Logan est un joueur de poker

L ogan Bailly n’aura jamais que 21 ans deux jours après la Noël mais il est probablement le meilleur gardien actuel en D1. Bien sûr, il y aura des défenseurs de Daniel Zitka, mais c’est le seul qui puisse vraiment rivaliser avec le tout jeune Liégeois. Car, oui, il a commencé à Cheratte avant de passer à Tilleur-Liège et deux ans au Standard, de 1999 à 2001. Il fait donc partie de la légion de vrais talents que Sclessin a laissé filer entre les doigts comme de l’eau.

Après avoir vu sa progression freinée par des blessures, Bailly est devenu tellement impressionnant à Genk que le club a décidé de placer Jan Moons (tout de même plus de 200 matches depuis 2000) sur une voie de garage. Mais comment contester ce choix ? Aujourd’hui, Bailly irradie une présence assez phénoménale. Pas seulement parce qu’il mesure 1m90 (c’est tout juste assez grand quand on le compare aux normes internationales en cours) mais surtout parce qu’il ne doute pas. Sorties aériennes ou un contre un, il anticipe et va au ballon. S’il rate son coup, il se reprend. Et finalement, ce qui doit arriver quand on est un gardien digne de son nom, arrive : ce sont les attaquants qui doutent. Vendredi dernier, Patrick Ogunsoto, le meilleur buteur de D1 s’est retrouvé à deux reprises face à face avec Bailly et a, chaque fois, hésité en voyant le blond barbu sortir à toute allure sur lui. Et forcément, la chance de tirer au but du Nigérian s’était évanouie. Outre une technique appréciable (voir l’analyse en profondeur à partir de la page 10), Bailly a déjà développé à un très haut niveau son art du bluff. Si l’attaquant ne prend pas sa décision de tirer plus vite que lui, il le bloque mentalement aussi sec en étant là, dans son champ de vision. Pour les gardiens aussi, la meilleure défense c’est l’attaque.

C’est comme le tennisman qui monte au filet à contre temps, en tentant sa chance de déstabiliser son adversaire qui n’imagine pas un seul instant que l’autre va monter sur une balle pareille… Bailly bluffe ouvertement, il ne s’en cache pas. Avec souvent un gros sourire et un appétit de jouer et de gagner qui font plaisir à voir. Tout ça gonfle de plus en plus un début de charisme intimidant. S’il continue comme ça, où va s’arrêter le gardien de l’équipe belge Espoirs ?

N’est-il pas déjà à la hauteur de Stijn Stijnen ? N’a-t-il déjà pas dépassé Geert de Vlieger ? René Vandereycken va sans doute devoir lui donner une chance tôt ou tard avec les Diables Rouges. Et si Bailly a bien le talent qu’il donne l’impression d’avoir, il devrait rapidement la saisir. En attendant le retour de Silvio Proto, ce qui augmentera encore la richesse potentielle de notre foot.

On n’en peut rien, mais quand Bailly bouge, abaissé sur ses appuis, il fait penser à Gigi Buffon ; quand il sort comme un kamikaze à Gilbert Bodart et quand il sourit de façon très assurée à Jean-Marie Pfaff. Quel autre gardien de D1 procure actuellement les mêmes impressions ?

par john baete

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