Maillot jaune

Le rouge hurlu lui va mieux que le jaune des cartons.

Sauf revirement de dernière minute, Marco Casto entamera la saison à Alost, ce dimanche, et pas à Charleroi. Le feuilleton de l’été, qui l’avait vu approché par le Standard, n’a pas connu de rebondissement. Le joueur respectera donc le contrat qui le lie encore jusqu’à 2003 à l’Excelsior.

De quand dataient les premiers contacts avec le Standard?

Marco Casto: Ils ont été établis dans la semaine qui a suivi le match disputé par le Standard au Canonnier, en fin de saison 2000-2001. J’étais très intéressé par ce challenge, je ne l’ai jamais caché. Porter le maillot du Standard, comme celui d’Anderlecht ou de Bruges, intéresse toujours un footballeur belge. En outre, dans mon enfance, j’appréciais des équipes comme Seraing ou le Standard. Peut-être parce qu’elles représentaient des villes ouvrières auxquelles, en tant que fils de mineur, je m’identifiais.

Avez-vous désormais abandonné toute illusion?

Un rebondissement n’est jamais à exclure. Mais, sincèrement, j’espère que l’on en finisse avec toutes les spéculations. Je veux être fixé. Toutes ces approches m’ont perturbé et j’ai eu du mal à me concentrer sur mon travail, qui est tout de même essentiel. Psychologiquement, j’ai traversé une période difficile. Je ne savais plus très bien où se situait mon avenir et cela m’énervait. Cela s’est répercuté sur mon humeur et je suis conscient d’avoir quelques fois irrité mes partenaires. Tout le monde me posait des questions. J’avais beau tenter m’isoler dans une bulle, je pouvais difficilement les éviter. Désormais, j’essaye de me concentrer sur Mouscron et je pars du principe que je débuterai le championnat à Alost, ce dimanche.

« J’étais déçu de ne pas partir au Standard »

Avez-vous éprouvé des difficultés à vous reconcentrer sur Mouscron?

Cela n’a pas été facile. La déception était là. Mais j’ai toujours déclaré que je serais prêt à 100% le jour du début du championnat. Et je tiendrai parole.

Avez-vous essayé de rompre votre contrat?

Cette idée ne m’a jamais effleuré l’esprit. Je ne veux de conflit avec personne, et si les deux clubs ne parviennent pas à s’entendre à l’amiable, je ne vois pas pourquoi je devrais forcer mon destin devant les tribunaux. Des transferts aboutissent, d’autres pas: cela fait partie du football.

A 29 ans, c’était peut-être l’une de vos dernières possibilités d’évoluer dans l’un des trois grands clubs du pays?

Oui, il ne faut pas se voiler la face: lorsqu’on atteint un certain âge, on devient forcément moins intéressant pour les candidats-acquéreurs. Je ne me sens pas vieux. Je me sens capable d’encore jouer quatre ou cinq ans au plus haut niveau, sans aucun problème. J’acquiers de l’expérience. Je comptabiliserai bientôt 300 matches en D1. Mais plus le temps passe, plus il me sera difficile d’encore obtenir un bon transfert.

Pour le Standard, Casto ne vaut pas 25 millions

Comment expliquez-vous qu’un club comme le Standard, qui a tout de même récolté pas mal d’argent durant sa campagne de transferts, n’ait pas pu trouver 25 millions pour vous acquérir?

C’est une question que l’on m’a souvent posée. Je ne veux pas polémiquer. On sait que, depuis l’affaire Mpenza, l’Excelsior n’a plus trop envie de faire des cadeaux au Standard. D’autres affirment que, puisque les Liégeois considéraient la somme de 25 millions comme exagérée, cela signifie que je n’étais pas une priorité pour eux. On peut penser ce qu’on veut. Les deux clubs n’ont pas réussi à se mettre d’accord, c’est tout. Je respecterai donc le contrat qui me lie encore à Mouscron jusqu’en 2003.

Chacun a reconnu que, malgré votre déception, vous avez réagi en vrai professionnel…

Hugo Broos a très bien compris l’état d’esprit dans lequel je me trouvais. Mais, puisqu’il compte encore sur moi, je ne peux pas le trahir. Sur le coup de la déception, j’ai eu l’une ou l’autre réaction de mauvaise humeur, mais je n’ai pas relâché mon ardeur au travail et je ne suis pas, non plus, allé trouver la direction pour demander une augmentation de salaire. C’eut été facile, pourtant, de dire: -Le Standard m’offre autant, que pouvez-vous faire pour moi? Je ne veux pas jouer à ce jeu-là, ce n’est pas dans mon caractère. Lorsque j’ai signé mon contrat à Mouscron, autrefois, j’étais satisfait des conditions et je ne vois pas pourquoi il devrait en aller autrement aujourd’hui. Je suis content de ce que j’ai et de ce que je gagne. Si d’autres gagnent plus que moi, tant mieux pour eux. Je ne suis pas jaloux.

Pas jaloux de son beauf’

Pas même de votre beau-frère Laurent Wuillot qui, lui, a bel et bien obtenu son transfert pour le Standard?

Pas du tout. Au contraire, je suis content pour lui. De mon côté, je ne peux pas être mécontent de ma carrière. Lorsque j’ai quitté Charleroi, d’aucuns m’ont demandé ce que j’allais faire dans un petit club comme l’Excelsior. J’ai rétorqué que j’apporterais ma réponse sur le terrain. Aujourd’hui, je joue dans l’un des meilleurs clubs de Belgique. Mouscron a failli m’apporter le Standard. J’y jouerai peut-être un jour, à Sclessin. Ou peut-être jamais. Si le destin veut que je termine ma carrière à Mouscron, je n’aurai aucun regret.

Vraiment?

Je pars du principe qu’on ne peut regretter que ce que l’on a fait. Pas ce que l’on n’a pas fait. Jouer au Standard me tentait, mais je ne saurai jamais si, au bout du compte, cela n’aurait pas été un mauvais choix. J’aurais pu me retrouver sur le banc là-bas, qui sait? J’ai été déçu que le transfert n’ait pas pu se concrétiser, mais d’un autre côté, si Mouscron ne m’a pas laissé partir, je dois en être flatté car cela signifie que l’on me tient en haute estime au Canonnier.

Une belle revanche après les difficultés rencontrées au début?

Je crois qu’Hugo Broos a toujours apprécié mes qualités de joueur, sinon il ne serait pas venu me chercher à Charleroi. Mais il est vrai qu’au début, le contact n’a pas été facile car nous avons deux caractères diamétralement opposés. Lors de ma deuxième saison au Canonnier, il m’avait aussi reproché d’être revenu de vacances avec quelques kilos de trop et m’en avait longtemps tenu rigueur. Aujourd’hui, il déclare que je suis un bon arrière gauche et qu’en cas de départ, je ne serais pas facile à remplacer. C’est important, pour un footballeur, de savoir que l’entraîneur compte sur vous. Je dois m’estimer heureux que c’est le cas à Mouscron et je n’ai donc pas le droit de me plaindre.

Daniel Devos

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