Manu Pirard et Véronique Henrotay

Tennis et mannequins

Manu, vous et Véro, formez déjà un vieux couple, mine de rien.

Manu Pirard (27 ans): Sept ans. Je l’ai connue alors que je jouais à Herstal. En 2e Povinciale. De toute manière, à ses yeux, ce n’est pas important. Elle n’aime pas le foot.

Avantage ou inconvénient?

Avantage. Cette indifférence nous pousse vers d’autres loisirs. Je passais trop de temps devant la télévision. Zappant sans cesse à la recherche d’émissions consacrées au sport. Maintenant, je ne m’installe pratiquement plus devant l’écran. Ou alors, pour visionner un film sur le DVD. Faudrait d’ailleurs que je me réintéresse un peu à ce qui se passe en Europe. Quand je compare ma culture footballistique à celle de Walter Bassegio, je suis gêné. Nous préférons nous promener. Lire. Jouer au tennis.

Vous avez traversé quelques galères au cours de ce septennat. Cela consolide les liens?

Incontestablement. Galères est le mot juste. Ainsi que beaucoup d’incertitudes liées à mon avenir professionnel. Vous le savez, je ne m’attendais plus à percer dans le professionnalisme. Dès lors, je me suis tâté. J’imagine qu’en semblable circonstance, un célibataire gamberge. Personne à qui parler. Des milliers de questions dans la tête. En finalité, des décisions parfois stimulées par le pessimisme. Véro favorise le dialogue. En toutes circonstances. Elle sait écouter aussi.

Y a-t-il eu un moment où vous vous êtes vraiment rendu compte que vous aviez besoin d’elle?

Il y a deux ans, j’ai subi une intervention chirurgicale aux abdominaux. Une douzaine de jours durant, j’ai marché à la manière des vieillards dans les bandes dessinées. Courbé en deux. Le moindre choc provoquait des douleurs aiguës. J’ai passé énormément de temps au lit. Véro m’amenait mes repas sur un plateau. Veillait à la toilette. L’attachement qu’elle m’a témoigné m’a impressionné.

Comment s’est effectuée votre rencontre?

Nous étions dans la même classe au Lycée Léonie de Waha. La première année, j’ai regardé. En rétho, je suis passé à l’attaque! Ensuite, elle est partie un an effectuer un stage linguistique aux Pays-Bas. Ce fut une coupure que nous avons appréhendé naturellement. Nous étions jeunes. Je pensais que c’était terminé. A son retour, je l’ai revue par hasard. Nous avons repris notre liaison. Le destin nous a remis l’un en face de l’autre.

A quoi ressemble votre image idyllique du couple?

Participer ensemble à un maximum d’événements heureux. Se respecter. Au-dessus de tout, faire preuve de fidélité. Je suis marqué par le divorce de mes parents. Mes frères, Bruno, Benjamin, Joachim et moi n’avions rien vu venir. Un jour, la cassure s’imposait à nos yeux. Ce fut un choc. En vieillissant, on relativise. On ressent mieux que l’équilibre entre deux personnes tient à peu de choses. J’ai aussi compris que les enfants n’avaient pas le droit de juger. Cela étant, bien que n’étant pas marié, je ferai tout afin d’éviter une rupture. Aujourd’hui, je m’entends bien avec ma mère et avec mon père. Un froid m’a opposé à ce dernier. Nous sommes restés sans nous voir un long moment. Dernièrement, j’ai plié un maillot d’Anderlecht, l’ai déposé dans une boîte à chaussures et noté mon numéro de téléphone sur une photo. J’ai amené le tout à son attention sur son lieu de travail. C’était un soir. Le lendemain matin, à la première heure, il m’appelait. Un grand moment de bonheur. Véronique a aisément compris ce que je ressentais car elle a vécu une situation analogue.

Des assistances confidentielles des rencontres de Provinciales aux grands salons bruxellois, elle a dû sentir le changement.

Je ne suis pas mondain. J’aime la discrétion. Près des miens, je puise la sérénité. Il faut se montrer prudent. Avoir la chance de militer dans un club aussi prestigieux et médiatisé que l’est le Sporting peut faire tourner la tête. On a tendance à s’emballer, par moments. Véronique me stabilise. Elle comprend néanmoins que parfois, j’éprouve le besoin d’effectuer une petite sortie parmi mes équipiers. Le tout est que cela demeure occasionnel. Je ne suis pas le mec à me pavaner dans les boîtes.

Elle s’appelle Véronique Henrotay. Coïncidence?

Véronique Henrotay (26 ans): Pure! Je sais qu’un monsieur Henrotay est dans le football, car on me demande sans cesse si je suis parente avec lui. Non. Aucun lien. Je ne sais même pas de qui il s’agit exactement.

Manifestement, le ballon rond et vous, ça fait deux.

Je m’y intéresse à travers les performances de Manu. Lorsqu’il joue en Première, je me rends au stade en compagnie de ses frères. Autrement, non. Parcourir la Belgique seule au volant de ma voiture ne m’enchante pas. En famille par contre, c’est gai.

Quel regard posez-vous sur le sport roi?

Superficiel. Superficiel et intéressé. Le football en lui-même ne doit pas être mis en cause. C’est l’image véhiculée qu’il faut incriminer. Il s’avère indispensable d’opérer un tri entre les vrais amis et ceux se manifestant dès que tout tourne rond. Les proches sont toujours là. Répondent présent surtout dans les coups durs. Les autres se souviennent si votre photo apparaît dans les journaux. Quand il a signé à Anderlecht, Manu a été contacté par des gens qu’il n’avait plus vu depuis des années. Ceux-ci ont subitement ravivé leur amitié. Certains sont même allés jusqu’à lui demander de l’argent en prêt! Je déteste aussi la violence même si je considère ce fléau comme un fait de société plutôt que l’apanage du seul football. Il m’est arrivé d’avoir peur sur des gradins. A Porto, j’ai lu de la haine sur des visages. La police nous a d’ailleurs escortés jusqu’à la sortie. Durant le match, les supporters portugais se retournaient dans notre direction et nous insultaient.

Avez-vous mesuré le pas qu’il franchissait en ralliant les rangs du Sporting?

Oui. Arrivant pour la première fois au Parc Astrid, j’ai été surprise par le luxe. Comment imaginer qu’un stade puisse être aussi richement décoré. Je n’avais pas été habituée à cela à Buraufosse ou au Tivoli. On plonge dans un autre monde. Cela étant, le plus important réside dans le comportement adopté par Manu. Le petit joueur de Herstal reste tel qu’il était.

Signe d’intelligence?

Bien sûr. On n’est pas quelqu’un d’accompli uniquement sous prétexte que l’on joue bien au ballon. Il y a autre chose dans la vie. Manu se montre réfléchi en toutes occasions. Prudent aussi. Personne ne doit lui expliquer que la vie bascule parfois sur un coup de dés. Il le sait. Il sait tout relativiser.

Y compris la notoriété?

Je craignais un peu la passion entourant les joueurs. Lors de la Coupe du Monde, j’ai été frappée par la présence de très belles filles sur les gradins. On voyait Adriana Karembeu, Linda Evangelista ou Ophélie Winter. Je me suis dit: -C’est ça, ma vieille, tu vas être confrontée à des mannequins! Je me suis fait du mauvais sang pour rien. A Anderlecht, les femmes sont sympas.

Il y avait quand même un mannequin en la personne de Hedvika, l’épouse de Jan Koller.

Un canon! Elle était simple et gentille.

Est-ce un luxe d’être la compagne d’un footballeur pro?

A mes yeux non. J’en prends pour preuve ma détermination à replonger dans le monde du travail. Graduée en secrétariat, parlant le néerlandais, l’anglais et un peu l’espagnol, j’ai été employée au service accueil d’une grande surface. J’ai quitté parce que j’en avais ras-le-bol de prendre toutes les engueulades. Maintenant, à l’issue de deux années sabbatiques, je souhaite ardemment profiter de mon autre diplôme en tourisme. Dès la semaine prochaine, je pense m’inscrire dans diverses agences d’intérim.

Que vous apporte le travail?

Un épanouissement personnel. Valorisant. Ayant opté pour un secteur relatif aux relations publiques, j’éprouve le besoin de nouer le contact. Lorsque j’effectue mes emplettes, il m’arrive de dialoguer avec des inconnus tellement j’en ai marre d’être seule à la maison. Manu comprend très bien la situation.

Daniel Renard

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire