Marchand dans l’âme

Pendant 30 ans, il a déterminé la gestion des transferts du Club Bruges.

A ntoine Vanhove s’est éteint il y a une semaine, à l’âge de 71 ans, des suites d’une longue maladie. Il s’était retiré et refusait toute aide extérieure, même celle de son Club. Vanhove a toujours fui les feux de la rampe, qu’il £uvre pour le Club Bruges ou comme président de la commission technique de l’UB. Il se distinguait par sa simplicité, à l’image du Club, pour lequel il a travaillé jusqu’à ce que le nouvel organigramme ne lui offre plus de place. Chagriné, il ne s’est jamais plaint en public. Il aimait trop ses couleurs pour cela.

Né le 11 septembre 1937, il a été marqué par plusieurs drames : la mort de son frère quand il avait 15 ans et le décès de ses deux enfants, nés avec des lésions cérébrales, à quatre ans. La souffrance des autres l’atteignait et il supportait très mal la vue de joueurs blessés.

Il formait un couple particulièrement uni avec Annie, cultivait la passion des pigeons et était devenu un fournisseur de grandes surfaces à partir du commerce de fruits et légumes de ses parents. Directeur administrateur du Club Bruges à partir de 1973, Vanhove a toujours travaillé bénévolement, refusant la proposition de Michel Van Maele, le président, de l’embaucher. Van Hove voulait garder sa liberté et ne souhaitait que de la reconnaissance.

Vanhove a participé à l’essor du Club, dont l’amateurisme faisait sourire, dans les années 70. Sa connaissance du football lui a permis d’embaucher des joueurs de grand talent à bas prix. Il assistait à des matches de jeunes et c’est ainsi qu’il a découvert Marc Degryse à Ardooie. Le contrat fut signé pendant une fête de mariage car Roulers convoitait aussi l’attaquant. Il fut le premier à voir à l’£uvre Jean-Pierre Papin à Valenciennes et quelques heures après l’avoir engagé, Monaco téléphonait et en offrait quatre fois plus. Un an plus tard, Papin fut transféré à Marseille pour une somme encore supérieure. Acheter des joueurs à bas prix et les revendre avec bénéfice procurait un kick à Vanhove. Il veillait jalousement sur les finances du Club, sauvé de la faillite par Michel Van Maele au début des années 70.

Vanhove avait mis sur pied un réseau dans le monde entier. Un matin, alors qu’il jouait au billard, il apprit qu’il pouvait obtenir un Danois talentueux à un prix soldé. Il sauta dans sa voiture et fit signer le joueur dans la nuit. Avec ses dribbles, Jan Sörensen conquit les c£urs des supporters. Vanhove s’étonnait toujours que peu d’entraîneurs soient capables de jauger les jeunes footballeurs ou ceux qui évoluaient à un niveau inférieur.

Vanhove a aussi connu des moments pénibles. Ainsi, après le départ d’ Ernst Happel, les supporters se retournèrent contre lui parce qu’il avait osé émettre des considérations négatives sur le coach légendaire. C’était son problème : émotif, il s’épanchait parfois en déclarations mal-heureuses. Il n’était pas un dirigeant brillant en société mais sut s’adapter à un milieu en pleine mutation. Son éternel chapeau sur la tête, il faisait figure d’original un brin folklorique, démodé, mais il était un dirigeant redoutable, qui alliait les ficelles des commerçants à une profonde connaissance du football. Chaleureux, il menait ses négociations avec les joueurs comme une conversation amicale. Malgré une lourde opération au c£ur et des problèmes de santé récurrents, Vanhove s’accrochait à son poste. Il souffrit quand, il y a cinq ans, Degryse fut nommé directeur sportif du Club, même s’il resta administrateur. Celui qui fut membre du Comité sportif puis du Comité exécutif et président de la commission technique de l’UB ne supportait pas l’oisiveté. C’est une page d’histoire qui se tourne pour le Club Bruges.

par jacques sys – photo: reporters

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire