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Marc Delire

Coronavirus oblige, le journaliste a découvert les  » joies  » du commentaire sans spectateur en Champions League.

Comment vit-on un match sans public ?

Lors de PSG-Dortmund, j’ai eu l’impression de vivre une rencontre organisée dans une ère post-apocalyptique, comme dans le film Mad Max. C’est même allé plus loin qu’un match à huis clos puisque Proximus n’a pas voulu prendre de risque et a demandé qu’on travaille en cabine. Si on avait eu des soucis sur place, cela aurait pu avoir un impact sur le reste de la rédaction. Atalanta-Valence a eu lieu quelques jours avant que le nord de l’Italie ne soit fortement touché. Les journalistes envoyés auraient pu attraper le virus et revenir contaminés. C’est un scénario auquel on ne pense pas forcément.

Lundi dernier, Thomas Chatelle faisait remarquer sur le plateau de la Tribune qu’un match à huis clos permettait d’entendre ce que disent les coaches…

Oui, et aussi les arbitres. En Champions League, tu comprends pourquoi ils sont à ce niveau. Ce qui est certain, c’est que tu dois changer ta manière de travailler. En cabine, tu ne vois pas l’entièreté du terrain. Or, quand tu connais le foot, tu sais que ce qui est important se passe autour du ballon. C’est comme si tu avais une moto pouvant rouler à 200km/h mais qu’elle était bridée pour juste atteindre les 100km/h. C’est encore pire pour les consultants car ils ont l’habitude de déceler des informations qu’on ne voit pas au premier coup d’oeil.

Autre élément : l’émotion qui accompagne le match. En l’absence de public, tu peux difficilement t’emballer ou surjouer. Je me suis enregistré pendant PSG-Dortmund et je comptais me réécouter pour analyser mon ton. Le spectateur vit aussi différemment la rencontre. J’ai regardé Juventus-Inter Milan à la télé et je me suis surpris à être distrait par une question de mon fils alors que, d’habitude, je lui demande de revenir plus tard. On doit davantage prendre le spectateur par la main, sauf si le match est génial. C’était heureusement le cas de PSG-Dortmund. Enfin surtout pour les Parisiens…

Dans un stade vide, les silences prennent une autre dimension…

J’ai pressé à plusieurs reprises la cuisse de mon consultant pour écouter ce qui se disait. C’est dans ce genre de moment que tu te rends compte du nombre de langues parlées sur un terrain. Lors d’un corner, on a pu entendre Navas s’exprimer en espagnol, Marquinhos parler dans un mélange de français, de portugais et d’espagnol… On tente de voir si ceux qu’on considère comme des leaders prennent réellement la parole. Bref, le contexte est particulier mais j’espère qu’il ne va pas s’éterniser dix ans ! l

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