LOURD HÉRITAGE

Comment les Zèbres vont-il résoudre leurs problèmes de dernier rempart ?

Quand Bertrand Laquait est parti, tout le monde, à Charleroi, avouait qu’il serait difficile de succéder au gardien français tellement ce dernier faisait l’unanimité sur son nom et son talent. Les premières prestations de Patrice Luzi ne permirent pas de se faire une véritable idée sur les qualités du remplaçant. Certes, il y avait déjà eu cette erreur commise en match amical contre RKC mais en championnat, Luzi faisait preuve d’une certaine sobriété.

Rapidement, pourtant, des voix commencèrent à s’élever. Sans commettre de bourdes, Luzi voyait sa responsabilité partiellement engagée sur de nombreux buts. Des sorties peu réfléchies et des prises de balle parfois fébriles mirent le feu à la défense. Non seulement, Luzi ne prenait pas de points pour Charleroi mais on se demandait s’il n’allait pas lui en faire perdre. Quelques bons réflexes et son habileté dans le un contre un le plaçaient en sursis. Jusqu’à la rencontre contre Westerlo. Sur le premier but des Campinois, Luzi, pourtant couvert par deux défenseurs, sortit à l’emporte-pièce. Peter Utaka le devançait et glissait à Patrick Ogunsoto qui plaçait le ballon dans le but vide.

Quelques minutes plus tard, Luzi quittait la pelouse, le bras le long du corps. Blessure invoquée : luxation de l’épaule. Pourtant, une semaine plus tard, le Corse est bien à son poste. A Bruges, il n’est, de nouveau, pas tout blanc sur l’ouverture du score des Blauw en Zwart. A mi-chemin entre sa défense, présente à l’entrée du rectangle, et son but, Luzi se fait lober. Le reste de sa rencontre se résume à deux belles parades. En un contre un.

A Bruges, Charleroi a perdu trois points, ses illusions européennes et repart avec quelques questions. Notamment au niveau du poste de gardien de but.

Pas toujours concentré

L’arrivée de Luzi en bord de Sambre avait déjà soulevé quelques interrogations. A Mouscron, club qu’il retrouve ce week-end, il avait déjà été montré du doigt. Notamment au niveau du mental.  » Luzi est un gardien qui a beaucoup de qualités « , explique Didier Vandenabeele, l’entraîneur des gardiens de Mouscron,  » mais il a un gros défaut : il perd très vite sa concentration. Un rien le perturbe. Il ne faut pas grand-chose pour le tracasser, et alors, il n’est plus dans son match. J’ai été très patient avec lui. On a beaucoup travaillé mais il n’a pas toujours compris. En fin de compte, j’ai fait des déclarations à son égard dans la presse et il l’a très mal pris. Ses qualités ? Le jeu aérien ? Oui en principe mais pas toujours. C’est un gardien qui joue très haut. Parfois trop haut. Ses sorties dans les pieds ? Même remarque « .

Son caractère fut décrié également.  » C’est un vrai Corse « , dit Roland Louf,  » une personnalité bien trempée. Dans un groupe, il n’est peut-être pas le plus malléable mais j’ai connu d’autres bons joueurs qui n’étaient pas faciles à gérer « . Ses relations avec Christophe Martin, sa doublure à l’Excel, n’ont pas toujours été excellentes.

Ses rapports avec la presse ont également toujours été tendus. Il voit la critique comme de l’acharnement. Samedi, à la sortie des vestiaires, il s’est abstenu de toute déclaration :  » Je ne parle pas avec les journalistes « .

Deux claques en une semaine

Et Damien Lahaye ? En une semaine, le jeune gardien chimacien a connu deux déconvenues. Après une bourde monumentale contre Westerlo, il avait pourtant été soutenu par tout le noyau :  » Cela avait été très difficile dimanche soir et lundi mais tout le noyau et l’entraîneur m’avaient publiquement soutenu. Cela m’a fait du bien « . Dès mardi, Jacky Mathijssen posait un geste fort en affirmant qu’il laissait sa chance à Lahaye pour affronter Bruges mais point de Lahaye à l’entame de la rencontre.  » Je me suis entraîné toute la semaine en pensant que j’allais jouer « , ajoutait Lahaye,  » et ce n’est que la veille de la rencontre que j’ai appris que je n’étais pas titulaire. Je ne vous cache pas qu’il s’agissait d’une déception. Je voyais dans ce match la bonne opportunité de démontrer mes qualités et de réparer l’erreur de la semaine précédente. Contrairement à d’autres rencontres, j’étais sûr d’avoir, contre Bruges, de nombreux ballons pour m’illustrer mais l’entraîneur en a décidé autrement « .

Ce choix soulève plusieurs questions. Pourquoi donc Mathijssen a-t-il décidé de faire confiance à Luzi ?  » Je n’ai jamais dit que Lahaye serait titulaire contre Bruges. J’ai simplement affirmé que si je devais faire un choix entre les deux réserves, j’opterais pour Lahaye et pas Fabian Cremers « , argumente Mathijssen.  » Jusqu’au bout, on a fait le maximum pour que Luzi soit apte à jouer. A partir du moment où j’ai eu le feu vert des médecins et de Philippe Vande Walle, il n’y avait aucune raison que Luzi ne soit pas aligné « .

Mais faut-il pourtant crier au miracle ? Que doit-on penser du rétablissement providentiel du gardien corse ?  » Vu ce que Pat’ avait comme blessure, je ne pensais vraiment pas qu’il serait rétabli « , ajoute Lahaye,  » Une épaule déboîtée, cela ne se remet pas en une semaine « . Quant on lui demande s’il croit que Luzi a feint une blessure, Lahaye est gêné et répond :  » Je ne sais pas. Je ne vais rien dire là-dessus « , avant d’ajouter :  » Dans les vestiaires, il est venu me voir et m’a dit – Je m’excuse d’avoir pris ta place de cette façon. Sans m’être entraîné de la semaine. Je trouve que c’est bien de m’avoir déclaré cela « .

Les propos tenus par Vande Walle, l’entraîneur des gardiens, à la radio flamande Sporza et relayés par La Dernière Heure prennent alors tout leur sens :  » C’est beaucoup plus facile pour un gardien de sortir sur blessure après avoir commis deux erreurs « , avait-il déclaré à la mi-temps du match contre Westerlo. La blessure de Luzi était-elle diplomatique ? Personne ne l’avouera.

Un chat sur sa ligne

Derrière cet événement, se pose la question de l’aptitude de Lahaye à garder les filets d’un club de D1. Les deux prestations du Chimacien ne plaident pas en sa faveur. Sa suppléance de Laquait la saison passée contre Lokeren n’avait pas convaincu et que dire de son erreur contre Westerlo. Pourtant, chacun s’accorde à dire que ce gardien a toutes les qualités.  » Il était arrivé ici comme deuxième gardien « , se remémore l’entraîneur de Couvin-Mariembourg, Olivier Defresne qui l’a eu sous ses ordres, il y a deux ans,  » mais comme il avait un grand potentiel, il est vite devenu titulaire. C’est un travailleur, quelqu’un qui ne rechigne pas. Si on lui demandait de s’entraîner quatre fois par jour, il le ferait. Il a des réflexes et ce n’est pas un hasard car il fut joueur de balle pelote, comme jadis Daniel Mathy qui était son entraîneur spécifique à Couvin-Mariembourg et qui l’a emmené avec lui à Charleroi. Sur sa ligne, c’est un vrai chat. Par contre, si on regarde ses points faibles, on doit parler de sa lecture de la trajectoire du ballon, comme contre Westerlo. Il éprouve certaines difficultés avec les balles aériennes. Il doit aussi montrer de l’assurance. Comme gardien de but, son caractère réservé ne l’aide pas car c’est un poste où il faut beaucoup parler. Malgré cela, il a due talent et de la volonté « .

STÉPHANE VANDE VELDE

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