Marcel le maçon et Arsène le coach, même combat

L’autre matin, mon voisin Marcel passait devant chez moi.  » Dis m’fi, faudra faire attention avec ton mur, il va tomber « .

 » C’est pas grave, il porte rien. Ce n’est que l’enceinte, hein « . Là, je me rends compte que j’ai dit une connerie. Marcel est maçon, genre avant-bras comme des jambonneaux et mains comme des marteaux.

 » Gamin, un mur c’est le symbole de la force et de la solidité. Il doit toujours être droit. « 

Le soir même, alors que je commentais Arsenal-Newcastle, j’ai repensé à Marcel. Arsenal a retrouvé une défense. Il a retrouvé son mur derrière et continue à fracasser ceux devant. Enfin ! 16 défenses différentes alignées par l’ Arsène. 16 en 28 matches. On construit ses succès en partant de l’arrière. Toujours. On comprend donc mieux les soucis. Cinq arrières droits, sept arrières gauches, cinq paires de stoppeurs utilisées.

Ce qui devait être un mur n’était en fait qu’une paroi mobile. Qui coulissait mal et n’arrêtait pas grand-chose. Depuis, que le bouledogue aux yeux de biches et au talent épatant est de retour, ce n’est plus la même chose. Avec Thomas Vermaelen, que ce soit dans l’axe ou à gauche, ils encaissent trois fois moins. Parfois, les chiffres mettent une gifle aux commentaires d’après la gifle de San Siro. Car, s’il est vrai que Vermaelen y a joué comme une pâte trop cuite, c’est aussi la confirmation que, quand il n’est pas dedans, c’est tout Arsenal qui est dehors.

Laurent Koscielny le premier. Il est passé du perdreau tout perdu à l’aigle royal impérial. La paire Vermaelen-Koscielny, Wenger l’a imaginée il y a quelques années mais n’en profite que depuis quelques semaines. Le stoppeur français est là depuis deux ans mais n’a débuté que huit matches à côté du Belge. La paire n’a fait l’affaire que huit fois ! Six cette saison avec des grosses perfs contre Tottenham, Milan, à Liverpool.

Koscielny avec Vermaelen, c’est comme un marin qui retrouve son phare. Avec le mât Mertesacker, c’était un peu le chien fou avec son poteau. Ça permet de soulager certains besoins mais pas ceux dont a besoin un footballeur de Premier League. Il y a un mois et demi, Arsenal était à la rue. Dans le caniveau. Derrière l’ennemi Tottenham. À 12 points. Il est maintenant revenu à UN.

On disait :  » Pas de caractère les gamins, trop fébriles, pas de personnalité « . Ils viennent pourtant de réussir ce qu’aucune équipe n’est parvenue à faire en 20 ans en Premier League. Gagner quatre matches de suite après avoir été mené. Trois fois dans le temps additionnel. Le Messie Henry à Sunderland, Le Miracle Van Persie à Liverpool, Le Sauveur Vermaelen contre Newcastle. Sacré caractère et preuve que le message du boss continue de passer. Il y a un mois, Wenger était en fin de règne, c’était l’année de trop. C’était tentant de le penser, c’est quand même sa 16e saison à Arsenal. Mais pour nous, il est tentant d’ajouter que parfois l’amnésie frappe les suiveurs. Car lors des 15 premières saisons, les Gunners ont toujours été dans le top 4.

La preuve de l’importance de la défense, c’est qu’Arsenal possède un buteur exceptionnel. Mais Van Persie ne suffisait pas. Fallait de la solidité derrière et plus de variante devant. BakarySagna revient et pose la première tête vers le triomphe contre Tottenham. Koscielny la deuxième vers la rédemption contre Milan. Vermaelen décide de la victoire contre Newcastle.

Et puis, il y a Wojciech Szczesny. Arsenal a enfin trouvé un gardien dont les coéquipiers se disent :  » Cool, y a notre gardien derrière !  » Avant c’était :  » Shit, y a l’autre derrière « . La sérénité, c’est très contagieux. Surtout dans un sport où le résultat est le sens de la mission. Avoir un gardien fort qui rend plus fort, ça fait la différence. Avec un grand gardien, Arsenal ne serait pas sans trophée depuis sept ans. Avant, ils n’étaient grands que par la taille. Le Polonais a mis le talent en perspective.

Wenger est rassuré, il ne lui reste plus qu’à bien utiliser son trésor de guerre. Garder Van Persie, acheter un créateur-buteur et Arsenal ne restera pas une huitième saison sans trophée.

Avec Vermaelen, Arsenal encaisse trois fois moins.

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