Luiz Felipe Scolari

Le très chic et richissime club londonien de Chelsea est maintenant à l’épreuve des principes du volcanique coach brésilien. Big Phil voit grand. Obligé par Abramovich de gagner la Ligue des Champions, il veut en plus le faire en beauté…

Vous avez 59 ans et c’est votre premier job en tant qu’entraîneur principal dans un club européen. Pourquoi ?

Luiz Felipe Scolari : Ce n’est pas juste l’appât du gain, comme certains le prétendent. Je considère cela comme un défi que je ne pouvais refuser et je n’ai jamais reçu dans ma vie une opportunité comme celle-là. La tâche s’annonce difficile mais il m’était impossible d’ignorer l’invitation de Chelsea. Je suis prêt à accepter la pression liée à ce poste.

Donnerez-vous à Roman Abramovich le beau football auquel il aspire ?

Le football peut être beau, mais il faut aussi trouver le moyen de gagner. Les deux en même temps, c’est parfait mais ce n’est pas toujours possible. Si je dois procéder avec une autre tactique pour remporter des matches, la partie de football léché sera probablement mise de côté mais nous verrons bien. N’oubliez pas que je suis Brésilien et que donc, dans un monde parfait, Chelsea développera un football sémillant. Mais je ne veux jamais me retrouver coincé avec une seule manière de jouer. Il faut plusieurs atouts tactiques pour gagner sur tous les fronts.

Etes-vous inquiet que le président n’interfère dans vos choix ?

Mes réunions avec M. Abramovich ont été très agréables et nous avons échangé nos idées. Il souhaite que Chelsea développe un football attractif et gagnant. Je suis totalement d’accord avec ce point de vue. Il n’a pas essayé de me dicter qui devait jouer. Nous avons évoqué différents joueurs et partagé nos vues. Il est très désireux de disposer d’un collectif de qualité avec une bonne ambiance et nous touchons au but à cet égard.

Le président a un faible pour la Ligue des Champions, est-ce votre priorité ?

Non. Si je disais que je me focalise sur l’épreuve européenne, imaginez quel effet cela pourrait avoir sur mes joueurs. Ils s’aligneront en Carling Cup (Coupe de la Ligue) croyant qu’ils peuvent lever le pied. Idem avec la Coupe d’Angleterre et la Premier League, où il faut être au top chaque semaine…

La Ligue des Champions est le seul trophée qui échappe encore à Chelsea, donc vous pouvez comprendre le désir des Londoniens ?

Absolument et je veux également la remporter. Il s’agit de la coupe du monde des clubs et comme j’ai déjà remporté la vraie avec le Brésil en 2002, ce serait extraordinaire de pouvoir ajouter ce titre. Mais je veux aligner mon équipe dans chaque compétition avec l’objectif de la gagner…

Votre prédécesseur Avram Grant a été limogé après avoir raté la C1 en mai dernier pour un seul penalty manqué. Devez-vous faire mieux pour survivre ?

Si nous ne remportons pas de trophées cette saison, je sais ce qu’il adviendra. Cela s’applique aussi bien au manager de Manchester United, Arsenal et Liverpool.

 » Une tactique et un onze de base, ça n’existe pas « 

José Mourinho et Rafael Benitez ont été critiqués pour avoir trop souvent modifié leur équipe. Allez-vous définir une équipe-type ?

Ce n’est pas comme ça que le football fonctionne. Je sélectionnerai les joueurs qui en veulent à chaque match et je n’aurai pas de priorité dans mon noyau. J’ai déjà parlé de ceci devant mes joueurs. Mon boulot consiste à choisir une équipe à aligner sur le terrain et sept joueurs qui prennent place sur le banc. Si certains ne sont pas de la partie pour un ou deux matches, ils ne doivent pas paniquer. S’ils travaillent dur, leur chance viendra.

Donc vous ne croyez pas en la notion d’un 11 de base ?

Pas vraiment. Les deux seuls joueurs que je n’ai pas utilisés lors de la Coupe du Monde 2002 au Japon et en Corée étaient les gardiens réservistes. Et avec le Portugal, je n’ai fait l’impasse que sur deux joueurs de champ durant les tournois majeurs. Si un changement peut aider l’équipe, je l’effectuerai.

Les défis des équipes nationales vous manqueront ?

Le Portugal et le projet que nous avions pour son football me manqueront. Je ne suis pas d’accord que le football de clubs soit meilleur que celui des équipes nationales, parce que c’est fantastique de se retrouver à un EURO ou à une Coupe du Monde. L’ambiance et l’excitation sont tellement incroyables autour des gros matches que c’est une sensation difficile à battre.

Quels sont alors les avantages à entraîner une équipe de club ?

Vivre au jour le jour avec les joueurs et savoir comment toute une structure travaille au quotidien. En entraînant un pays, vous vous sentez comme un homme politique au niveau mondial.

Votre philosophie changera-t-elle maintenant que vous avez plus de temps pour connaître les éléments qui composent votre équipe ?

Le manque de professionnalisme est un défaut que je ne pourrai jamais tolérer. C’est la première chose que j’ai communiqué lors de mes débuts à Chelsea. Par le biais de la télévision je connais tous mes joueurs, même si cela prendra du temps avant que je les comprenne tous au niveau du mental.

Luiz Felipe Scolariest né le 9 novembre 1948 à Passo Fundo (Brésil)

Carrière de joueur : Caxias (BRA, 1973-79), Juventude (BRA, 1980), Novo Hamburgo (BRA, 1980/81) , CSA Maceio (BRA, 1981).

Carrière d’entraîneur : CSA Maceio (BRA, 1982), Juventude (BRA, 1983, 1986/87), Brasil Pelotas (BRA, 1983, 1986), Al-Shabab (KSA, 1984/85), Grêmio (BRA, 1987, 1993-96) , Goiás (BRA, 1988), Al-Qadisiya (KOW, 1988-90, 1992), sélectionneur du Koweït (1990), Criciúma (BRA, 1991), Al-Ahli (ARA, 1991), Júbilo Iwata (JPN, 1997), Palmeiras (BRA, 1997-2000), Cruzeiro (BRE, 2000/01), sélectionneur du Brésil (2001-02), sélectionneur du Portugal (2002-08), Chelsea (ENG, depuis juillet 2008)

Palmarès : Emir Cup (89), Gulf Cup (90), Coupe du Brésil (91, 94, 98), Campeonato Gaúcho (1987,1995, 1996), Copa Libertadores (95), champion du Brésil (96), Recopa Sudamericana (96), Copa Mercosur (98), Copa Libertadores (99), Torneio Rio-São Paulo (2000), Copa Sul-Minas (2001), Coupe du Monde (2002).

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