LOMME ET SES CAMPIONISSIMI

Jeudi, le directeur d’équipe qui a connu le plus de succès sera porté en terre à Boortmeerbeek. Il est décédé à l’âge de 96 ans. Quatre Tours des Flandres, sept Paris-Roubaix, huit Liège-Bastogne- Liège, sept championnats du monde, six Tours de France. Voilà le palmarès de Guillaume Lomme Driessens. En 37 ans, il a travaillé avec les plus grands coureurs : Stan Ockers, Rik Van Looy, Eddy Merckx, Patrick Sercu, Roger De Vlaeminck, Eric Leman, Freddy Maertens…  » Ils étaient doués mais celui qui leur a appris le métier a aussi du mérite, non ? », répétait Driessens, qui n’avait pas cassé la baraque comme coureur dans les années 30.

Il est ensuite devenu masseur et s’est ainsi occupé des mollets de Fausto Coppi, ilCampionissimo. Driessens a rapidement été promu directeur d’équipe. Son ami Coppi lui a inculqué une devise : -Une équipe, un champion au service duquel les autres se plient. Restait à s’attirer des champions et Driessens excellait dans cet art. Après Coppi, il a travaillé avec Rik Van Looy, autour duquel il a érigé la célèbre garde rouge. Puis le jeune Eddy Merckx a gagné son premier Tour sous sa férule. Eddy a déclaré :  » La Belgique perd un grand nom du cyclisme « . Pourtant, ils ne s’entendaient pas très bien, selon Driessens parce que sa femme Claudine était trop présente. Or, il ne supportait pas voir des femmes aux courses :  » Leur place est à la cuisine. Elles constituent un danger pour le sport « . Et comme il se mêlait aussi de ce qu’elles cuisinaient, elles ne l’appréciaient guère ! Il a sans douté été le premier à s’intéresser de près à la diététique, même si on raconte qu’il refilait souvent une bouteille de champagne à Freddy Maertens en pleine finale. Lomme a aussi été un pionnier en sponsoring.

Freddy Maertens a été son vrai poulain. Il était bourré de qualités mais avait besoin d’une figure paternelle qui le tienne de près. Driessens l’a mené à deux sacres mondiaux. En 1981, il a extirpé Maertens du trou et l’a aidé à gagner cinq étapes du Tour puis le Mondial.

Lomme Driesens était un brillant causeur, un homme flamboyant qui aimait être au centre de l’intérêt et n’avait pas sa langue en poche – un rêve pour les journalistes. Dirk De Wolf le surnomme à juste titre le Raymond Goethals du cyclisme. Tous deux étaient des figures populaires, par moments entêtées, empreintes d’intelligence et de ruse. Et tous deux pourvus du don d’obtenir de brillants résultats.

L’année dernière, on a inauguré un buste de Driessens dans le hall d’entrée du complexe sportif de Boortmeerbeek, où l’ancien directeur d’équipe a passé les dernières décennies de sa vie. Son commentaire d’alors :  » Je l’ai bien mérité !  » Nous lui donnons raison.

par jef van baelen

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire