Lucas Biglia est attendu

L’Argentin est attendu en Belgique pour la reprise, le 3 janvier. Mais personne ne peut encore dire quand il renouera avec la compétition.

Opéré à l’épaule début novembre par le Docteur JavierMaquerrain, le médecin officiel de l’équipe argentine de Coupe Davis qui connaît donc parfaitement les fameux tenniselbows et autres blessures de ce genre fréquentes chez les tennismen, LucasBiglia a bonne mine. D’après les nouvelles en provenance d’Amérique du Sud, il se porte comme un charme et est en avance sur son programme de rééducation. Il a le moral au beau fixe, d’autant plus qu’il a profité de son séjour au pays et de son inactivité sportive pour épouser Cécilia, sa compagne depuis sept ans et mère de sa fille Allegra âgée de 2 ans et demi, à la cathédrale de Mercedes, sa ville natale.

Il est prévu qu’il soit présent en Belgique le 3 janvier, pour le stage hivernal de reprise.  » Mais les dates qui ont été avancées pour son retour à la compétition ne sont que pures spéculations « , affirme le manager HermanVanHolsbeeck.  » Lorsqu’il sera revenu, son épaule sera examinée attentivement par nos chirurgiens. En fonction de l’état de celle-ci, un programme lui sera concocté, individuel dans un premier temps, puis en groupe lorsque ce sera possible. L’objectif est qu’il soit prêt pour les échéances qui nous attendent : les 16e de finale de l’Europa League contre l’AZ Alkmaar et évidemment les play-offs. Sans, pour autant, courir le risque d’une rechute. TimmySimons et DanielTözser ? Ces noms qui ont été avancés n’étaient pas nécessairement liés à la blessure de Biglia. Après tout, nous jouons sans Lucas depuis deux mois et cela ne nous a empêchés de prendre la tête du championnat, ni de boucler la première phase de l’Europa League avec 18 points sur 18. Certes, il y a eu un passage compliqué avec 1 point sur 6 contre Louvain et Malines. Nous serons attentifs durant le mois de janvier à toute opportunité qui pourrait se présenter sur le marché. Nous avons un mois devant nous.  »

Les alternatives de Jacobs

Confronté à l’absence de Biglia, ArielJacobs a d’abord titularisé LukasMarecek à sa place. C’est logique : l’international Espoir tchèque a toujours été considéré comme la doublure naturelle de l’Argentin, et attendait simplement de recevoir sa chance. Mais cette chance, il ne l’a pas saisie directement. À tel point qu’après quelques matches, le coach a essayé une autre solution : repositionner GuillaumeGillet dans l’entrejeu. Le Liégeois y a témoigné de beaucoup d’activité, y a récupéré beaucoup de ballons et s’est efforcé de les distribuer à bon escient.

Le problème, c’est que lorsqu’il aide SachaKljestan à réguler le milieu de terrain, il est forcément moins présent devant le but. Jacobs se prive alors du principal atout de Gillet : ses infiltrations, son feeling pour les  » deuxièmes ballons « . En outre, le flanc droit doit alors être occupé soit par MatiasSuarez, qui s’y sent moins à l’aise que sur le flanc gauche ou dans l’axe, soit par ZiguyBadibanga, qui a fait preuve de beaucoup d’enthousiasme mais a parfois manqué de discernement et de précision dans ses actions. En revanche, Jacobs n’a jamais été tenté de repositionner CheikhouKouyaté dans l’entrejeu, là où il avait évolué les saisons précédentes.

Où peut-il aller ?

En Angleterre ? Notre confrère RorySmith, du journal TheIndependent, a eu vent par personnes interposées d’un vague intérêt de Manchester United et d’Arsenal.  » Mais, d’après nos informations : en ce qui concerne les Red Devils, ce serait plutôt pour grossir l’effectif, prendre place sur le banc et jouer la Carling Cup. Je ne sais pas si cela intéresserait vraiment LucasBiglia. Quant à Arsenal : je suis très étonné. La priorité des Gunners est de trouver un arrière gauche et un attaquant. Il n’a jamais été question, officiellement en tout cas, d’un milieu de terrain.  »

En Espagne ?  » Pour l’instant, on ne parle pas du tout de Biglia dans la Péninsule « , assure l’agent de joueurs Andrés Gutierrez, basé à Madrid.  » Il en avait été un peu question l’été passé. Au FC Séville, par exemple. A l’Atlético Madrid aussi. Mais actuellement, l’Atlético a d’autres priorités. Il vient de changer d’entraîneur, et s’il essaiera certainement de se renforcer durant le mercato hivernal, il recherchera surtout des joueurs opérationnels directement, pas un joueur convalescent comme Biglia.  » Son collègue Amadeo Rengel Ros, basé à Barcelone, confirme cette version.  » L’Atlético Madrid ? Cela m’étonnerait très fort. Il faudra d’abord attendre que le nouvel entraîneur fasse un état des lieux et détermine ce dont il a besoin de façon urgente. Tout ce que l’on entend n’est que spéculation. Ailleurs en Espagne ? S’il y a de l’intérêt pour Biglia, il est bien caché, car rien ne filtre. « 

En Italie ? Comme tous ses collègues, le directeur sportif de la Fiorentina, Pantaleo Corvino, se fait mystérieux quand on aborde le mercato. La seule chose que le dirigeant admet timidement, c’est que son club a bien visionné l’Argentin à plusieurs reprises.

Sur un plan purement sportif, Biglia intéresse la Fiorentina qui va devoir remplacer RiccardoMontolivo dont le départ est annoncé depuis belle lurette. L’international italien qui, dans le temps, était un soutien d’attaque, n’occupe plus cette place et joue actuellement devant la défense dans le même registre que l’Anderlechtois.

Mais sur un plan financier, les chances que le transfert se fasse sont minces. La première raison est que la Fiorentina veut se débarrasser de Montolivo en janvier afin d’empocher un peu d’argent. Puisqu’il a refusé toutes les prolongations de contrat qui lui ont été proposées depuis plus d’un an, il partira gratuitement en juin. Etant donné l’importance que représente le milieu dans le jeu de la Fiorentina, il faut que son remplaçant éventuel soit directement opérationnel, ce qui n’est pas le cas de Biglia.

Deuxième raison, le manager de Biglia a annoncé dans une interview accordée à un journal local qu’Anderlecht réclamait 8 millions. La direction de la Fiorentina, qui se serre la ceinture à fond, a directement annoncé qu’elle ne débourserait pas un tel montant et qu’elle ne tomberait pas dans le piège de la concurrence des clubs anglais pour peu que ceux-ci soient vraiment intéressés.

Qui doit jouer au milieu ?

Nous avons demandé l’avis de trois anciens joueurs mauves, qui continuent à suivre régulièrement le Sporting soit en qualité de consultant, comme MarcDegryse ( Sport/ FootMagazine et HetLaatsteNieuws) ou NordinJbari ( AB3), soit par passion comme PaulVanHimst.

Degryse :  » Marecek. Laissons-le grandir. Ses derniers matches, contre Moscou et Lokeren, avaient été très encourageants. Il lui manque peut-être le déclic pour percer définitivement : envoyer un ballon au fond plutôt que sur le poteau, par exemple. Mais cela peut venir. Après, c’est lui que l’on avait désigné dès le départ comme le successeur de Biglia.  »

Jbari :  » Moi, je remettrais Kouyaté en milieu de terrain. Son repositionnement en défense centrale n’était qu’un dépannage. En Belgique, il peut s’y débrouiller, mais s’il veut faire carrière à l’étranger, c’est comme médian qu’il a le plus de chances de réussir.  »

VanHimst :  » Sûrement pas Kouyaté : il a trouvé sa place en défense centrale, qu’il y reste ! RolandJuhasz et lui, c’est du costaud derrière. Gillet ? Il peut jouer dans l’entrejeu, mais ce n’est pas du tout le même style que Biglia. L’Argentin, c’est la technique, le raffinement. Le Liégeois, c’est la volonté, le sens du but. Finalement, Marecek me plaît bien. Il n’a pas encore la même expérience que Biglia, mais il a du football dans les pieds.  »

Avec ou sans Biglia, quelle différence ?

Degryse :  » L’Argentin est le régisseur de l’entrejeu. Le premier relanceur, aussi. La défense d’Anderlecht n’est pas la plus habile pour construire depuis l’arrière, et Biglia peut compenser cette lacune. C’est lui, aussi, qui imprime le rythme. Qui décide s’il faut presser haut, ou au contraire jouer plus bas.  »

Jbari :  » Sa présence se manifeste surtout au niveau de la mentalité qu’il transmet à l’équipe. Sur le plan du jeu, je ne suis pas encore totalement convaincu. Lors de ses deux premières saisons, je n’étais pas un fan de Biglia : je trouvais qu’il jouait beaucoup trop latéralement. J’ai un peu changé d’avis depuis lors : il a ajouté de la verticalité à son jeu, mais pas encore suffisamment.  »

VanHimst : Quand Biglia n’est pas là, il manque quelque chose. Quoi ? De l’aisance, de la fluidité dans le jeu. L’Argentin fait circuler le ballon grâce à une très bonne vista et une technique au-dessus de la moyenne. Il rend les autres meilleurs.  »

Est-il prêt pour le top européen ?

Degryse :  » Il a désormais acquis énormément d’expérience. Il est sans doute prêt à franchir un palier.  »

Jbari :  » Voilà des années qu’on en parle, d’un départ vers un grand club étranger. C’est à chaque fois reporté, et ce n’est sans doute pas un hasard. En Belgique, Biglia est au-dessus du lot. Pour le subtop européen, cela devrait aller aussi. Pour le top, j’ai mes doutes. Et puis : à quelle place devrait-il jouer ? Au n°6 ? Il ne gagne pas assez de duels, il base tout sur l’anticipation ! Au n°8 ? Il adresse trop peu de passes en profondeur et ses statistiques restent trop faibles, au niveau des assists et des buts.  »

VanHimst :  » Les dernières fois que je l’ai vu jouer, cette saison, il m’avait semblé très affûté. J’ai l’impression qu’il a perdu quelques kilos. Il n’empêche : il a gardé une certaine lenteur sur les premiers mètres. En Belgique, cela ne porte pas à conséquence, mais dans un championnat plus huppé, ce manque d’accélération pourrait lui porter préjudice.  »

PAR DANIEL DEVOS

 » Biglia, c’est la technique, le raffinement. Gillet, c’est autre chose.  » (Paul Van Himst)  » A quelle place Biglia pourrait-il s’imposer à l’étranger ? N°6 ou N°8 ? « 

(Nordin Jbari)

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