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Manu Ferrera

Le numéro 2 de la fratrie a délaissé son poste de directeur des jeunes à Gand pour s’occuper, en qualité d’adjoint de Marc Wilmots, de la sélection iranienne.

1 Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter la jeune classe des Buffalos pour accepter le poste de T2 du team Melli ?

Pour plusieurs raisons. En tout premier lieu, il y avait la perspective de travailler avec Marc Wilmots, que j’ai toujours beaucoup apprécié, aussi bien comme joueur qu’en tant que coach. Deuxio, le challenge était excitant. Car l’Iran, c’est quand même, à l’heure actuelle, la puissance numéro 1 du football sur le continent asiatique. Avec la chance, peut-être, au bout de mes 3,5 ans de contrat, de vivre une phase finale de Coupe du monde. Ce qui serait, bien sûr, une première pour moi, dans la mesure où, au cours de ma carrière, je n’ai encore jamais fait partie d’un staff d’une équipe nationale.

2 L’Iran, ce n’est pas tout à fait une inconnue pour vous. Lors de votre passage à Charleroi, au début de ce millénaire, Abbas Bayat vous avait envoyé en repérage là-bas…

En réalité, j’avais visionné l’un ou l’autre joueur iranien actif à Dubaï. A mon retour, j’avais d’ailleurs froissé le big boss des Zèbres en lui disant qu’à part du sable, je n’avais pas vu grand-chose sur place ( il rit). Du coup, il s’était rabattu sur des joueurs évoluant au pays, tels Ali Reza Emamifar, Mohammad Reza Mahdavi et, surtout, Daryush Yazdani, qui aura été une bonne pioche. En 2006, lors de son retour en Iran, celui-ci m’avait d’ailleurs renseigné aux dirigeants de Saïpa Karaj, un club de D1. Mais, pour des motifs financiers, nous n’avions pas trouvé de terrain d’entente, finalement.

Le challenge était excitant. Car l’Iran, c’est quand même, à l’heure actuelle, la puissance numéro 1 du foot en Asie.  » Manu Ferrera

3 Quels seront les contours de votre rôle au sein de la sélection ?

La mission habituelle d’un T2, à cette nuance près que Marc et moi devrons visionner pas mal de joueurs en Europe, puisque près d’une vingtaine d’internationaux évoluent, de nos jours, sur le Vieux Continent. De ce point de vue-là, en l’espace de deux décennies, la situation a évolué du tout au tout. Il y a 20 ans, seul Ali Daei, passé par la Bundesliga, était un nom connu. Aujourd’hui, il y a bien plus de qualité, ce qui se traduit évidemment par une présence plus accrue d’Iraniens de valeur à l’étranger. Par rapport à Yazdani, Kaveh Rezaei, passé lui aussi par le Sporting Charleroi avant d’aboutir au Club Bruges, est d’un tout autre calibre. Quant au championnat domestique, il vaut le coup d’oeil aussi, assurément. Perso, j’ai eu l’occasion d’assister au derby de Téhéran entre Esteghlal et Persépolis. Ça vaut une grande affiche en Belgique au bas mot.

4 Entraîneur en Iran, au FC Tractor, Georges Leekens se l’est tenu pour dit récemment et a décidé de mettre fin à son contrat là-bas. La situation géopolitique du pays ne te fait pas peur ?

Il y a une différence entre une vie de coach, comme il l’a expérimentée sur place, et une vie de sélectionneur, avec ses implications non seulement en Iran mais aussi à l’étranger, compte tenu des opérations de scouting à effectuer. Ici, en tout cas, on ne ressent pas d’insécurité. Il y a le fameux embargo, oui, mais c’est tout. Récemment, l’équipe a joué un match at home contre la Syrie, remporté 5-0. Un résultat significatif car l’Iran n’avait plus gagné contre cette formation depuis 11 ans. Comme quoi, même si la Syrie est en guerre depuis longtemps, ça n’a pas empêché sa sélection de tenir le haut du pavé face aux meilleurs. Je ne pense pas qu’on sera logés un jour à la même enseigne. Mais, au besoin, on sonnerait alors le rassemblement des troupes à l’étranger. Et un pays comme la Turquie serait sûrement disposé également à nous accueillir, le cas échéant.

5 Votre maison dans la périphérie de Bruxelles est en vente. Que faut-il en déduire ?

Elle était déjà en vente avant la proposition iranienne ( il rit). Mon logis était tout bonnement devenu trop grand pour mon épouse et moi seulement. De là l’idée d’opter pour un appartement mais toujours aux abords de la capitale. Dès que nous l’aurons trouvé, ma femme l’occupera, puisqu’elle restera en Belgique, tandis que je me partagerai entre ce nouveau point de chute et un pied-à-terre à Téhéran. La Belgique n’est pas encore quitte de moi ( il rit).

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