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MARKOVITE

Si le terne Mouscron du début de saison a fait parler de lui, c’est surtout grâce à Filip Markovic. Un ailier qui a démarré plus vite que les autres pour attraper le premier Taureau d’or de la saison.

Dans tous les clubs du monde, on aime les attaquants qui marquent des buts. Mais il y a tellement de façons de marquer que l’histoire d’un stade fait parfois battre les coeurs des tribunes pour un profil bien spécifique. À Mouscron, le Canonnier aime quand tout va très vite. Les Hurlus se souviennent que leur installation aux cimes de la D1 s’était faite grâce aux appels en profondeur incessants de Mbo et Emile Mpenza. Au moment de leur retour parmi l’élite, voici deux ans, c’était au tour d’Abdoulay Diaby de prendre les défenses belges de vitesse pour boucler le premier tour en tête du classement des buteurs avant de faire ses valises pour Lille.

Alors, quand Filip Markovic débarque au Canonnier en début de saison passée, l’ailier serbe trouve directement les mots qui marquent :  » Mon point fort, c’est ma vitesse.  » Un auto-portrait confirmé du côté de Saint-Trond, dont la défense a été traumatisée par le virevoltant Serbe voici quelques semaines :  » Il a une grande qualité en un-contre-un et une pointe de vitesse redoutable « , confie un membre du staff trudonnaire. Une palette toujours intéressante, à laquelle le frère aîné de Lazar (l’ailier prêté par Liverpool au Sporting Clube Portugal) a décidé d’ajouter des buts depuis le début de saison.

LE DÉCLIC MAUVE

 » On doit se méfier de Markovic, qui est toujours capable de réaliser quelque chose « , prévient Felice Mazzù en conférence de presse avant le déplacement de ses Zèbres à Mouscron. Quelques jours plus tôt, le Serbe a signé son premier but de la saison d’une improbable demi-volée propulsée dans la lucarne d’un Davy Roef impuissant. Mis en confiance par cette frappe supersonique, Filip a transformé son irrégularité en atout, devenant capable de changer le rythme du match à chacune de ses touches de balle.

Installé sur le flanc droit la saison dernière, Markovic doit attendre plusieurs mois pour trouver une première fois le chemin des filets. C’est finalement sur la pelouse de Malines qu’il débloque son compteur, dans un style qui deviendra rapidement sa marque de fabrique : une course axiale après une passe en profondeur de MarkoScepovic, un défenseur adverse pris de vitesse et une touche de balle subtile pour tromper Jean-François Gillet.

Sa première saison belge se conclut à quatre buts, dans les standards du début de sa carrière (il n’a jamais marqué plus de cinq fois en une saison). À chaque fois, il ne lui faut qu’une touche de balle pour pousser la balle au fond. Comme si tous les autres gestes étaient superflus quand votre pointe de vitesse vous permet toujours d’arriver le premier sur le ballon.

Filip ne marque alors qu’à l’extérieur, dans ces situations où Mouscron se retranche devant son rectangle et mise sur les contres pour respirer. Avec un Anice Badri retrouvé, il devient alors l’arme principale des Hurlus, dont les offensives sont dépendantes d’exploits individuels. Les dribbles d’Anice et les sprints de Markovic sont les atouts d’un club qui s’offre, contre toute attente, un bail supplémentaire en première division.

CONFIANCE ET AUDACE

Glen De Boeck, qui a trouvé la bonne façon de motiver son Serbe après des débuts relationnels difficiles, tente alors plusieurs expériences, installant notamment Markovic en pointe pour profiter de cette vitesse dont raffole le coach des Mouscronnois. Mais là, privé de cette profondeur qu’il aime tant, Filip s’éparpille dans des courses sans limites ni idées. Comme si la ligne de touche le canalisait naturellement.  » Je préfère jouer sur le flanc, ça me permet d’être plus concerné par le jeu « , confie celui qui a endossé le numéro 7 et s’est rapidement paré du Taureau d’or cette saison.

Pour étoffer le registre d’un homme qui ne marque qu’en contre, De Boeck décide donc de l’installer sur le flanc gauche. À l’entraînement, les Mouscronnois ont remarqué que Markovic était capable de réaliser les mêmes gestes techniques qu’Anice Badri, et que la confiance acquise suite à ce but d’extraterrestre contre Anderlecht devrait enfin lui permettre de les reproduire en match.

Souvent positionné comme ailier gauche face à Saint-Trond, le Serbe traumatise le pauvre Djéné et multiplie les dribbles, les centres au cordeau et les courses balle au pied, pour finir la rencontre avec un but et une passe décisive au compteur. Face à Lokeren, c’est à nouveau cette position côté gauche qui lui permet d’inscrire son quatrième but de la saison : contrôle, décalage intérieur vers son pied droit et ballon enroulé au second poteau, hors de portée de BarryCopa.

Le registre s’est étoffé avec la confiance puisque, pour la deuxième fois de la saison, Markovic marque après plusieurs contacts avec la balle. À Ostende, c’est grâce à son flair et sa vitesse qu’il avait anticipé une erreur de Sébastien Siani pour déborder Silvio Proto et pousser le ballon dans le but vide. Mais, cette fois, sa vitesse n’y est presque pour rien. La palette du Serbe s’est élargie, pour le rendre encore plus imprévisible et, sans doute, lui permettre d’atteindre ses objectifs de la saison, lui qui a avoué vouloir  » marquer entre sept et dix buts.  »

LA VIEILLE RECETTE HURLUE

Filip Markovic pourrait-il devenir, à terme, le premier transfert sortant rémunérateur des nouveaux actionnaires de l’Excel ? Pour l’instant, les caisses se sont remplies grâce aux départs de Julian Michel ou de Noë Dussenne, arrivés au Canonnier avant les nouveaux investisseurs.

Mouscron compte donc sans doute sur le Serbe pour lancer une nouvelle tendance. Pourtant, les ingrédients de Markovic sont aussi vieux qu’un livre de recettes offert par une grand-mère : un ailier qui va vite, qui peut dribbler son vis-à-vis entre cinq et dix fois par match et qui fait de plus en plus souvent les bons choix une fois qu’il s’est dégagé la vue.

Le genre de joueur redoutable dans les espaces dont la Belgique raffole. Les Mpenza et Diaby sont là pour le rappeler : ces profils n’ont jamais mis très longtemps avant de quitter le Canonnier.

PAR GUILLAUME GAUTIER – PHOTO BELGAIMAGE

Alors qu’il ne misait que sur sa vitesse, le registre de Markovic s’est étoffé cette saison.

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