparerais à un De Rossi lui aussi capable de reculer d’un cran et de ressortir proprement balle au pied ou avec le jeu long.  » Dès son deuxième match sous ses nouvelles couleurs, Marrone offre trois passes décisives sur coups de pied arrêtés :  » A force d’avoir étudié Del Piero et Pirlo à l’entraînement…il suffisait de les regarder pour m’améliorer « , révélait-il dans le journal rose tout en prenant soin d’ajouter des précisions sur son profil très complet :  » J’aime bien évoluer devant la défense, dans un milieu à trois ou alors à deux avec dans ce cas plus de liberté pour m’avancer. Me projeter vers l’avant sans ballon à la recherche du but fait partie des choses que je sais faire, mais je dois plus le montrer.  »

La situation du club véronais est désespérée et la relégation inévitable, mais durant ces six mois, Luca trouve enfin la continuité qui lui manquait :  » C’est ce dont il a besoin, c’est un garçon bien élevé et sérieux qui a tout pour bien faire « , souligne son dernier entraîneur en Italie, loin de s’imaginer qu’il allait atterrir en Belgique. C’est aussi le cas d’Abdoulaye Bamba qui l’a croisé à Turin cet été :  » Il était en attente de trouver un club, je ne pensais pas que ce serait Zulte Waregem.  » Effectivement, Palerme et Empoli étaient intéressés tout comme Malaga et Leganés. Ce sera ni la Serie A, ni la Liga mais la Jupiler Pro League :  » Il n’est pas abattu. Il a encore trois ans de contrat avec la Juve et a le temps de se relancer afin de revenir s’y imposer car il connaît tout le monde et a les qualités nécessaires. Luca a bien fait de ne pas négliger cette opportunité « , conclut son ami. Et quoi de mieux qu’un Marrone au stade Arc-en-ciel ?

PAR VALENTIN PAULUZZI – PHOTO ZULTE WAREGEM – ANNICK VANDERSCHELDEN

 » A force d’avoir étudié Del Piero et Pirlo à l’entraînement… il suffisait de les regarder pour m’améliorer  » – LUCA MARRONE

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