Mario Gomez n’égalera jamais Gerd Müller

Ils ont des choses en commun mais tant d’atouts différents : Mario Gomez (26 ans) et Gerd Müller (66 ans). Ces buteurs ont une place à part dans l’histoire du Bayern Munich et de l’équipe nationale allemande. Mais Gomez n’égalera jamais Müller car c’est impossible. J’ai entendu parler pour la première fois de Müller au beau milieu des années 60. A cette époque, l’Allemagne cherche un successeur à un de ses buteurs de légende : Uwe Seeler. La solution vient de Bavière où le Bayern accède à la Bundesliga en 1965-1966. Cette saison-là, ce club gagne la Coupe d’Allemagne avec l’apport de jeunes comme le gardien de but Sepp Maier, Franz Beckenbauer ou Müller. Beckenbauer, une des stars de la World Cup 66, est déjà très connu, Müller pas encore. En avril 1967, le Standard a rendez-vous avec le Bayern en demi-finales de la Coupe des Coupes. Je m’en souviens encore : 2-0 à l’aller, 1-3 au retour. Ce Standard-là a été privé d’une finale européenne par Müller, auteur d’un but en Allemagne et de deux à Sclessin. On découvre un phénomène. Court sur pattes (1m76), Müller est doté de cuisses énormes. Il joue bien dos au but, se retourne comme une toupie, profite de tous les ballons en zone de vérité : c’est un incroyable renard des grands rectangles.

En 1972, je me retrouve face à ce petit gros à Anvers pour le premier match de la phase finale de l’EURO organisée chez nous. La Belgique est défaite (1-2) et qui marque les deux buts de la Mannschaft ? Müller. Deux ans plus tard, l’Allemagne est couronnée championne du Monde à Munich : 2-1 contre les Pays-Bas et Der Bomber signe le but du sacre. Il complète ce triomphe par d’autres grands succès, dont trois Coupes des champions (1974, 1975, 1976). La suite sera moins drôle : transfert à Fort Lauderdale (Etats-Unis) en 1979, problèmes de couple, alcoolisme. Le Bayern révèle alors toute sa grandeur. Ses équipiers d’autrefois lui trouvent un job de coach de l’équipe amateur du Bayern. Je ne sais pas si Müller aurait eu cette chance en Belgique.

Gomez me plaît aussi car il attaque un gros capital technique et un remarquable sens du but à ses atouts athlétiques. Mais, même s’il égale l’un ou l’autre record du Bombardier, il ne sera jamais un nouveau Müller. Gerd est un précurseur et fait partie de la légende du Bayern. Il y est arrivé en 1964, en provenance d’un petit club régional, le TSV 1861 Nördlingen. Tout le monde se moque alors de son petit bedon : plus pour longtemps.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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