MARRE DES RACLÉES

Découverte du nouveau gardien des Hurlus. Peu connu au sud du pays, il a laissé une bonne impression jusqu’ici.

Dans les dernières heures de la période des transferts, l’Excelsior Mouscron décidait de laisser partir Patrice Luzi à Charleroi. Pour moins de 100.000 euros, a confirmé le président Edward Van Daele, ce qui est peu pour un gardien de cette valeur mais comme les Hurlus voulaient se séparer du portier corse avant la fermeture du mercato, c’est Charleroi qui a fixé le prix. Christophe Martin, titulaire depuis le début de la saison, pensait sans doute alors s’être définitivement approprié le poste de n°1. Mais, depuis début septembre, c’est le nouveau venu Mark Volders qui défend les buts du club frontalier. A 29 ans, il estime posséder encore de belles années devant lui et ne pas avoir tiré le maximum de sa carrière jusqu’à présent. Découverte d’un homme qu’on connaît peu dans la partie francophone du pays mais qui, depuis son intronisation entre les perches, a donné certains gages de sécurité.

Vous étiez sur le point de signer avec le Sparta Rotterdam lorsque Mouscron s’est présenté. Vous avez alors préféré le Hainaut Occidental aux Pays-Bas. Est-ce bien résumé ?

MarkVolders : Mon agent avait un très bon contact avec l’entraîneur du Sparta Rotterdam, Wiljan Vloet. Celui-ci cherchait un gardien et était intéressé : il m’a d’ailleurs invité à venir m’entraîner avec le groupe. Je suis resté deux semaines à Rotterdam, mais pour pouvoir m’engager, il fallait d’abord vendre l’attaquant Ivan Cvetkov. Cela a traîné. Un jour, Mouscron s’est présenté. Je n’ai pas hésité. J’avais appris que Patrice Luzi allait partir à Charleroi, pour y remplacer Bertrand Laquait. J’en ai informé Wiljan Vloet, qui était déçu mais a compris ma décision. De mon côté, je ne regrette pas mon choix. A l’époque où je venais au Canonnier comme adversaire, j’avais toujours été impressionné par l’ambiance. Cela me tentait de vivre cela de l’intérieur.

Le club que vous avez découvert correspond-il à l’image que vous en aviez ?

Pas à 100 %, mais en grande partie, oui. Les supporters sont chaleureux, l’ambiance dans le groupe est bonne et les gens ont le c£ur sur la main. J’ai aussi la conviction qu’on peut réaliser un bon championnat. Par contre, je me souviens que lorsque je venais au Canonnier avec Lommel, il y avait toujours beaucoup de monde. On craignait ce déplacement et on se préparait toujours à vivre une rencontre difficile. Cette saison, il y avait du monde contre Anderlecht, beaucoup moins contre Saint-Trond : c’est un peu décevant. Pour un Flamand, ce n’est pas évident de se faire une idée exacte de la réalité wallonne. Avant le derby à Mons, je pensais aussi que le stade allait être plein et l’ambiance, surchauffée. On était loin du compte. L’ambiance au Canonnier reste bon enfant, cependant : les supporters encouragent et ne critiquent pas. C’est très agréable pour un joueur.

Rivalité sportive avec Copa

On se souvient que vous avez joué à Lommel et à Beveren, mais d’où êtes-vous originaire ?

Je suis originaire de Diest, dans le Brabant flamand. Jadis, j’ai encore affronté Mouscron avec Diest dans le cadre du championnat de D2. Cela remonte évidemment à plus de dix ans. Lorsque Diest est descendu en D3, je suis parti à Genk, puis à Lommel où j’ai vécu la faillite du club. Un moment difficile à vivre : je me suis retrouvé sans club, avant de trouver de l’embauche pour quatre mois à Geel et puis, Beveren est venu me chercher. J’en suis reconnaissant, car j’ai été sorti du trou. Tout le monde m’avait mis en garde : – AvecBarryCopa, tun’asaucunechancedejouer ! Mais cela ne m’a pas découragé : j’ai travaillé, et lorsque le gardien ivoirien s’est blessé, j’ai reçu ma chance. Je pense l’avoir saisie, notamment lors de certains matches de Coupe de l’UEFA et en particulier celui au Levski Sofia, où nous avons obtenu le droit de participer aux poules. Lorsque Copa s’est rétabli, Herman Helleputte a été confronté à un dilemme : qui devait-il aligner ? Dans un premier temps, il m’a maintenu sa confiance, et tant Copa que les autres joueurs ivoiriens l’ont très bien accepté. Puis est arrivé le match contre Stuttgart. Helleputte a alors fait son choix : Copa redevenait numéro 1. Jusqu’à ce qu’il se blesse à nouveau. Je n’ai jamais eu de problèmes avec Copa. Aujourd’hui encore, nous demeurons en contact. C’est un garçon très sympathique et, en plus, un excellent gardien. C’est un félin, doté d’une détente phénoménale, que l’on ne retrouve chez aucun gardien belge. Personnellement, j’essayais de compenser mon manque de souplesse par d’autres qualités. Il y avait une rivalité sportive entre nous, mais jamais d’accrochage en dehors du terrain. On se respectait. Certains se demandaient si cela ne me posait pas de problèmes de jouer dans cette équipe à majorité ivoirienne. Effectivement, j’avais parfois l’impression d’évoluer dans une équipe étrangère, mais mes coéquipiers africains étaient tous très chouettes. La mentalité est un peu différente : ils sont plus relax et la ponctualité n’est pas importante, mais le c£ur était là. Je me suis mis dans la peau d’un Ivoirien, j’ai essayé de comprendre leur mentalité et tout s’est très bien passé. Je ne garde que de bons souvenirs de cette période. Il n’y avait que quatre Belges dans l’équipe, ce qui nous valait d’avoir des liens très forts avec les supporters. Cela aussi, c’était très agréable.

Catastrophe sportive aux Pays-Bas

La saison dernière, vous avez joué à RBC Roosendael, aux Pays-Bas.

Après cette bonne saison à Beveren, j’ai reçu plusieurs propositions. Mais je vivais toujours avec le spectre des problèmes financiers rencontrés à Lommel et je voulais trouver un club stable. Roosendael me paraissait correspondre à ce critère. Malheureusement, sur le plan sportif, on a vécu une saison catastrophique. On a terminé le championnat à la dernière place, avec 14 points à peine, alors qu’individuellement, il y avait de très bons joueurs dans le groupe. Tim Smolders, aujourd’hui à Charleroi, et Sidney Lammens désormais à Ostende faisaient partie du lot. On doit être heureux d’avoir retrouvé une équipe après ce que l’on a vécu là-bas. A Noël, on ne comptabilisait que quatre points. On n’avait gagné qu’un seul match. Tout le monde se moquait de nous. Au vu des résultats de l’équipe, on pouvait s’attendre à perdre beaucoup de crédit. Certains se sont, heureusement, souvenus de nos prestations antérieures.

Connaissant l’état d’esprit offensif des Néerlandais, on peut supposer que malgré la faiblesse de l’équipe, ils ont continué à se ruer à l’attaque et que vous étiez souvent livré à vous-même, en tant que gardien ?

Je me suis, effectivement, souvent retrouvé seul face à un attaquant adverse. Que dis-je ? Face à trois attaquants adverses ! J’ai été, souvent, fusillé à bout portant. En Belgique, lorsqu’une équipe est inférieure à son adversaire, elle se bat et prend des dispositions au niveau défensif, mais aux Pays-Bas, pas du tout. On avait même une furieuse tendance à baisser les bras. Lorsqu’on se déplaçait, on partait souvent battus d’avance. Ce n’était pas très agréable. Certains me répétaient que je n’avais rien à me reprocher, que les buts encaissés étaient inévitables, mais lorsqu’on prend autant de raclées, on ne peut pas être satisfait.

Comment expliquez-vous qu’autant de joueurs belges, pas nécessairement très bien cotés en Belgique, trouvent chaussure à leur pied aux Pays-Bas ?

Je crois que les Néerlandais ont une plus haute estime des Belges, que les Belges d’eux-mêmes. Aux Pays-Bas, on est respecté, et je l’ai encore ressenti même après cette saison catastrophique.

Libre en cas de descente en D2

Vous vous êtes pourtant retrouvé sans club ?

En fait, j’avais encore une année de contrat au RBC mais une clause stipulait que je pouvais être libéré de mes obligations si le club descendait. J’ai été honnête avec mon employeur : je lui ai directement signifié que la D2 néerlandaise ne m’intéressait pas. Je savais que je n’allais pas recevoir une masse de propositions mirobolantes, mais j’ai attendu. Avec le dénouement que vous connaissez.

En arrivant à Mouscron, avez-vous eu des garanties d’être le gardien numéro 1 ?

Non, aucun entraîneur ne peut se permettre ce genre de garanties, mais j’avais malgré tout le sentiment qu’on attendait beaucoup de moi.

Avec Demba Ba, on avait l’impression que Mouscron pouvait aborder les matches avec l’ambition d’inscrire un but de plus que l’adversaire. Depuis sa blessure, l’Excel doit plutôt se reposer sur sa défense et essayer, lorsque l’occasion se présente, de faire la différence comme il l’a fait contre Saint-Trond. Votre rôle est donc important.

C’est vrai, mais Alioune Kebe a laissé entrevoir de bonnes choses. Il pourrait se révéler un bon complément d’Adnan Custovic, comme l’était Demba Ba. Par ailleurs, il y a à la fois du talent et une bonne mentalité dans le groupe. C’est important, car l’un sans l’autre, cela ne va pas. Si je suis optimiste, il faudrait, cependant, que certains joueurs prennent eux-mêmes conscience de leur potentiel. Avant le déplacement au Germinal Beerschot, je percevais certaines craintes dans le vestiaire. J’entendais déjà : – Cela va être difficile là-bas ! C’est vrai que le match s’annonçait difficile, un déplacement au Kiel n’est facile pour personne, même pas pour des équipes plus huppées que Mouscron, mais ce n’est pas une raison pour ne pas croire en ses chances. Je constate aussi un manque de concentration lors des premières minutes de chaque mi-temps. Cela m’était déjà apparu lors du match amical face au Stade de Reims – le premier match que j’ai disputé sous le maillot des Hurlus – et cela s’est confirmé lors du déplacement à Mons, où l’on a encaissé très tôt. C’est une autre lacune à laquelle il faudra remédier. Hormis ce bémol, je trouve qu’on a de très bons joueurs. Y compris en défense. Il y a de la technique, de l’expérience… et l’un ou l’autre jeune qui remplissent parfaitement leur rôle. Mais vous avez raison : dans la situation actuelle, il est important de ne pas encaisser car on inscrira difficilement trois ou quatre buts,

Quel type de gardien êtes-vous ?

Je préfère laisser mes entraîneurs s’exprimer. Disons que je n’ai pas de gros point fort, mais pas de gros point faible. Complet ? C’est peut-être un grand mot. A Diest, j’ai longtemps travaillé avec Jos Beckx, qui s’occupe aujourd’hui des gardiens du Lierse. J’apprécie les portiers qui allient sobriété et efficacité. Le style de Stijn Stijnen à Bruges ou de Daniel Zitka à Anderlecht. Sans vouloir me comparer à eux au niveau de la qualité, je crois que j’ai un peu le même comportement.

DANIEL DEVOS

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