Loin de la chaise roulante

De Ketele a saisi sa chance des deux mains à Gand.

Il n’avait que 23 ans quand il s’est adjugé, à Hasselt, son premier Six Jours, l’unique jusqu’à dimanche.  » Pourvu que j’en ajoute beaucoup à mon palmarès « , avait-il déclaré en février 2009. Kenny De Ketele a dû patienter 17 éditions avant de triompher encore. Les hivers derniers, le Flandrien a roulé avec Tim Mertens, un coureur de son âge. Or, les jeunes ont besoin de temps pour s’imposer face aux valeurs sûres des Six Jours, une épreuve où la hiérarchie est très claire.

De Ketele a subi de nombreux contrecoups. Quand il se rappelle août 2009, le pistard s’estime même heureux de ne pas devoir passer le reste de sa vie en chaise roulante. Durant une course sur route en Allemagne, il s’est fracturé une vertèbre cervicale. L’ambulance qui l’évacuait est entrée en collision avec un autre véhicule, ce qui l’a exposé à une fameuse secousse, qui aurait pu endommager la moelle épinière. L’hiver passé n’a pas été agréable non plus : il a contracté le virus d’Epstein-Barr, qui fait partie de la famille des mononucléoses.

De Ketele considère son succès aux Six Jours de Gand comme la récompense de son dur labeur. Elle constitue une bien plus belle récompense que celle qu’il a obtenue lors de son premier succès, sous le maillot de Topsport Vlaanderen-Mercator. A Hasselt, Bruno Risi, qui était alors le roi des Six Jours, l’avait emmené dans son sillage. La semaine dernière, De Ketele a pris son destin en mains, d’autant que son partenaire, Robert Bartko, n’a pas atteint le niveau de la saison précédente, du moins pendant les premiers jours de course.

Comme à Amsterdam avec Niki Terpstra et à Grenoble avec Morgan Kneisky, Gand a fêté la victoire d’un héros local. Même s’il a déménagé à Audenarde, De Ketele considère Gand comme la ville où tout a commencé pour lui. Sa mère réside d’ailleurs toujours à un kilomètre du vélodrome où, gamin, il a bouclé ses premiers tours de piste avant d’y effectuer ses débuts pro il y a six ans, à l’occasion des Six Jours.

 » Cette victoire pourrait constituer un tournant dans ma carrière « , estime De Ketele, qui s’énerve lorsqu’il lit ou entend qu’il sort enfin de l’ombre d’ Iljo Keisse. Le champion d’Europe par équipes juge en effet qu’il a accompli ce pas depuis belle lurette.  » Je réussis mes courses et les observateurs me jugent là-dessus.  »

Pourtant, il ne s’est jamais offusqué que le public lui préfère le charismatique Keisse, plus vif et plus spectaculaire que lui. D’ailleurs, la semaine dernière, c’est le nom de Keisse, présent dans la tribune et très ému, que le public gantois a scandé avec le plus d’entrain.

BENEDICT VANCLOOSTER

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