Marre du LARD

Les Lainiers et Ronald Foguenne ont eu du fil à retordre pour émerger de leur série mais ils retrouvent la D3.

Descendu de D3 en Promotion au terme de la saison 2002-2003, le RCS Verviers est de retour en D3 : il a décroché le titre de Promotion D en devançant Montegnée d’un petit point au classement final.

RonaldFoguenne (34 ans, ex-FC Liège, Seraing, La Gantoise, Standard, La Gantoise encore et enfin Charleroi) a tout vécu.  » Je suis arrivé à Verviers en mars 2003 « , se souvient-il.  » Après mes déboires carolorégiens, où j’avais été licencié pour faute grave, j’estimais que le football professionnel était terminé pour moi. ( NDLR : onluireprochad’avoirséchédesentraînements, alorsqu’ilétait àl’hôpitalpoursefairesoigner ; leprocèsesttoujoursencours. ) Je me suis retrouvé au chômage et BenoîtThans m’a tendu la perche. Je l’ai saisie, tout en sachant que le club n’avait encore engrangé que six ou sept points, et que la descente en Promotion était déjà quasiment acquise. Dans la foulée, j’ai obtenu un boulot à l’échevinat des Sports de la Ville de Verviers. Je m’occupe des infrastructures sportives, c’est tout à fait dans mon domaine. La première saison en Promotion ne fut pas très heureuse. Le club s’est maintenu avec beaucoup de difficultés, et personnellement, je me suis retrouvé sur la touche pendant quatre ou cinq mois. Je m’étais blessé bêtement, pendant l’été, en participant à un tournoi de… beach soccer. J’ai joué 12 minutes et on ne m’y reprendra plus. Jouer pieds nus, c’est très dangereux. J’ai frappé dans le talon d’un autre joueur et j’ai eu très mal. Cette saison-ci fut beaucoup plus heureuse. J’ai été relativement épargné par les blessures et l’équipe a réalisé un très beau championnat. On a finalement émergé, mais on a eu des sueurs froides jusqu’au bout. Un point séparait le CS Verviers de Montegnée, avant la dernière journée de championnat. On devait jouer au Lorrain Arlon et Montegnée se déplaçait à Bercheux. Au repos, on pensait être à l’aise : c’était 2-2 à Arlon et Montegnée était mené 2-0. Mais les Liégeois ont alors entamé une folle remontée : de 2-0, ils sont passés à 2-4. Heureusement, on est parvenu à s’imposer 2-3 à Arlon.

Ce qui a fait la différence sur l’ensemble de la compétition ? L’état d’esprit du groupe. D’autres équipes, comme Montegnée, Couillet et même Spa, pratiquaient un meilleur football, mais au niveau de l’état d’esprit, nos adversaires ne nous arrivaient pas à la cheville. Des jeunes joueurs ont explosé, comme le défenseur NicolasBirti, le médian FlorianLimbourg ou l’attaquant KevinRaets. Le gardien PascalJacquemin, qui avait la lourde tâche de succéder à JeanFrançoisLecomte, a pris beaucoup de points. Les joueurs les plus chevronnés ont essayé de tirer le groupe, mais c’était tantôt l’un, tantôt l’autre. Je m’en voudrais de sortir trop d’individualités du lot, car on a puisé notre force dans le collectif. Hormis Bruges en D1 (après 30 journées) nous avons la meilleure défense de toutes les divisions nationales : 21 buts encaissés. C’est aussi significatif d’un état d’esprit : on a défendu en groupe « .

Une restructuration profonde

Après une fusion et un déménagement à Dison (sous l’appellation de REDV, Royale Entente Dison-Verviers), le club est redevenu depuis trois ans le RCS Verviers et a retrouvé ses couleurs vert et blanc. Il joue désormais à Bielmont, l’ancien stade de la SRU Verviers, et s’entraîne au Panorama. Les joueurs portent un maillot à rayures horizontales qui rappelle celui du Celtic Glasgow.  » On avait joué exceptionnellement avec ce maillot-là lors d’un match de Coupe de Belgique contre La Louvière, en 2003, et tout le monde l’avait trouvé très beau. Depuis lors, on l’a gardé « .

Dans toute la restructuration du club, Benoît Thans a joué û et joue toujours û un rôle très important.  » Il était arrivé au club trois mois avant moi, à la demande du bourgmestre ClaudeDezama, comme élément de liaison entre le club et la Ville « , se souvient Ronald Foguenne.  » D’emblée, il s’est attelé à donner un grand coup de balai : certains joueurs et dirigeants qui, selon lui, n’avaient plus leur place, ont été priés de prendre la porte. Son travail n’a pas tardé à porter ses fruits : aujourd’hui, l’école des jeunes a pratiquement doublé sa capacité, les infrastructures se sont améliorées (un terrain synthétique a été aménagé) et le club remonte en D3. Financièrement, le club commence à respirer également. Tant mieux si le club revit, car une ville comme Verviers, qui compte 55.000 habitants, mérite d’avoir au moins une équipe en D3 « .

Depuis un an, Thans entraîne l’équipe bien qu’il n’ait pas un contrat d’entraîneur.  » C’était aussi l’un des souhaits du bourgmestre. Benoît a directement compris pourquoi cela n’avait pas marché la saison dernière : il y avait trop d’écart entre les chevronnés du groupe et les autres. Il s’est attelé à créer une véritable osmose et on a vu le résultat. J’ai dû attendre d’avoir bientôt 35 ans pour fêter mon premier titre de champion, mais ma patience a été récompensée. Je suis content de retrouver la D3. D’abandonner, aussi, cette Promotion où trop de joueurs essaient de compenser leurs lacunes techniques par un engagement parfois à la limite du tolérable. A l’étage supérieur, on joue beaucoup mieux au football et les infrastructures sont de meilleure qualité. Se farcir deux heures de car pour se faire rentrer dans le lard à longueur de match, cela n’a rien d’agréable. Je me souviens d’un match où mon adversaire direct n’avait qu’une seule mission : me suivre, où que j’aille. Même lorsque son équipe était en possession du ballon, il marchait à côté de moi « .

Vivre une saison tranquille en D3

Et en D3, que peut-on espérer ?  » DidierErnst va nous rejoindre. Peut-être ThomasNelis, de La Calamine, également. Ce seraient deux renforts de choix, qui devraient nous permettre de vivre une saison tranquille, comme l’a vécue La Calamine cette année-ci. Après, lorsque les jeunes se seront davantage épanouis, on pourra éventuellement viser plus haut « .

Mais sans doute, alors, sans Ronald Foguenne. Sa carrière, un peu ternie par de trop nombreuses blessures, arrive progressivement à son terme.  » J’aurais préféré prendre congé du football professionnel d’une autre manière. Ce qui s’est passé à Charleroi me reste toujours en travers de la gorge, et je ne suis pas près de le pardonner à certaines personnes. Mais je préfère retenir les bons souvenirs. Comme les deux matches disputés avec le FC Liège contre la Juventus, ou mon excellent début de saison au Standard, qui m’avait valu deux sélections chez les Diables Rouges (contre l’Allemagne pour l’inauguration du stade Roi Baudouin et contre le Danemark en éliminatoires de l’EURO 1996). Et aussi, le hat-trick signé sous le maillot de La Gantoise, contre Courtrai, trois jours après la naissance de mon premier fils Loïc « .

Daniel Devos

 » D’autres équipes pratiquaient un meilleur football, mais au niveau de l’état d’esprit, ELLES NE NOUS ARRIVAIENT PAS à LA CHEVILLE « 

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