MARKETING D’ENFER !

Mercredi dernier, j’ai mis au frigo le 0/6 des Rouches en ce début de championnat, ainsi que l’indécrottable côté gare de triage du club (j’arrive/tu pars, t’achètes/je vends, bonjour/au revoir…), et je me suis calé dans mon fauteuil pour découvrir, face au Steaua Bucarest, le visage du Standard en août 2006. J’ai allumé la télé juste au moment où Frans Masson, scout toujours, présentait les Roumains. Et il achevait d’en évoquer un par ces termes :  » Ce gars-là, comme on dit, il a de la coupure  » !

Wouaw, j’ai précieusement noté l’expression dans mon dico perso, je n’avais JAMAIS entendu dire ça… et je n’ai pas saisi la signification ! Frans, file-moi une définition claire par e-mail, je sens que le foot devient vachement tactique et moi vachement déconnecté.

Venons-en au match. Mon verdict ? Pas de verdict, ça ne se fait pas en n’ayant vu l’équipe qu’une fois. Alors, une impression ? Mi-figue derrière et mi-raisin devant ! Défensivement, ça sentait trop le gruyère et les garçonnets. Par contre, les quatre de devant jaillissaient chouette lors des raids offensifs ! Milan Jovanovic a un côté bulldozer éminemment sympathique. Steven Defour adore toréer l’opposant direct. Milan Rapaic, centreur banane hors pair et pourri de classe sur balles arrêtées, paraît moins pourri tout court que l’an dernier et semble moins souvent s’arrêter. Quant à Ricardo Sa Pinto, que je craignais de retrouver valétudinaire, je l’ai redécouvert leader charismatique : si ses vieux genoux ne virent pas en compote, peu d’attaquants de notre championnat seront à la hauteur de ce gars, à la fois capable de buter et de réguler le jeu offensif. Tout ceci n’empêchant pas que, pour mercredi prochain à Bucarest, ce soit davantage mal barré que bien barré… A moins que Rapaic ne tue le match en crucifiant le gardien sur trois tirs en feuille morte ! Ha ! Ha ! Ha ! Tu vois, Frans, moi aussi je connais des expressions footeuses.

Justement, à propos de mort et de foot, faut-il être atterré par les enterrements programmés à Hambourg dans un futur proche ? ! Le HSV de Vincent Kompany va investir 70.000 euros pour construire, à 15 mètres de l’entrée principale du stade, un cimetière réservé à ses supporters. L’urne funéraire y sera à 2.500 euros, la tombe perso à 8.000 euros. Y’aura aussi la tombe pour deux à 12.500 euros, rendez-vous compte : si bobonne ne vient pas coucher avec, son homme sera seul au foot POUR L’ÉTERNITÉ ! Et surtout, faites le compte du bénéfice, bien supérieur au flop des boxons du Mondial : le cimetière comptera 500 places et la concession durera 25 ans…

C’était dans l’air du temps. A Everton, des cendres de supporters avaient déjà été dispersées autour du terrain de Goodison Park. L’an dernier à Reading, les dirigeants s’étaient acoquinés avec une entreprise de pompes funèbres pour percevoir 10 % sur la vente (à 750 euros) de cercueils aux couleurs du club. A chaque supporter passant l’arme à gauche, hop, 3000 balles pour acheter des joueurs : ça a marché, Reading vient d’accéder à la Premiership pour la première fois de son histoire !

D’accord, faut tout respecter. Il existe une minorité d’âmes simples, de supporters absolus ne vivant que pour leur club, pas tout à fait prêts à mourir pour lui mais presque, et en tout cas prêts à garder ce lien par-delà la mort. Okay. De là à approuver qu’on fasse du marketing avec cet amour, il y a la distance entre respect et circonspection. Tant qu’à faire, à ce prix-là qui vaut un abonnement, si c’est pour enterrer les fanas morts juste à côté du stade, pourquoi diable les planquer à l’écart de la pelouse, du match, de leurs idoles, de cette atmosphère vénérée par-dessus tout ?

Déjà qu’ils ne pourront plus voir l’équipe en déplacement, qu’au moins ils continuent de la suivre à domicile, non ? A Hambourg et ailleurs, je verrais très bien la tribune des trépassés côtoyer celle du noyau dur : le noyau dur mettrait une ambiance à réveiller les morts, et les morts seraient tout contents ; en échange, les morts rappelleraient au noyau dur de ne pas déconner trop dur, vu que tout le monde est poussière et retourne en poussière. Ouais. Ça, ce serait déjà mieux, faut dire à Kompany de le dire à ses dirigeants. Lesquels, de toutes façons, ne l’emporteront pas au paradis.

par bernard jeunejean

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire