Luzon-Preud’homme : choc des titans en vue…

L’heure des premières proclamations approche pour les seize élèves de la D1. Le bonnet d’âne est réservé depuis longtemps à Mons mais, à quatre rencontres du terme de la phase classique, la messe n’est pas encore définitivement dite : qui jouera au paradis (PO 1), se consolera au purgatoire (PO 2) ou tremblera en enfer (PO3) aux côtés des Dragons ? La nervosité est palpable partout, comme à Genk où des inconscients ont propulsé un  » chapeau de curé « , pavé des courses cyclistes flamandes, dans la salle de séjour du directeur général limbourgeois, Dirk Degraen, absent au Lierse car il avait reçu des menaces avant cette attaque. L’entraîneur de la Cristal Arena, Mario Been, vit les mêmes angoisses en plein premier dénouement d’une compétition où le résultat importe plus que tout. A ce jeu-là, les entraîneurs figurent aux premières loges, là où tombent les coups les plus durs.

En Angleterre, José Mourinho a réglé ses comptes avec Arsène Wenger, qualifié de  » spécialiste de l’échec « . Il faudrait inviter ces deux coaches en vue à lire les idées et la philosophie de Christian Gourcuff, le T1 de Lorient. Les univers ne sont certes pas comparables, la L1 se situe à mille lieues de la PremierLeague et le club breton sur une autre planète que Chelsea ou Arsenal. Mais, quand dans le monde d’aujourd’hui, un technicien croit que  » la culture de la gagne est une escroquerie « , cela interpelle. C’est fort, très intéressant et s’il disait vrai cet homme de terrain ? Consulté par nos confrères de L’Equipe, il affine ses propos :  » Le résultat, pour moi, c’est le fruit de l’épanouissement. Je ne pense pas qu’on puisse avoir des résultats de façon durable, si le seul objectif est de gagner. Vouloir gagner, évidemment, ça fait partie de la compétition, mais ce sont les moyens pour y arriver qui sont les fondements du sport : l’épanouissement, le plaisir, la progression du joueur. La progression amène les résultats naturellement. Ce ne sont pas les esthètes qui sont contre le résultat, ce sont les arrivistes qui sont contre la manière…  »

Et, justement, si le public du stade Constant Vanden Stock a contesté, pour la première fois de façon virulente, les choix de John van den Brom, très affecté, ce n’est pas pour le score affiché au marquoir face à la lanterne rouge montoise (2-0) mais plutôt pour la  » manière « . Les supporters la cherchent depuis trop longtemps et si VDB est, dit-on, soutenu par son vestiaire, des cercles proches de la direction froncent les sourcils. Le mentor néerlandais donne l’impression d’être perdu, change sans cesse d’occupation de terrain et de titulaires, laisse Aleksandar Mitrovic et David Pollet sur le banc, cherche un fil conducteur alors que les PO1 approchent à grands pas. Si ses responsabilités sont engagées depuis des mois, il en va de même pour la direction mauve dont la cure de jouvence tourne, actuellement, au vinaigre. Rien n’est perdu mais le team bruxellois manque de leaders capables de secouer le cocotier. Anthony Vanden Borre y arrive parfois mais personne n’a remplacé Lucas Biglia ou Milan Jovanovic, qualifié de caractériel, dont les coups de gueule auraient fait du bien à ce jeune équipage. Comme Van den Brom, Felice Mazzu tend un miroir, celui où une direction peut découvrir un visage, celui de ses erreurs. Mazzu a refait tout un menu avec les restes déposés au Mambourg par Mogi Bayat. Le Standard a quitté le Pays de Charleroi avec les trois unités mais la manière carolo y était : si Charleroi échappe au pire, à cause du péché d’orgueil de ses dirigeants, Mazzu est capable de signer de bons PO2.

Guy Luzon et Michel Preud’homme nourrissent d’autres ambitions et la manière, chère à Gourcuff, y est source de progrès pour leurs hommes. Ils se retrouveront bientôt, le 2 mars, pour un duel de titans. MPH réduira- t-il l’écart qui, au classement général, le sépare de son ancien club ? Luzon prolongera-t-il sa marche en avant après son rendez-vous avec Gand ? Club Bruges-Standard doit être davantage qu’uniquement un bras de fer pour le gain de trois points. Preud’homme et Luzon possèdent tous les arguments pour que ce sommet soit, dans la manière, au-delà de la gagne, un pôle d’excellence dont la D1 a besoin comme de pain blanc.

PAR PIERRE BILIC

La culture de la gagne est-elle une escroquerie ?

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