Un mois à peine après le passage du vendredi au lundi, des clubs veulent déjà revenir en arrière.

Depuis le début de la saison, les Réserves des équipes de D1 jouent le lundi. La proposition avait été lancée l’an dernier lors d’une réunion des entraîneurs avec le coach national Aimé Anthuenis. Ce petit comité pensait ainsi améliorer le niveau de cette compétition des doublures. Aujourd’hui, cette nouvelle formule ne ressemble à rien et les clubs souhaitent déjà revenir à l’ancien système.

Un des premiers clubs à critiquer le système fut le Cercle Bruges.  » Le soi-disant avantage d’offrir un vrai match aux joueurs qui n’ont pas disputé le match du week-end n’efface pas du tout les désavantages « , clame Jerko Tipuric.  » De nombreux jeunes de notre équipe Réserve vont encore à l’école, or le début des rencontres est fixé au lundi soir à 19 h 30, c’est un peu serré. Et lorsqu’il y a un lointain déplacement au programme, ils ne peuvent même pas manger et vont se coucher tard avant une nouvelle journée d’école. Lorsque les Réserves jouaient le vendredi, ils pouvaient au moins récupérer convenablement. C’est pourquoi nous avons demandé à disputer nos matches Réserves le vendredi. Je crois savoir que nous avons déjà eu 12 réponses positives à cette requête « .

Du côté du Sporting d’Anderlecht, Franky Vercauteren tempère la critique. Il considère qu’on peut obtenir une compétition plus forte le lundi parce que certains joueurs du noyau A peuvent alors rentrer dans le rythme et glaner du temps de jeu. Ce qui n’empêche qu’Anderlecht a lui aussi déplacé certaines rencontres au vendredi.

 » Exact, mais pour des raisons de Coupe d’Europe « , dit l’entraîneur adjoint des Mauves.  » Le lundi tombe alors très mal pour nos joueurs mais je ne comprends pas pourquoi les clubs non-européens veulent revenir en arrière « .

Jerko Tipuric :  » La motivation d’un joueur sera-t-elle grande lorsqu’il a disputé cinq minutes avec la Première le week-end et qu’on lui demande d’aller se donner à fond pendant 90 minutes devant 200 spectateurs ? J’en doute. Ils sont encore fâchés de n’avoir pas davantage joué le week-end. Alors qu’en jouant le vendredi, ils ignorent encore tout de la sélection, en s’engageant davantage « .

Quatre jours sans rien faire !

Emilio Ferrera et Michel Preud’homme étaient ardents défenseurs du nouveau système. L’entraîneur du Lierse le reste :  » Lorsque j’ai débuté en D1 en 1999, il y avait polémique au sujet de la qualité de la compétition des Réserves. Le niveau était faible, certes, et c’eût été une bonne solution de faire jouer les Réserves en troisième division. L’idée fut abandonnée et le déménagement au lundi nous permet à présent d’augmenter nous-mêmes ce niveau. Les arguments des adversaires du système, l’école etc., sont ridicules. La plupart des équipes alignent des professionnels issus du noyau A. Par contre, il convient d’adapter les entraînements mais dans un monde footballistique de plus en plus individualisé, cela ne devrait pas poser trop de problèmes. Le seul léger désavantage, c’est qu’il faut prévoir des entraînements le dimanche. Mais cela n’entame pas les avantages du système « .

Prenez par exemple un joueur qui est sur le banc le samedi et n’entre peu ou pas en action.  » La veille du match, vous ne faites pas grand-chose « , explique Ferrera.  » Et le jour du match, en tant que réserviste, re-belote. Le dimanche c’est journée libre ou léger décrassage. Et le lundi on ne s’entraîne pas trop lourdement, parce que c’est mauvais 48 h après un match. Résultat : un joueur réserviste a quatre jours de pseudo-repos. Il ne peut faire que perdre en condition physique. Donc, il faut leur donner des entraînements supplémentaires ou, comme c’est le cas de la nouvelle formule, le faire jouer un match complet le lundi. J’estime que cette mesure est très positive, aussi pour les jeunes, parce que le niveau est rehaussé « .

Herman Helleputte est du même avis.  » J’étais également favorable au lundi, mais entre-temps de nombreux clubs ont décidé de revenir au vendredi parce que cela pose problème « , explique l’entraîneur de Beveren.  » Certaines semaines, nous sommes amenés à disputer deux rencontres puis aucune la semaine d’après. Je pense dès lors que nous serons contraints et forcés de revenir au vendredi. Mais ce n’est pas un drame en soi « .

L’argument de Ferrera – une meilleure compétition – tient la route, selon le coach louviérois Ariel Jacobs. Pourquoi son club est-il alors le premier à être revenu au vendredi ?  » J’étais en effet favorable au lundi, mais notre noyau est limité en quantité. Trois gardiens et 22 joueurs forment le noyau A, le B étant composé d’étudiants. Je trouve dommage que l’argument des étudiants pouvant récupérer le samedi l’ait emporté. Nous avons déjà joué deux fois le vendredi et une fois le lundi. Egoïstement, comme entraîneur de La Louvière, je dis que le lundi me convient mieux. Cela me permet de laisser jouer 90 minutes des éléments du noyau A. Le vendredi, sur six réservistes, trois vont jouer un peu et trois autres pas du tout. Le lundi, contre Heusden-Zolder, nous avons aligné un seul joueur du noyau B, le reste était du noyau A. Idem pour les Limbourgeois. Ce fut une rencontre très agréable, sans doute parce que la motivation y était. Le désavantage, c’est que les jeunes ont moins de temps de jeu « .

Marc Grosjean, l’entraîneur de Mons, a du mal à suivre Jacobs.  » De nombreux jeunes sont déjà professionnels, donc pour moi cela ne tient pas la route. Et ceux qui combinent foot et études font des sacrifices pour arriver au top. Pourquoi cela ne serait-il pas possible ? Je trouve cet argument de la jeunesse et de l’école une fausse excuse. Je suis partisan du lundi mais cela n’est plus tenable pour les clubs. C’est soit l’ancienne formule, soit la nouvelle, mais pas les deux. Je pense qu’on n’a pas assez réfléchi au pour et au contre avant d’entériner la décision « .

Jacobs pense la même chose : » D’ici deux mois, je crois qu’on sera revenu à l’ancien système du vendredi. Mais espérons vivre une saison de transition avant un système plus consistant. J’admets des exceptions pour les clubs alignés en coupes d’Europe mais notre football aurait tout à gagner d’une compétition des Réserves le lundi « .

Quid de l’ancienne proposition, à savoir un mix en D3 ?  » Je doute que ce soit une solution « , conclut Jacobs.  » Pendant la préparation, nous avons joué contre des équipes de D3 en alignant mon noyau B agrémenté de quelques joueurs de Première qui revenaient de blessure. Eh bien, je crois pouvoir dire que le fossé s’est agrandi, en faveur de la D1. Je me demande donc si pour les deux parties en présence il serait bien utile de fusionner « .

 » L’argument de la jeunesse et de l’école est une fausse excuse  » (Marc Grosjean)

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