LOCO MOTION

On le dit autiste, visionnaire, psychorigide, excessif, autodestructeur, génial, offensif, intellectuel, loser. Marcelo Bielsa est arrivé cet été sur le banc de touche de Marseille accompagné de son mythe : celui d’un coach de haut vol, cité en référence par Pep Guardiola en personne, mais traité aussi, hélas, de fou. Alors, qu’en est-il vraiment ?

Supporters et journalistes l’ont attendu pendant un mois et demi. Mais impossible de le voir. Séances d’entraînement fermées au public et à la presse, pas d’interview, pas de déclaration, pas même un communiqué. Tout juste quelques vidéos parues sur le site internet officiel de l’OM, montrant des sessions militaires, des phases de jeu intenses et des joueurs couchés au sol. Epuisés. Il y eut aussi, durant l’été, quelques drôles d’infos filtrant ici ou là : l’installation à la Commanderie d’une nouvelle salle vidéo, ou encore l’édition de DVD personnalisés distribués aux joueurs après chaque match amical, afin qu’ils revisionnent leurs prestations. Et puis, le 7 août, la veille de l’ouverture du championnat de France, il est enfin apparu, presque caché sous un t-shirt noir informe, face à une salle de presse remplie à ras bord.

Lui, MarceloBielsa. Le fameux coach  » à la réputation internationale «  que Marseille s’est offert cet été pour relancer une équipe à bout de souffle et concurrencer, au moins sur le plan de l’image, ce PSG nouveau riche qui confisque tout, titres et médias, depuis trois ans. Et alors ? Alors, Bielsa a fait du Bielsa. Une conférence de presse de plus d’une heure, lors de laquelle il a théorisé sur tout et rien, comme par exemple le hasard dans le football. Surtout, il l’a fait tête baissée, sans jamais montrer son visage. Pas une seule fois.  » Ce n’est que lorsque j’aurai levé les yeux de mon livre de français que je vous regarderai « , a-t-il dit. Drôle d’oiseau.

Un oiseau aux ailes d’aigle royal, mais mystérieusement enfermé dans sa cage, tel un canari, racontent ceux qui le connaissent. Après avoir évoqué la diversité de la ville de Marseille, le nouvel entraîneur de l’OM a eu à répondre à cette question, que tous étaient venus lui poser : pourquoi donc, partout où il est passé, l’appelle-t-on El Loco, le fou ? Bielsa a laissé planer le doute :  » Parce que certaines réponses que j’ai formulées pour résoudre des situations données ne correspondent pas aux habitudes des gens. »

Pas de vélo pour Marcelo

Ce sont justement ces réponses qui ont fait sa légende. Depuis qu’il a commencé à entraîner en 1990, l’Argentin s’est forgé une réputation inédite dans le monde du football, plus proche de celle de l’artiste total à la Van Gogh que de celle du gourou tactique à la ArrigoSacchi ou à la JohanCruyff. Il est ce fou génial et asocial qui exige énormément de lui et des autres, gagne peu, s’autodétruit, mais que tous vont visiter tel l’oracle. Celui à propos duquel PepGuardiola a dit un jour, juste après l’avoir battu :  » Nous sommes face au meilleur entraîneur de la planète. » Celui sur qui courent des dizaines d’anecdotes toutes plus folles les unes que les autres.

Par exemple, ce jour où il a tenu à regarder 32 matchs différents du Milan AC simplement pour réfuter une affirmation de JorgeValdano. Ou cet autre, lors duquel il a décidé de quadriller l’Argentine en 70 zones, puis de parcourir 25 000 kilomètres à travers le pays à bord d’une Fiat 147, afin de mettre en place un vaste système de détection de jeunes talents pour Newell’s Old Boys, son club de Rosario. Ou alors, cette fois où, prenant en main la sélection chilienne en 2007, il a fait le choix de vivre trois ans dans une chambre de six mètres carrés, équipée simplement d’un écran plasma et d’un crucifix, pour ne pas se  » laisser distraire « .

ClaudioOlmedo, attaché de presse de la sélection chilienne entre 2007 et 2010, a côtoyé l’homme pendant trois ans. Parmi la foule d’histoires dont il se souvient, celle-ci :  » En 2008, on était au Tournoi espoirs de Toulon. Un soir, Marcelo vient me voir et me dit : ‘Claudio, vous savez où on peut louer des bicyclettes ? J’aimerais faire un tour de la ville avec vous.‘Je lui dis : ‘Oui bien sûr je vais en louer à l’hôtel’. Puis : ‘Marcelo, j’ai les vélos’. Il était très content et on s’est donné rendez-vous le lendemain dans le lobby de l’hôtel à 8 heures, pour aller faire un tour. Je descends à 8 h moins 5, il m’attendait. Il prend son vélo et il me dit : ‘Et le plan ?’ Je réponds : ‘Quel plan ?’ Il me dit : ‘Le plan du circuit que nous allons faire dans Toulon’.Je dis : ‘On va faire un tour de vélo, ça marche comme ça, pas besoin de plan. Là il me regarde comme si j’étais fou et me dit : ‘Comment vous pouvez penser ça ? Je suis un homme plus carré qu’un Allemand, je ne vais pas me balader à vélo sans plan’. Il n’a pas voulu sortir et donc j’ai rendu les vélos. Une semaine plus tard, en rentrant au Chili, je passe dans son bureau, et il en profite pour me donner une somme d’argent. Je ne savais pas pourquoi c’était, et il me dit :’C’est ce que je vous dois, pour la location des vélos en France’. C’était exactement, au centime près en pesos, la somme que ça m’avait coûté.  » La conclusion de Claudio :  » Sur le terrain, dans le travail du football, c’est Pablo Picasso. Mais en dehors de ça, pour tout le reste, il faudrait l’interner dans un asile psychiatrique. « Voilà qui éclaire certes sur le degré de folie du nouveau coach de l’OM, mais ne répond toujours pas à l’interrogation : pourquoi donc les  » réponses  » de Marcelo Bielsa ne correspondent-elles pas aux  » habitudes des gens  » ? Sacré mystère.

Un défenseur solide mais lent

Pour démarrer, Bielsa n’aurait jamais dû faire carrière dans le football. Là où le football argentin fourmille jusqu’à la nausée d’histoires de bidonvilles, de terrains vagues et de revanches sociales, lui vient de la haute. L’histoire de l’entraîneur commence au 2320 de la rue Mitre, dans le centre de Rosario, en 1955. Avec ses tags sur les murs et ses vitres fendues, la maison d’enfance de Bielsa n’a plus son lustre d’antan. Pourtant, la demeure, équipée de deux larges patios, abrita un jour une famille destinée à briller. Le grand-père, Rafael, est resté comme une grande référence du droit administratif argentin. Le père, nommé Rafael lui aussi, fut un avocat renommé. La mère, LidiaCaldera, une professeur de lettres à l’université. Le frère, Rafael encore, est avocat, écrivain et a été député et ministre de Nestor Kirchner. C’est un homme qui, quand on lui écrit pour lui demander de parler de Marcelo, commence par répondre en citant une chanson de MercedesSosa ( » ce qui est la surface change, ce qui est en profondeur change, notre façon de penser change, tout change dans le monde « ).

La soeur, enfin, MariaEugena, est architecte, enseignante et ex vice-gouverneur de la province de Santa Fe. En toute logique, Marcelo aurait donc dû lui aussi poursuivre une carrière universitaire. Au lieu de quoi il a préféré passer son enfance à jouer d’interminables picados, ces parties de football informelles qui font l’animation des villes argentines, au croisement des rues Mitre et Viamonte. Sa mère, Lidia, plus connue sous le nom de Toti, vient d’une famille modeste et s’est élevée à la force du poignet. Elle a transmis à ses trois enfants humilité et exigence.  » Son influence fut fondamentale. Pour elle, aucun effort n’était suffisant « , confirmera Marcelo dans une interview au Grafico, en 1992, à l’époque où il parlait encore aux médias.  » Il traînait toujours avec des garagistes et des gens qui n’avaient rien à voir avec son rang social « , rappelle OscarScalona, son meilleur pote d’enfance.

Marcelo, lui, ne songe qu’à une chose : le foot. Mais il a beau être déterminé, il n’en reste pas moins lucide sur ses capacités de défenseur. Le 29 février 76, JuanCarlosMontes, entraîneur de l’équipe première de Newell’s Old Boys, le convoque pour la première fois, à l’occasion d’un match à domicile face à River Plate. Bielsa est titulaire mais le baptême du feu est délicat. Le débutant perd le marquage d’Artico sur le premier but de River et se fait dribbler par Sabella sur le second. Newell’s s’incline 2-1, et Bielsa rebascule en équipe réserve. Il ne reprendra part qu’à trois matchs de son club formateur. CarlosPicerni a partagé avec lui ces années. Après avoir relancé sa carrière à 400 kilomètres de Rosario, à l’Instituto de Cordoba, il a tenté de mettre Bielsa sur la même voie.  » Marcelo n’était pas un mauvais joueur. Il était solide mais lent. Au bout de six mois, il est parti de lui-même.  » A seulement 25 ans, sa carrière de joueur est terminée.

600 abdos par entraînement

 » Un jour, il m’appelle et me dit : ‘Gordo, j’aitrouvécequ’onvafaire. Onvas’inscrire àlacarrièred’éducationphysique’, revit son pote JoséFalavella.  » Bien sûr, son intention n’était pas d’être prof de sport. Simplement, son nouveau grand projet, entraîner en première division, commençait par une connaissance parfaite du corps humain et de la préparation physique.  » Pendant trois ans, Bielsa assiste assidûment aux cours, questionne pendant des heures ses professeurs et s’intéresse à d’autres sports, notamment au basket, où la construction du jeu, la mobilité et les différentes combinaisons possibles autour de la raquette le captivent.

Diplômé, Marcelo Bielsa quitte Rosario en 1982. Direction Buenos Aires, où RobertoLuqui, disciple du grand-père et ami de la famille, lui trouve un poste d’entraîneur à l’Université de Buenos Aires (UBA). L’idéal pour faire ses gammes. Bielsa met pour la première fois en action ses concepts favoris : possession de balle, défense à trois, participation des latéraux, pression haute, mobilité constante. Un football 100 % offensif. La méthode, elle aussi, est agressive. Avec jusqu’à 600 abdos par entraînement.

Pour motiver ses joueurs, Bielsa a un secret qui n’en est pas un : il sait tout simplement parler aux hommes. NelsonVivas, ancien international argentin, assure avoir entendu le meilleur discours d’un entraîneur lors du match Colombie-Argentine comptant pour les qualifications du Mondial 2002.  » Avant d’entrer sur le terrain, Bielsa le psychologue s’était chargé de réveiller notre rage de vaincre : ‘Dans les bagarres de rue, il y a deux types de mecs. Ceux qui frappent, voient du sang, prennent peur et finissent par reculer, et ceux qui frappent, voient du sang et continuent à frapper leurs adversaires jusqu’à ce qu’ils crèvent. Très bien messieurs : je viens de prendre la température du match à l’instant même et je vous jure que j’ai senti l’odeur du sang.

Avec les étudiants de l’UBA, le néo-entraîneur n’a donc aucun mal à gagner le respect et la confiance d’un groupe prêt à se surpasser pour lui. Pour Bielsa, l’expérience est positive. Mais hors de question de s’en contenter. Il veut quelque chose de plus sérieux. De retour à Rosario, le jeune entraîneur croise en pleine rue piétonne la chance qu’il appelle de ses voeux en la personne d’EduardoBermudez, l’un de ses anciens entraîneurs au centre de formation de Newell’s. Ce dernier lui annonce justement qu’il quitte son poste pour l’équipe première de Central Cordoba. Les deux hommes se dirigent donc vers le bureau du big boss JorgeGriffa.

Naît alors un duo qui va, en quelques années, révolutionner le football argentin. Griffa a la légitimité, Bielsa la volonté. Carlos Picerni, son ancien coéquipier, travaille lui aussi au centre de formation. Il explique pourquoi Bielsa s’est retrouvé catalogué comme El Loco :  » J’étais à la tête de deux catégories. Lui, avec une seule, passait plus d’heures que moi sur le terrain. Il était obsessionnel et novateur. Parfois, les gamins ne comprenaient pas ses exercices, alors il passait des heures à leur expliquer et à les faire répéter. 95 % de ses mises en place concernaient le travail offensif : la mobilité, la dynamique, le marquage. Pour cela, il divisait le terrain en différentes parties avec du ruban adhésif et obligeait les jeunes à tous venir avec un manche à balai, qu’ils enfonçaient avec un marteau, comme les piquets d’aujourd’hui, que tout le monde utilise, mais à l’époque c’était nouveau.  »

Obsessionnel de l’attaque

Il faut dire que dans sa tête, Bielsa dirige déjà l’équipe première. Griffa, le maître, et Bielsa, l’élève, deviennent inséparables. Ils sont au club du matin au soir, avec un projet précis en tête : changer la mentalité du footballeur de leur pays.  » A cette époque, le leader charismatique était le joueur le plus fainéant du groupe. L’Argentin pensait être le meilleur et se reposait sur ses lauriers « , expose Griffa. C’était une des tâches que j’avais confiées à Marcelo : avant d’entraîner, il fallait éduquer.  »

L’autre partie du travail consiste à augmenter le flux de jeunes joueurs qui débarquent au centre de formation. C’est le point de départ du fameux voyage que fait Bielsa à travers l’Argentine en Fiat 147 modèle 1985. Un périple en cinq étapes de 5 000 km chacune. Dans chaque village, El Loco procède de la même façon : il rencontre la personne la plus pointue en football du coin, et en fait son contact privilégié.

Il est, aussi, prêt à tout pour griller ses concurrents de Rosario Central. Comme, par exemple, de s’enfiler 200 kilomètres en pleine nuit pour aller frapper à la porte des Pochettino à deux heures du matin dans le seul but de convaincre le père de ne pas envoyer le petit Mauricio, 13 ans, à Rosario Central, mais plutôt à Newell’s.

En 1990, l’heure tant attendue est venue. En juillet, alors que Newell’s est menacé par la relégation, Bielsa décroche le poste sur lequel il lorgnait depuis de si nombreuses années.. Sa première mesure : transférer le lieu de mise au vert de l’équipe du luxueux Hotel Presidente jusqu’au modeste Liceo Funes, une décision justifiée de la manière suivante :  » Comment je fais pour demander au joueur qu’il se tue sur le terrain si quelques minutes plus tôt il regardait un artiste à la télé dans une chambre cinq étoiles ? »

Cinq mois plus tard, Newell’s remporte le tournoi d’ouverture avec un groupe de morts de faim. Ce titre, et les deux qui suivront, en 91 (finale face à Boca, vainqueur du tournoi de clôture) et en 92 (tournoi de clôture), valident une méthode, mais comportent aussi un côté sombre : ils ont libéré un monstre. Un monstre respectueux, honnête, sincère, juste, sensible. Mais un monstre dont l’extrême exigence envers lui-même et les autres semble infinie.

Avec Bielsa. L’effort ne se négocie pas.  » Je ne reprocherai jamais à mes joueurs leur manque de talent. Mais je suis inflexible avec l’effort, parce qu’il ne dépend que d’eux « ,annonce-t-il.  » Les joueurs doivent surprendre en apparaissant dans des espaces inattendus.  » Lasuite, c’esttoutpourl’offensif.  » Je suis un obsessionnel de l’attaque. Je regarde des vidéos pour attaquer, pas pour défendre. Vous savez à quoi se résume mon travail défensif ? ‘On court tous.’ Le travail de récupération se limite à quatre ou cinq règles, pas plus. Au contraire, le football offensif est infini. Courir dépend seulement de la volonté, mais créer requiert l’indispensable condition du talent.  »

Litmanen repéré en Finlande

Partout où il passera, sa vie et son travail, minutieusement organisés, ne changeront plus. La journée commence par un footing, puis continue par un épluchage de toutes les pages sportives.  » Quand il était au Mexique, je devais lui envoyer tous les suppléments sport des journaux d’ici. Ça coûtait une fortune, mais il s’en fichait. Et si j’en oubliais un, il m’appelait immédiatement pour me le faire remarquer « , lance un de ses amis kiosquiers, DanielDepinto.

Ensuite, il passe des heures, chaque jour, à analyser les matchs. Tous les matchs. Ceux de ses équipes, ceux de ses rivaux, et tous les autres, de toutes divisions et tous pays, pour décortiquer tous les schémas tactiques existants et s’inspirer de phases de jeu jugées efficaces. Domizzi a accompagné Bielsa au Mexique, à l’Atlas, en 1992.  » Un jour, il m’apporte des cassettes pour que j’étudie les mouvements du Finlandais JariLitmanen. Je n’avais aucune idée de qui était ce mec. C’est devenu un phénomène à l’Ajax et au Barça ensuite, mais quand Marcelo m’a passé ces cassettes, il jouait en Finlande et personne ne le connaissait. Je ne pouvais pas le croire.  »

En général, Marcelo Bielsa choisit soigneusement les équipes qu’il accepte d’entraîner. Son profil favori : une équipe à potentiel, mais dans l’ombre des  » gros « . L’Atlas de Guadalajara, l’Espanyol Barcelone, la sélection chilienne, l’Athletic Bilbao, l’OM. Il n’y aura, en tout et pour tout, que trois exceptions dans la carrière du Loco. La première, c’est son expérience à l’América, au Mexique, en 1995-96, une année qu’il a sans doute jetée aux oubliettes. La seconde a lieu l’année suivante, en 1997, à Vélez Sarsfield, l’une des références continentales de l’époque. Après six mois d’adaptation, Vélez brille, séduit, roule sur ses adversaires et remporte un nouveau titre, le tournoi de Clôture 1998.

Bielsa en a alors fini avec le championnat argentin, trop petit pour son talent. Il peut partir s’atteler à la troisième exception de sa carrière : le poste de sélectionneur de l’Argentine, qu’il accepte alors qu’il vient de s’engager depuis quelques mois seulement avec l’Espanyol, en Europe, son rêve de toujours. Mais que pèse l’Europe face à l’Albiceleste ? Pas grand-chose. La sélection argentine sera le point le plus haut de la vie de Marcelo Bielsa. Hélas, ce sera aussi son plus grand échec.

En tout, Bielsa a passé six ans à la tête de la potentielle meilleure sélection du monde. Six ans durant lesquels son Argentine a tapé le record de points de l’histoire des éliminatoires de la zone Amsud, a enchanté et soulagé une population ravagée par la crise économique, mais a fini par échouer. Comme l’équipe de France de Zidane, son équipe coule dès le premier tour de la coupe du monde 2002, après un match nul contre la Suède au cours duquel elle s’est procurée plus d’une vingtaine d’occasions franches.

Trois ans pour faire le deuil

Au coup de sifflet final, dans le vestiaire du Miyagi Stadium de Rifu, Bielsa fond en larmes devant ses joueurs.  » Il a essayé de parler, mais sa peine était trop forte, et il a craqué. Je me suis levé et je l’ai pris dans mes bras, puis tout le monde m’a suivi, parce que c’était un entraîneur merveilleux « , se souvient GermanBurgos. Quelques heures plus tard, Bielsa, professionnel avant tout, convoquera ses joueurs pour une analyse de la déroute.

Avant de démissionner de son poste de sélectionneur de l’Argentine, El Loco prendra néanmoins le temps de décrocher un sourire. Le titre olympique, à Athènes, en 2004. La première médaille d’or depuis 52 ans pour le sport argentin. Ensuite, Bielsa s’isole, pendant trois ans. D’abord dans un centre de santé géré par des adventistes, à Puiggari, dans la province d’Entre Rios. Avec des livres. Puis dans sa maison de campagne, à Maximo Paz, dans les environs de Rosario. Avec sa famille. Trois ans pour faire le deuil, à refuser les offres. Jusqu’à ce qu’un nouveau projet lui plaise : la sélection du Chili…

PAR LEO RUIZ, À BUENOS AIRES ET ROSARIO / PHOTOS : BELGAIMAGE

 » On le traite de fou, de taré, de génie. Parce qu’on ne peut pas le comprendre. L’être humain aime la gloire, l’argent, les éloges, l’admiration. Lui, non. Il aime juste le football.  » Roberto Luqui, ami de la famille Bielsa

 » Nous sommes face au meilleur entraîneur de la planète.  »

Pep Guardiola, à propos de Marcelo Bielsa

 » Sur le terrain, c’est Pablo Picasso. Mais en dehors, il faudrait l’interner dans un asile psychiatrique.  » Claudio Olmedo, ex-attaché de presse de la sélection chilienne

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