Macédoine de talent

Zulte Waregem a eu le nez fin en recrutant un jeune joueur prometteur venu du fin fond des Balkans.

Skopje, la capitale de la Macédoine, regroupe 500.000 habitants, un quart de la population de ce petit pays des Balkans.  » C’est ma ville « , avance Aleksandar Trajkovski, un des nouveaux joueurs de Zulte Waregem.  » J’ai d’abord évolué dans un petit club (SSK) avant d’être transféré au FK Cementarnica à 14 ans.  »

Skopje a beaucoup changé ces dernières années mais, là-bas, personne n’a oublié ce terrible 26 juillet 1963, quand un tremblement faucha plus de 1.000 vies et écrasa 75 % des bâtiments. Du temps de l’ex-Yougoslavie, le Vardar Skopje constituait la perle rare du football macédonien. Et, en ce temps-là, beaucoup d’excellents footballeurs de cette région tentaient leur chance dans les grands clubs yougoslaves, principalement à l’Etoile Rouge Belgrade.

La donne politique, financière et sportive a changé et les meilleurs footballeurs macédoniens filent de plus en plus vite vers l’Europe Occidentale. Avant d’y aboutir, Trajkovski a passé une saison en Croatie, au NK Inter Zapresic. Ce club est réputé pour la qualité de son travail avec les jeunes. C’est là qu’un joueur comme Luka Modric prit son élan ou qu’évoluèrent des vedettes comme Zvonimir Soldo, Eduardo, VedranCorluka, Dejan Lovren, etc. Le NK Inter Zapresic a longtemps constitué le laboratoire du Dinamo Zagreb qui y plaçait ses jeunes en manque de temps de jeu.

 » Ce club se situe dans la proche banlieue de Zagreb « , affirme Zoran Ban (ex-Mouscron, Genk, Mons).  » Le stress y est moins important que dans la capitale. Inter Zapresic n’est pas obligé de faire la course en tête et de rafler les titres. C’est calme et Trajkovski a pu apprendre sereinement son métier d’attaquant.  » Ce sentiment est partagé par Youri Selak, agent de joueurs belge, d’origine croate, qui connaît bien les Balkans :  » Il y a toujours eu de bons joueurs en Macédoine. Darko Pancev était un des plus connus, lui qui a gagné la Ligue des Champions avec l’Etoile Rouge en 1991. Aujourd’hui, un autre attaquant macédonien, Goran Pandev, se distingue à l’Inter Milan. Trajkovski me donne l’impression de bâtir patiemment sa carrière.  »

Futur international macédonien

Cette prudence a été récompensée : il a été invité par Boban Babunski, coach intérimaire de l’équipe nationale macédonienne, pour le match amical du 18 août contre l’Azerbaïdjan :  » Ce sera une première pour moi. J’avais été régulièrement convoqué chez les jeunes, notamment par Babunski en U21, mais jamais parmi les A.  »

Au vu de cette ascension, on peut logiquement se demander pourquoi cet attaquant n’a pas signé au Dinamo Zagreb ou à Anderlecht comme il en fut question. Ancien coach des Espoirs croates et de nombreux clubs de son pays (aujourd’hui actif dans le Golfe Persique), Mladen Francic a souvent suivi Trajkovski :  » Et j’ai notamment fait des rapports pour le Dinamo Zagreb. Pour moi, ce joueur a un tout gros potentiel. Zulte Waregem a mis la main sur un élément offensif qui évoluera un jour dans un grand championnat européen. Trajkovski est selon moi un soutien d’attaque. Il combine à merveille, sait délivrer des assists mais percute aussi. Je l’avais chaudement recommandé au Dinamo qui n’a pas retenu cette piste. A mon avis, la direction du club croate a estimé qu’il serait un concurrent direct de leur principale vedette, l’attaquant Sammir.  »

Zulte Waregem aurait déboursé 1,1 million d’euros pour s’offrir Trajkovski. Une somme importante pour un club de cette taille mais Francic en est certain :  » Son nouveau club ne regrettera jamais d’avoir engagé cet excellent joueur. Ce sera un investissement très rentable, je n’en doute pas.  » Trajkovski avait été cité à Anderlecht : était-il trop cher pour les Mauves ? Trajkovski précise :  » Moi, personnellement, je n’ai jamais été en contact avec Anderlecht. Je me suis tout de suite senti chez moi à Zulte Waregem. Ma mère, qui est infirmière, ma soeur et ma copine m’ont déjà rendu visite en Belgique. J’ai eu la peine de perdre récemment mon père des suites d’une longue maladie. Mon intégration est facilitée par la présence de deux joueurs : Luka Milunovic et Irfan Hadzic. De plus, notre coach, Darije Kalezic, parle le serbo-croate. Le football belge est évidemment plus engagé que celui pratiqué en Macédoine ou en Croatie. Je travaille, je m’adapte et je réussirai en Belgique.  »

Cedomir Janevski (ex-Club Bruges, Charleroi, Lokeren) est cité parmi ceux qui pourraient coacher la Macédoine lors des matches de qualification du Mondial 2014. Il s’intéresse à Trajkovski :  » A 18 ans, il a déjà fait du chemin. En Macédoine, la D1 ne compte que 12 clubs. Le niveau n’est pas comparable à celui de la Croatie ou de la Belgique. Pour progresser, il a bien fait de tenter sa chance à l’étranger mais sans brûler les étapes.  »

PAR PIERRE BILIC

 » Je n’ai jamais été en contact avec Anderlecht. « 

(Aleksandar Trajkovski)

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