Major-Moors

En demi-finale de la Coupe de Belgique, c’est Charleroi-Ostende!

C’est une finale avant la lettre, mais le tirage au sort l’a voulu ainsi: Charleroi et Ostende, les rivaux traditionnels, s’affronteront bien lors du premier Final 4 de la Coupe de Belgique organisé le week-end prochain au Spiroudôme, mais… en demi-finale. Cet affrontement éclipse l’autre demi-finale entre Gilly et Bree, même si la présence d’un représentant de D2 – régional de surcroît – lui confère un côté sympathique.

Charleroi et Ostende ont la particularité d’être conduits par deux jeunes distributeurs belges.

Un distributeur est censé être le prolongement du coach sur le terrain. Difficile, lorsqu’on est jeune?

Moors (Charleroi): La distribution, c’est un poste à hautes responsabilités. Mais j’apprécie: on y est constamment en contact avec le ballon.

Major(Ostende): L’aléa, c’est que lorsqu’on perd le ballon, on offre un panier facile à l’adversaire.

Moors: Il faut forcer le respect par ses prestations. En créant des possibilités de shoots pour ses partenaires, par exemple. L’attitude du coach est importante également. Lorsqu’il met la pression sur un jeune distributeur, il adresse un signe aux autres joueurs: – Regardez, c’estluilepatron!

Major: Il arrive qu’Eddy Casteels me demande mon avis sur une situation de match. Cela donne confiance.

Moors: Personnellement, je parle peu avec Savo Vucevic. Il est très critique, mais je considère cela comme une marque d’estime. Lorsqu’un coach n’adresse pas de remarques, de deux choses l’une: soit il vous considère comme un super joueur qui n’a pas besoin de conseils (ce qui est rare), soit il estime que vous n’en valez pas la peine. Lorsqu’un entraîneur vous critique, cela signifie qu’il croit en vous.

Votre point faible, c’est le tir à distance!

Major: Sans aucun doute. Mais on peut s’entraîner autant qu’on veut, si l’on n’est pas en confiance, on continuera à douter pendant les matches.

Moors: Un bon shooteur doit armer son tir sans se poser de questions. Je sais que je ne serai jamais une fine gâchette. J’ai été opéré jadis du poignet, ce qui m’ôte une partie de mes sensations. Même si j’ai 50 centimètres de plus que mon opposant direct, j’hésite.

Votre point fort, c’est la défense!

Moors: Gerrit, encore davantage que moi, je pense. Mais il ne faudrait pas que cette étiquette de défenseur lui colle à la peau. Il doit varier son jeu. Si l’on consacre trop d’énergie à défendre, on ne se montre plus assez dangereux en attaque et on facilite la vie de son opposant direct. Mais je crois que Gerrit l’a compris. Cette saison, il prend déjà davantage de responsabilités en zone offensive.

Major: Un jeune joueur se montre parfois trop enthousiaste. Il veut faire ses preuves et consacre toute son énergie à défendre. Mais c’est aussi mon rôle, celui que le coach me confie. Je n’ai jamais été un grand attaquant. Chez les jeunes, j’étais déjà un garde-chiourme. En grandissant, l’envie de marquer davantage s’est progressivement manifestée. « Un gars de 2m10 aura toujours du boulot »

Auriez-vous aimé avoir quelques centimètres de plus?

Moors: Pourquoi pas? Lorsqu’on voit ce que les grands peuvent gagner…

Major: Comme si les clubs payaient au centimètre…

Moors: Un joueur de 2m10 capable de manier un tout petit peu le ballon trouvera toujours un club.

Un « petit » doit-il s’imposer verbalement?

Moors: Je dois encore davantage m’affirmer dans ce domaine. Gerrit aussi, je pense.

Major: Effectivement.

Moors: A notre âge, il est très rare qu’un joueur ait déjà la maturité suffisante pour diriger son équipe dans les moments difficile. Cela vient avec l’expérience, en disputant de nombreuses rencontres de haut niveau. En particulier des rencontres européennes.

Major: On dispute trop peu de rencontres de haut niveau en Belgique.

Suscitez-vous la jalousie de joueurs plus expérimentés dans votre équipe?

Major: Chaque année, mon concurrent à mon poste change. La plupart du temps, c’est un étranger. Pour Roels, c’est différent.

Moors: J’entretiens de très bonnes relations avec Jacques Stas. Celui qui se retrouve sur le banc devient le premier supporter de l’autre.

Auriez-vous eu la même patience que Gerrit, Roel?

Moors: Nos cas sont différents. Gerrit n’a connu qu’un club dans sa carrière. Moi, à 24 ans, j’ai déjà joué à Bree, aux Etats-Unis, au Brussels, à Anvers et maintenant à Charleroi. Le Brussels fut un excellent choix. L’équipe luttait contre la relégation, mais je jouais 30 minutes par match. Anvers, c’était encore un palier supérieur. Beaucoup de jeunes commettent l’erreur de vouloir jouer trop rapidement dans un grand club.

Major: Voici deux ans, Ostende m’avait proposé de me prêter à un club de D2. J’ai refusé et choisi la voie la plus difficile. En D2, on ne s’entraîne que trois ou quatre fois par semaine. On perd le rythme et on hypothèque la suite de sa carrière.

Moors: Un jeune joueur commet une erreur en optant pour la D2. Gerrit a eu raison de rester à Ostende. D’ailleurs, il a régulièrement reçu sa chance. Sauf il y a trois ans, avec cet Estonien…

Major: Rauno Pehka? Oui, je m’en souviens. A l’époque, j’étais la doublure de J.R. Holden, mais comme il jouait 38 minutes par match, je n’avais pas souvent voix au chapitre. Malgré cela, la direction décida d’enrôler un meneur de jeu supplémentaire en milieu de saison. Cet Estonien n’a pas fait beaucoup mieux que moi: quatre minutes par match. Fallait-il engager un étranger pour cela? Lorsque cela arrive, un jeune doit pouvoir mordre sur sa chique…

Que pensez-vous de l’invasion de joueurs étrangers?

Major: C’est une catastrophe pour les jeunes Belges. Certains étrangers viennent jouer chez nous pour des sommes dérisoires. Deux Américains et huit Belges, ce serait l’idéal. Mais qui oserait prendre le pari?

Moors: Pepinster a osé lancer des jeunes. Par contre, je trouve désolant que Wevelgem joue le maintien avec des mercenaires étrangers. Lorsque j’avais 12 ans, avec les jeunes internationaux de ma génération – NDLA: dont Tomas Van den Spiegel-, je partais chaque été en stage pour préparer un Championnat d’Europe qui n’avait lieu que quatre années plus tard. J’avais parfois l’impression de sacrifier mes vacances, mais en fin de compte, nous avons terminé quatrièmes de cet EURO avec des joueurs qui n’étaient pas tous hyper-doués. D’un autre côté, je peux comprendre la décision des dirigeants de faire appel aux étrangers. On ne trouve pas beaucoup de joueurs de grande taille sur le marché belge.

Daniel Devos et Matthias Stockmans

« L’invasion étrangère est une catastrophe pour les jeunes Belges »

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