Marre de la défense à 4 en zone politiquement correcte !

Standard-Arsenal 3-1. Zagreb-Anderlecht 0-3. Alkmaar-Standard 4-2. Anderlecht-Ajax, 5-2… Ce ne sont pas les scores que j’aurais vécu via rêves ou cauchemars, non : ce sont chaque fois les Belges alignés au coup d’envoi, ils oscillent de 3 à 7 sur 22 joueurs. C’est peu, au point qu’un copain peu footeux se demandait quel curieux homme j’étais pour souhaiter une victoire mauve à Zagreb… ou une victoire rouge à AZ qui, au coup d’envoi, battait le Standard par 4 Belges à 2 ! La réponse est pourtant simple. Nous préférons ceux qui nous sont proches, dont on nous parle dans notre langue, dont nous connaissons faits, gestes et cancans : nous préférons nos voisins, et ça a peu à voir avec leur immatriculation d’origine. LE corollaire bête étant que nous aimons moins, voire appréhendons davantage, ceux qui nous sont moins proches : dans ce petit méchant de Petit Robert, le mot chauvin renvoie hélas notamment au mot xénophobe (littéralement, qui craint ce qui est étranger), faut y réfléchir… Ah oui, j’oubliais les résultats belges de nos amis flamands plus éloignés : Bruges-Donetsk, 6-0. Toulouse-Bruges, 0-7 !

J’apprécie aussi qu’Anderlecht ait réussi son début d’Europa League, pour un motif qui n’a rien à voir avec du chauvinisme : j’ai hurlé – Enfin ! en voyant qu’ Ariel Jacobs avait osé opter deux fois pour une défense à cinq, par opposition à ce qu’on appelle couramment défense à quatre en zone ! Pas parce que je serais intimement convaincu de la supériorité tactique de la première, pas du tout : mais parce que y’en a marre et marre, dans le foot contemporain, de ne quasi plus voir que la seconde ! Ras-le-bol de toutes les défenses du monde clonées les unes sur les autres : deux centraux, de préférence un gaucher gardant la gauche et un droitier gardant la droite, et qui se repassent la baballe jusqu’au moment où ils remisent 15m plus haut pour leur latéral ou le médian défensif ! Après re-conquête du ballon, toutes les reconstructions sont désormais réamorcées de cette façon, comme si venait enfin d’être révélée LA vérité du foot, partout applicable ! Pire, la défense dite à quatre en zone est même devenue, quelle horreur, politiquement correcte comme on dit aujourd’hui, seule façon acceptable de s’exprimer footballistiquement : au point que ne pas l’adopter, c’est passer pour demeuré, rétrograde, défensif, supporter de la défaite, aliénant…

Quand tout le monde se met à faire la même chose, ça devient suspect. L’actuelle défense à quatre est une mode comme une autre, elle passera comme une autre, c’est le balancier de l’histoire footeuse qui vous le dit. Un jour reviendra où telle équipe s’avérera séduisante au top et accumulera les succès avec de nouveau, Lustucru, un véritable libero… comme Victor Bernardez le fut fréquemment lors de ses deux matches européens ! Alors, les couvreurs refleuriront, pour un temps, sur les pelouses du monde… Mais la seule vérité est celle du score final, et des qualités individuelles des joueurs à ta disposition pour que ce foutu score penche en ta faveur !

D’ailleurs, la défense à quatre porte mal son nom. C’est une défense à deux, par rapport à celle de Jacobs contre Ajax qui fut défense à trois : ça veut grosso modo dire que, selon le choix, deux ou trois des dix gars du champ montent la garde en permanence devant leur gardien. Va-t-en savoir si tu es plus défensif lorsque tu en choisis trois,… tout dépend de ce que vont réussir les sept autres ! Le dispositif en vogue du moment, le dénommé 4-2-3-1, amène deux constats. Un, nous sommes plus tatillons aujourd’hui en citant 4 chiffres pour 4 lignes, au lieu de 3 hier : ça ne change pas le foot, ça n’en change que la description ! Deux, cela devrait plutôt s’appeler 2-4-3-1, puisque seulement deux gars sont systématiquement derrière, et un seul devant systématiquement ; les deux autres lignes étant celle des défensifs qui peuvent monter au cas où, et celle des offensifs qui doivent descendre au cas où… Car faut jamais oublier qu’il y a un adversaire.l

par bernard jeunejean

« Enfin, Ariel Jacobs a osé opter deux fois pour une défense à cinq… »

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