« Luka, mon premier entraîneur »

Il ne subsiste plus grand-chose du drame que les Peruzovic ont vécu il y a un an et demi, lorsque Katarina a été foudroyée par une rupture d’anévrisme. Le couple a traversé la guerre qui a ravagé la Croatie, les aléas de la vie d’entraîneur, mais cette tragédie-là aurait pu laisser des traces pires encore. C’eût été sans compter avec la volonté de Katarina, un exemple pour toutes les personnes frappées par ce mal soudain et imprévisible. En dix-huit mois, elle a triomphé de toutes les séquelles neurologiques pour reconquérir son corps et son autonomie. Seule une raideur de la jambe et du bras gauche reste à vaincre. « Les médecins m’avaient dit que je récupérerais complètement en cinq ans. Ça me paraissait une éternité. J’ai eu la chance de ne pas être touchée en plein centre nerveux. J’ai pu comprendre les consignes des médecins et des rééducateurs. S’ils me disaient de répéter un exercice dix fois, je le faisais quinze fois. Chaque jour, je me fixais de nouveaux objectifs. Les atteindre était une victoire. Surtout, je ne voulais pas que Luka et mes enfants pâtissent de ce qui m’arrivait. Je voulais redevenir une mère et une femme normale. Le pire était de dépendre de tout le monde, d’être privée de mon intimité. Je me souviendrai toujours de la première douche que j’ai prise seule. »

Danseuse étoile, elle a toujours été sévère avec son corps. Ces années d’efforts ont été récompensées pendant sa lutte contre la paralysie: « Je connais mon corps et j’ai appris à mieux le connaître encore. Je continue à m’entraîner. Je nage tous les jours en Arabie Saoudite. Je considère ce qui m’est arrivé comme une expérience exceptionnelle. Elle m’a rendue plus forte, m’a débarrassée de toute peur de la mort. Mon regard sur la vie a changé.

Luka a été bouleversé mais il a été mon premier… entraîneur. Nous sommes allés en Forêt Noire. C’était magnifique. Nous faisions de longues balades. Par hasard, nous avions réservé une chambre dans un hôtel jouxtant une clinique de rééducation pour des cas semblables. Luka avait pris un hôtel sans ascenseur et une chambre au cinquième étage… Il m’a souvent provoquée: -Tu n’y arriveras pas! Sachant que je m’acharnerais à lui démontrer qu’il avait tort! »

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