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Löw est indéboulonnable

Alors que la quasi-totalité de l’Allemagne conspue Joachim Löw, la fédération le laisse en poste. Un signe étrange de confiance.

La semaine dernière, pendant deux heures, Joachim Löw a développé sa stratégie pour l’avenir, dans les bâtiments de la fédération allemande de football (DFB). Il est ensuite parti par une porte dérobée. Il savait déjà qu’il allait continuer à bénéficier de la confiance de la fédé. Dans un communiqué officiel, celle-ci a souligné que Löw avait parlé de la situation actuelle de manière ouverte et constructive et qu’une seule lourde défaite ne constituait pas un baromètre. Mieux même: elle a loué Löw pour la grande qualité du travail fourni. Le sélectionneur peut donc poursuivre le rajeunissement et la refonte de la Mannschaft, un travail entamé en mars 2019.

Ces dernières années, la DFB n’a pas été un modèle de communication. Elle s’est contentée de publier un communiqué après les explications de Löw. Voilà qui ne joue pas vraiment la clarté. C’est comme si elle ne parvenait pas à se débarrasser de lui et qu’elle évitait la confrontation avec l’extérieur. Depuis des années, Löw manque de leadership sur le terrain et en-dehors. Il n’a pas de concept, pas de ligne claire. L’Allemagne possède toujours suffisamment de bons joueurs, mais elle n’a pas de coach qui les unisse et les inspire.

Le constat n’est pas neuf, mais les dirigeants préfèrent ne pas le regarder en face. Ils argumentent qu’après la défaite 6-0 en Espagne, les joueurs n’ont pas attaqué le sélectionneur. C’est exact, mais aucun international n’a pris sa défense non plus, quand il vacillait de son trône. Ils connaissent les qualités de leur coach. Quand tout va bien, il se distingue par sa chaleur et accorde de la valeur à chacun. Ils ont aussi découvert le revers de la médaille: un entraîneur qui semble démuni au plus fort de la bataille et ne trouve pas de réponse à de nombreuses questions. Un homme, aussi, qui veut exploiter les brèches, mais considère les ballons hauts comme une hérésie.

En conservant Löw, la DFB rate l’occasion de libérer les joueurs.

Löw avait déjà épuisé son crédit au Mondial 2018, suite à l’élimination de l’Allemagne dès le premier tour. Depuis lors, des voix s’élèvent en faveur d’un changement. Une enquête a révélé qu’après la débâcle en Espagne, 90% des amateurs de foot allemands voulaient le départ de Löw. Mais celui-ci s’accroche à son poste et ne comprend même pas qu’il fasse l’objet d’un quelconque débat. Il s’est présenté avec beaucoup d’assurance à la fédération, s’exprimant d’un ton énergique et dominateur. D’après le quotidien Bild, le président de la DFB, Fritz Keller, a parlé à trois reprises d’une fin de contrat à l’issue du prochain EURO. Mais d’un commun accord, car le sélectionneur est sous contrat jusqu’à l’été 2022. Löw a refusé et s’est plaint du manque de soutien de Keller, avec lequel il a jadis travaillé au SC Fribourg. Tout est donc resté en l’état, d’autant que la DFB est pour le moins divisée, et que tout le monde n’était pas favorable à un départ anticipé de Löw. En outre, celui-ci est soutenu par des représentants des grands clubs parce qu’il a veillé, à l’occasion des matches d’octobre et de novembre, à ne pas trop surcharger les joueurs, répondant ainsi aux souhaits des clubs employeurs.

En conservant Löw, la DFB rate l’occasion de libérer les joueurs d’un poids. Ils savent ce qu’ils ont, mais surtout ce qu’ils n’ont pas: un coach qui les dirige activement. Cela accroît la pression sur Löw, mais aussi sur les footballeurs, qui disputent leurs premiers matches de qualifications pour la Coupe du monde fin mars, peu avant l’EURO. Ils vont se produire dans un climat de défiance, match après match.

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