L’ex-buteur du GBA a refait son apparition avec le Racing il y a dix jours et il a marqué !

Une superbe fleur rouge rehausse un living décoré avec soin.  » J’aime la beauté et le style « , avoue Paul Kpaka, qui a aussi un aquarium avec trois poissons rouges.

Imaginez avoir le choix entre revenir à Genk après une opération aux ligaments croisés du genou ou continuer à jouer au G. Beerschot…

Paul Kpaka : C’est une question difficile. Disons qu’il aurait mieux valu arriver à Genk un an plus tôt. Ma première saison au GBA a été bonne mais on a cru que c’était parce que Marc Degryse était derrière moi. Vivre la Ligue des Champions, même du banc, m’aurait préparé à prendre la relève de Wesley Sonck ou de Moumou Dagano.

Où en êtes-vous ?

Je dois retrouver mes sensations. Je suis à 70 %. En revanche, je pense que ma touche de balle s’est améliorée, ne serait-ce que parce qu’à Genk, les avants doivent participer au jeu, avoir beaucoup de contacts avec le ballon et chercher les combinaisons au lieu d’attendre le ballon. J’ai observé Sonck et Dagano et beaucoup discuté avec Bernd Thijs et Seyfo Soley. Les automatismes suivront.

Sef Vergoossen pense que vous pouvez jouer dans des espaces réduits.

Durant ma première saison au GBA, Franky Van der Elst a joué en fonction de mes qualités, avec Degryse en soutien. Genk fait davantage le jeu et je dois chercher moi-même des brèches. Le contre est ma spécialité. Je peux l’utiliser ici aussi bien que Genk monopolise le ballon. Il faut se démarquer sans descendre trop bas dans l’entrejeu. Ça demande un temps d’adaptation car il faut réagir vite en perte de balle.

Le GBA ne jouait pas aussi haut et s’appuyait sur son organisation. Avec tout mon respect, peu de défenseurs centraux, hormis ceux d’Anderlecht, de Bruges et du Standard, sont capables de jouer. Ils se contentent de prendre le ballon et de le dégager. Il ne faut donc pas redescendre mais placer sous pression l’homme qui a le ballon. Ce n’est évidemment pas à faire contre un Didier Zokora.

Je regrette de n’avoir jamais joué avec Josip Skoko. Theo Janssen reste davantage en arrière, il a un rayon d’action inférieur mais une bonne vista, une longue passe. Bernd dirige le jeu et tente de jouer près des avants mais Skoko facilite la vie des attaquants car il est toujours démarqué et proche d’eux. Il peut conserver le ballon pendant que les autres cherchent une ouverture ou jouer le ballon en un temps.

S’adapter à un nouveau style

Genk ne joue plus aussi facilement. N’êtes-vous pas la solution : en exploitant votre vitesse, il pourrait miser sur le contre ?

Je ne demande pas mieux mais c’est à moi à m’adapter au style de Genk, même si mes coéquipiers doivent connaître la façon de m’exploiter. Cédric Roussel est bon dans le rectangle, il sait garder le ballon et jouer de la tête. Je joue plutôt en profondeur. Chacun a ses qualités, y compris Kevin Vandenbergh.

Vandenbergh risque d’être victime de votre retour, compte tenu de la productivité de Roussel.

Cédric a été décisif à plusieurs reprises. Kevin a malheureusement été moins bon dans certains matches mais il se bat pour sa place. Ne le sous-estimez pas : c’est le successeur de Sonck, si sa mentalité change. Ce n’est pas une critique mais il s’occupe trop de lui-même au lieu de chercher des espaces et des combinaisons. Genk joue avec deux attaquants qui doivent être complémentaires. Je ne sais pas encore avec lequel je suis le meilleur.

Pourquoi Genk a-t-il calé ?

Je suis trop nouveau pour en juger. Disons que ce n’est pas un problème de qualité mais que la mentalité pourrait être meilleure. Nous avons discuté de la façon d’anticiper, de réagir, mais certains ne semblent pas en tenir compte. Ils sont trop vite contents, pensant que Genk émarge au top belge, qu’ils sont payés à temps et ne manquent de rien. D’autres se sont tellement fâchés, après des matches, que ça a dégénéré en bagarre. Ça peut arriver et ça affûte le groupe. Jan Moons a fustigé tout le monde, pendant le repos, une fois. On a besoin d’un homme comme ça, d’un leader.

Il y a quelques années, vous n’avez pu répondre, quand on vous a demandé combien de buts vous aviez marqués. Ça ne vous intéresse pas ?

Si. Un avant doit marquer. La première année, j’ai inscrit 25 buts, Wesley 30. Je n’ai compris l’ampleur de ma prestation qu’en voyant le classement final et en recevant des tas de coup de fil. C’est l’entraîneur qui comptait mes buts. Le lundi, il me demandait : Alors, Paul, à combien en es-tu ? Je ne le savais jamais.

Pourquoi vivez-vous à Anvers ?

J’aime ce brassage des cultures. J’ai habité un bel appartement au centre. Je ne peux passer ma journée devant la TV ou l’ordinateur, ce qui ne m’empêche pas d’être professionnel. N’avoir qu’une passion est dangereux. Il y a trois semaines, j’ai acheté des poissons rouges. J’aime les regarder. Ça me détend. En Sierra Leone, je m’adonne beaucoup à la pêche.

Trop cultivé pour un joueur ?

Vous avez vécu en Sierra Leone, en Suède, aux Pays-Bas et en Belgique. Avez-vous encore une patrie ?

Oui car ma famille vit en Sierra Leone mais je n’ai pas envie d’y vivre pour le moment. Mon pays a été en guerre pendant dix ans. Il est truffé de mines et d’explosifs. Je fais de mon mieux pour ma famille. Je lui fais construire une maison. Mais en juin, je serai belge. J’ai fait ma vie ici, je suis devenu européen. J’écoute des tas de radios : BBCAfrica, RadioFranceInternational. Je lis le NewYorkTimes, le WashingtonPost et le DailyTelegraph via Internet. Je suis partout chez moi, je m’informe de tout, ce qui surprend les gens : ils disent que ce n’est pas normal pour un footballeur (il rit).

Vous portez un T-shirt Bikkembergs. Participeriez-vous à un défilé comme Gilles de Bilde ?

D’abord, je pourrais aussi bien arborer un Versace. J’aime ce qui est beau. Mais je suis trop timide pour défiler. Je ne serai jamais un David Beckham non plus. Si je fais plus souvent la une pour ce genre de choses que pour le foot, je devrai arrêter de jouer car ça voudra dire que je suis mal parti.

Vous avez lu l’autobiographie de Nelson Mandela. 700 pages ! Qu’en retirez-vous ?

Je l’ai achetée il y a quatre ans à l’aéroport d’Amsterdam. J’en retire de la force. Nelson Mandela y explique qu’il faut travailler, agir. Il y a des hauts et des bas dans toute vie. L’essentiel est de faire preuve de respect et de franchir les écueils ensemble. C’est ça qui rend le monde plus sûr, pas ce que George Bush fait en Irak. Il faut savoir écouter les autres et trouver un terrain diplomatique. Les gens qui ont trop de pouvoir me font peur. J’aime être à l’écoute des autres, souvent moins bien lotis. Si on se coupe des autres, on sombre dans l’arrogance. Il m’arrive souvent de feuilleter le livre de Mandela. Je l’emmène partout avec moi.

Mandela conclut en disant qu’après avoir escaladé une montagne, on se rend compte qu’il y en a encore beaucoup d’autres à gravir.

C’est vrai. Je n’ai pas encore fait mes preuves. Je sais ce qu’il me reste à faire. Les supporters me soutiennent mais j’avoue que cette popularité m’effraie. Que se passera-t-il si j’échoue ?

Les supporters me soutiennent mais cette popularité m’effraie  »

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