MALINES-SUR-MEUSE

Les Sang et Or ont réagi calmement au départ de leur entraîneur, Aleksandar Jankovic, au Standard, contrairement à ce qu’il s’était produit avec Olivier Renard.

Octobre 2014, juin 2015 et septembre 2015. A trois reprises, les journaux ont fait mention de l’intérêt du Standard pour Aleksandar Jankovic, l’entraîneur du YRFC Malines. Nous ne connaîtrons jamais le degré de vérité de ces articles. Certains médias se laissent délibérément utiliser par les personnes qui ont intérêt à envoyer ce genre de messages. Comme vous le savez, il suffit de répéter quelque chose assez souvent pour que ça devienne, parfois, la vérité.

TRAVAIL ACHEVÉ, VRAIMENT ?

Jankovic a été cité au Standard alors qu’il venait d’entamer son mandat à Malines. En cet automne 2014, l’entraîneur serbe a répondu :  » Je n’ai pas signé un contrat ici pour quitter le club après quatre mois. Ce n’est pas mon style.  » Ces paroles vont bien avec ses allures de gentleman. Elles ont poli son image et son influence à Malines, au même titre que l’aisance avec laquelle il a appris le néerlandais.

En juin 2015, Jankovic n’a pas réagi quand Johan Timmermans a révélé un regain d’intérêt du club liégeois pour son coach. Le président de Malines était furieux :  » J’ai appris que le Standard avait cherché à prendre contact avec notre entraîneur. J’ai téléphoné à Roland Duchâtelet(alors président du Standard, ndlr) pour lui préciser que c’était contraire à la déontologie. Il devait d’abord prendre contact avec le club.  »

En septembre 2015, Jankovic parle de contacts avec le Standard.  » Mais je n’ai pas achevé mon travail ici. Il ne serait pas honnête à l’égard du club, des joueurs et des supporters de m’en aller après six matches de championnat. Je ne suis pas comme ça.  »

La semaine passée, un an après ces propos, Jankovic a finalement rejoint Sclessin. Il n’est pas parti après six mais après cinq matches. Son travail était-il achevé ? Entre ses déclarations de septembre 2015 et son départ, Jankovic a terminé dixième du championnat régulier et a disputé des PO2 ternes.

Le Serbe n’a donc pas accompli de progrès par rapport à sa première saison au KV, au contraire : le club avait terminé neuvième et avait gagné la finale des PO2. Ce n’était d’ailleurs pas un résultat brillant : en 2010 et en 2011, Peter Maes et Marc Brys avaient été septièmes avec Malines.

En pourcentage, Jankovic a gagné plus de points que Maes et Brys mais il le doit aux résultats obtenus la saison passée en PO2, quand Malines, versé dans une poule abordable, était dénué d’obligations. Si on ne tient compte que du championnat régulier, Maes et Brys ont fait mieux.

PAS DE PROTESTATIONS

A Malines, nul ne s’offusque du départ brutal de Jankovic. Timmermans ne rate pas une occasion de dire que le Serbe est un bon entraîneur. Le comportement du président est très différent de sa réaction en mai 2010, quand Maes avait rejoint Daknam, alors qu’il était encore lié à Malines. Timmermans avait hurlé sa rage sur tous les toits, notamment parce que le président de Lokeren, Roger Lambrecht, ne l’avait pas prévenu et que Maes avait prolongé son mandat Derrière les Casernes huit mois plus tôt.

En février dernier, quand Olivier Renard a abandonné son poste de directeur sportif de Malines pour occuper la même fonction au Standard, Timmermans a réagi comme si une guêpe l’avait piqué. Il a encore fustigé le fait que le Standard n’ait pas pris contact avec lui auparavant. En plus, le timing du départ,  » au milieu de la saison « , lui posait problème. Pourtant, si quelqu’un est parti à un moment spécial, c’est bien Jankovic.

En outre, il a quitté Malines 40 jours seulement après avoir signé une prolongation de contrat jusqu’en 2018. Quand on lui demande si, cette fois, le Standard l’a prévenu, Timmermans répond que non. Alors, pourquoi s’incline-t-il aussi facilement ?  » Le départ de Maes m’a pris par surprise. Dans le cas de Renard, un mois avant son départ, je n’ai décelé aucun signe.

Ensuite, on tire les leçons du passé. la guerre ne mène à rien. En football, on ne cesse de se croiser. Puis il ne faut pas être plus catholique que le pape. Les clubs limogent parfois un entraîneur en cours de saison. C’est la même chose.  »

Reste une question : pourquoi vante-t-on tant Jankovic alors qu’il n’a pas développé de football brillant ni obtenu de résultats éclatants ? Timmermans :  » C’est exact. Nous n’avons pas joué de saison super sous sa direction mais je me souviens d’une série de matches flamboyants la saison dernière. Jankovic est un très bon entraîneur. Par son charisme, sa rage de vaincre, son aptitude à démanteler le jeu adverse et ses contacts personnels avec les joueurs.

Aux yeux d’un supporter et d’un observateur, un entraîneur est là pour obtenir des résultats. J’essaie de voir plus loin, surtout avec un club comme Malines. Par exemple, il est très important de parler aux joueurs lors d’un transfert. Jankovic a joué un rôle crucial dans l’arrivée de Yohan Croizet. Il a accompli un énorme travail dans les transferts entrants et sortants. Nous parlons de joueurs qui ont apporté quelque chose à Malines :Ivan Obradovic, Milos Kosanovic et Sofiane Hanni. Ils sont partis pour des millions.  »

L’UN POUR L’AUTRE

Lors du départ de Renard au Standard, Malines a craint que d’autres le suivent. C’est ce qui est arrivé. Le gardien Jean-François Gillet, le médian Ibrahima Cissé et l’entraîneur des gardiens Philippe Vande Walle ont précédé Jankovic. Timmermans affirme pourtant que, depuis, il s’entend à nouveau très bien avec Renard et qu’il n’a pas le sentiment que le Standard pille son club.

 » Nous voulions de toute façon amincir notre noyau et il nous reste 28 à 29 joueurs. Ce n’est pas comme si nous étions dévastés. D’ailleurs, le Standard est le grand perdant dans le dossier Cissé. Nous l’avons embauché pour peu d’argent à Sclessin et il y est retourné pour une somme rondelette. Le Standard doit également débourser un montant important pour Jankovic.  »

Malines a trouvé un successeur à Jankovic : Yannick Ferrera, l’homme limogé la semaine dernière par le Standard. Nous sommes curieux de voir qui profitera le mieux du position switch.

PAR KRISTOF DE RYCK – PHOTOS BELGAIMAGE

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