LYON, c’est oublié

Pendant les congés, les joueurs profitent de leurs vacances jusqu’au bout. Pas un homme ne traîne encore dans les couloirs de Sclessin. Et pourtant, alors que ses collègues se reposent sur des plages lointaines de République Dominicaine ou d’une île quelconque (enfin ensoleillée) de Méditerranée, d’autres font connaissance avec ce qui s’apparente au parcours du combattant.

Eric Deflandre, 31 ans, passe ses vacances à s’occuper de sa petite famille. Sa petite fille mais également sa femme, qui accouchera la semaine prochaine.  » Elle doit beaucoup se reposer car elle a déjà de nombreuses contractions. Donc, c’est moi qui gère les derniers trucs à faire. Je m’occupe des courses et des travaux à effectuer dans la maison et dans le jardin. C’est pour cette raison que nous ne sommes pas partis à l’étranger. Mais cela reste des moments agréables pour moi. J’en profite aussi pour faire du VTT car je ne sais pas rester deux jours sans faire de sport « .

Et puis, cela te permet d’oublier la terrible désillusion de Genk…

Oui mais ce fut très difficile de faire le vide. Avec le deuxième tour que l’on a fait, je n’imaginais pas qu’il n’y ait pas de qualification européenne au bout. Généralement, après de tels échecs, je m’enferme chez moi, trois-quatre jours et je ne veux voir personne. Mais là, le lendemain, je devais aller remettre des prix dans la province du Luxembourg. J’avais donné ma parole et je peux dire que je n’avais vraiment pas la tête à cela. J’ai assumé et les gens se sont montrés très corrects.

Vous avez dû gérer la déception des supporters aussi ?

Oui. A la fin du deuxième test match, nous sommes allés les voir. On a réussi à les calmer et on a longuement parlé avec eux. Ils sont conscients que si on garde ce groupe, il y a quelque chose de bien à réaliser.

Est-ce que cette défaite peut encore peser dans les têtes à la reprise ?

Je ne crois pas. Après chaque échec, ce groupe a prouvé qu’il avait des ressources mentales. Il faut maintenant se dire que l’on entame une nouvelle saison avec de nouveaux objectifs. On ne peut plus changer les choses passées.

Certains joueurs ne seraient-ils pas tentés d’aller voir ailleurs, faute d’Europe au Standard ?

C’est possible que cela puisse jouer dans la tête de certains. ( il réfléchit) Franchement je ne crois pas. Car les gars qui étaient là, ils sont comme moi, ils ont l’esprit Standard. Ils auront à c£ur de prouver la valeur de cette équipe. Et ils voudront défendre les couleurs du club.

Garder le groupe

Tu penses donc que le noyau sera préservé ?

Je l’espère. L’année passée, le groupe n’était pas formé et avec toutes les arrivées enregistrées lors du premier tour, il a fallu attendre avant que la sauce prenne. C’est cela qui nous a coûté l’Europe. Je le répète, on a réalisé un deuxième tour exceptionnel. Je ne me rappelle pas dans ma carrière avoir connu une formation qui marchait aussi bien après la trêve. Je suis donc persuadé que l’on peut faire quelque chose de bon si on garde cette équipe de qualité. Si on veut suivre une certaine logique, il faut agir de la sorte. Chaque année, le groupe change. Il y a trop de mouvement en début de saison et cela ne peut que nuire à la stabilité de l’ensemble. L’année passée, on n’a repris qu’avec deux titulaires, Jonathan Walasiak et Ivica Dragutinovic…

Mais même au deuxième tour, on a pu voir les limites de cette formation. Notamment à chaque moment important : Bilbao, Anderlecht, Ostende, Genk…

C’est vrai que l’on connaît encore trop de jours sans. Il faudra veiller à être concentré lors des rencontres importantes. A Bilbao, tout le monde a fait défaut. A Anderlecht, il faut relativiser car on tenait encore le match nul à quelques secondes de la fin. Et lors des deux confrontations avec Genk, on n’a pas vraiment connu la réussite. A l’aller, on aurait dû en marquer davantage et au retour, on aurait dû inscrire au moins un but. Mais il y avait le poteau ou le gardien…

Mais il n’y a pas que la chance. La défense si solide et si expérimentée à certaines occasions s’est montrée friable à d’autres moments. Comment l’expliquer ?

Je ne sais pas. On a réussi à ne pas encaisser de buts pendant sept matches. C’est assez extraordinaire. Et puis, à côté de cela, on a connu des périodes de flottement. Parfois, on manquait de concentration. Ou alors, c’était le milieu qui ne nous soutenait pas assez. En début de saison, on peut encore le comprendre mais pas au deuxième tour. On prend trois buts contre Anderlecht. C’est assez normal car cela reste Anderlecht mais à Genk, on ne peut pas l’admettre. Je n’imaginais pas que l’on pouvait encaisser trois goals au Limbourg. Maintenant, pour l’année prochaine, on sait que c’est la concentration qui fera la différence par rapport aux autres formations de pointe.

C’est cela qui a fait la différence avec Genk ?

Je pense qu’il y a également l’aspect psychologique. Genk a pris l’ascendant en battant le Cercle dans les dernières minutes alors que nous ne parvenions pas à battre Ostende. Certains joueurs ont pris un coup au moral tandis qu’à Genk, plus personne ne s’attendait à une qualification européenne. Ils ont été arracher des points dans les dernières instants, ce que nous, nous n’avons pu réaliser. Mais si on analyse notre championnat, tous nos points sont mérités. A part, peut-être, notre victoire à La Louvière.

Est-ce que le départ annoncé de Dominique D’Onofrio a pu fragiliser l’équipe ?

Je ne pense pas car il l’a annoncé un mois avant la fin de la compétition et on a continué à gagner jusqu’à notre déplacement à Ostende.

Tu as vécu cette fin de saison en étant écarté du onze de base avant de reprendre pour le test match. Est-ce que ce n’était pas un cadeau empoisonné ?

Je ne pense pas. J’étais frais et j’avais une grosse envie de réaliser un résultat. J’ai d’ailleurs bien joué lors du premier test match.

Mais pourquoi cette mise à l’écart ?

J’ai raté les quatre dernières rencontres du championnat. Deux parce que j’étais blessé puis l’entraîneur m’a laissé sur le banc pour les deux dernières. J’ai eu du mal à l’accepter car je n’ai pas eu d’explication du coach. Mais s’il l’a fait, c’est qu’il a jugé que cela devait être bon pour le groupe. Moi, je n’ai rien dit et j’ai mordu sur ma chique et finalement, je suis revenu dans l’équipe pour le test match.

 » Je reviendrai chez les Diables si je joue au Standard  »

Mais cela t’a coûté ta place chez les Diables Rouges ?

Aimé Anthuenis n’a pas pu me reprendre car il savait que je n’avais plus joué depuis un mois. Il aurait fallu que je dispute une des deux dernières rencontres et j’aurais été repris. D’autant plus que contre Ostende, il y avait quelque chose à faire sur les côtés. Il n’y avait pas assez de percussion sur les flancs. On aurait dû insister et passer par là. Ceci dit, après, j’ai disputé les deux tests matches et Anthuenis aurait pu revoir ses choix. Mais cela n’était pas évident pour lui. Une fois la sélection annoncée, c’est difficile de revenir en arrière. Néanmoins, je ne m’en fais pas trop. Je sais que si je joue avec le Standard, je serai repris pour le prochain match.

Tu t’attendais à ne pas revenir dans le onze après ta blessure ?

Non. J’ai été un peu surpris car je me demandais pourquoi. Il y avait quelque chose mais je ne savais pas quoi. Mais l’entraîneur a fait ce choix-là et a jugé bon de ne pas l’expliquer à son capitaine. Moi, je n’ai pas voulu faire de problèmes à deux matches de la fin. Heureusement, il y avait le soutien des supporters qui m’a rassuré. Ils ont déployé plusieurs banderoles et j’ai vu que j’étais important à leurs yeux.

C’est normal. Tu étais le capitaine. Tu as accepté directement cet honneur ?

Non. Je n’étais pas chaud pour devenir capitaine. On parlait du départ de Dragutinovic mais il était toujours là. De plus, j’arrivais d’un autre club et même si j’étais Liégeois, je devais m’adapter et m’intégrer. Mais la direction a fait le forcing. Et finalement, j’ai accepté car ils m’ont donné les bons arguments, à savoir qu’ils voulaient un Liégeois avec la mentalité régionale.

Tu n’as jamais regretté ton départ de Lyon ?

Non. J’ai fait un choix et je l’assume totalement. Même si on n’est pas champion avec le Standard et que Lyon l’est.

Penses-tu que le Standard saura rivaliser avec Anderlecht et Bruges ?

Bruges aura plus de difficulté. Ce n’est pas dans leurs habitudes de changer autant de choses. Quant à Anderlecht, on sait qu’ils répondent toujours présents. Mais je pense que l’on peut rivaliser avec eux. Il faudra faire mieux que 70 points. C’est faisable.

Oui mais pour quel objectif ?

On doit viser une des deux premières places pour accrocher une participation à la Ligue des Champions. J’ai connu cette compétition avec Lyon et j’ai hâte de la retrouver. Mon rêve, c’est d’y revenir avec le Standard. Car, avec un tel public, si il y a la Ligue des Champions à Liège, cela va être un truc de fou. Il y aura une telle ambiance que je ne veux pas manquer cela.

Le Standard ne connaît toujours pas le nom de son entraîneur. Cela t’inquiète- t-il ?

Il ne faut rien précipiter. Que la direction fasse le bon choix. Elle a encore un peu de temps.

Comment devra agir le successeur de Dominique D’Onofrio ?

Il faut qu’il ait un bon impact sur le groupe et qu’il détienne la mentalité Standard. C’est-à-dire qu’il soit ambitieux et qu’il possède un esprit gagneur.

Tu pourrais imaginer qu’il ne soit pas connu pour la reprise des entraînements ?

Je n’y pense pas une seconde. Je suis certain qu’il y aura un entraîneur pour la reprise.

Comment évalues-tu le travail de Dominique D’Onofrio ?

C’est quelqu’un qui connaissait la maison. Il disposait d’un groupe très positif et il n’avait pas besoin de nous poursuivre sans cesse. On savait nous tenir nous-mêmes et être professionnels quand il le fallait. Dominique a réalisé de très bons résultats et il est tout de même resté au club trois saisons…

Mais y serait-il resté s’il n’avait pas été le frère de…

Ce n’est pas grâce à l’étiquette de frère de Luciano qu’il a réalisé ces résultats. Il faut lui reconnaître ses mérites.

Stéphane Vande Velde

 » Je n’imaginais pas qu’on pouvait PRENDRE TROIS BUTS à Genk  »

 » S’il y a la Ligue des Champions au Standard, ce sera UN TRUC DE FOU  »

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