Livres à la foire et pas foireux !

par Bernard Jeunejean

N’en déplaise au monde virtuel, les livres en papier doivent rester nos amis. C’est pourquoi je vous signale qu’à Bruxelles, la Foire du Livre s’ouvre demain et jusqu’à lundi, ne ratez pas l’occasion même si vous aimez davantage le foot que le papier : sur les milliers de livres présentés, il s’en trouve forcément plusieurs dizaines envisageant le sport sous toutes ses coutures ! Alors voilà, j’apporte ci-dessous ma contribution à la promotion de la lecture, en vous refilant cinq tuyaux. Ne me remerciez pas, c’est un devoir.

w Pierre-Louis BASSE, 19 secondes 83 centièmes, Stock 2007. Ce n’est pas du foot, mais figurez-vous que c’est beau. C’est l’histoire d’un amour filial, d’un souvenir d’enfance, d’une nuit télévisée magique, d’une passion pour le sport ainsi transmise pour la vie par un père à son fils. L’auteur avait dix ans en 1968 quand son père l’autorisa, malgré l’heure tardive, à suivre en direct la finale du 200m des JO de Mexico. Et c’est alors en parallèle toute l’histoire, réelle autant que réinventée, de Tommie Smith et John Carlos : avant, pendant et jusque bien après le moment historique de leur poing noir levé… C’est de la littérature, et elle vaut la peine d’un peu se faire violence question ciboulot en activité, tant les vingt dernières pages prennent à la gorge. J’dis ça…

w Harlan COBEN, Rupture de contrat, Pocket, 1995/2004. C’est plus facile à lire, un peu comme se dévorent les pralines au chocolat blanc fourré, goulûment et sans pouvoir s’arrêter avant épuisement du stock. Américain, Coben est un célèbre auteur de polars, qui a notamment créé le personnage de Myron Bolitar. Ex-grande promesse du basket, Bolitar a vu sa carrière stoppée par un accident de jeu, et s’est lancé dans le boulot d’agent de joueurs, rôdant ainsi dans les milieux interlopes des divers sports professionnels américains. Surgissent suspenses, meurtres en série, et galerie d’acolytes s’installant parmi nos familiers au fur et à mesure des aventures lues : car en une quinzaine d’années, Coben a commis sept polars avec Bolitar, tous traduits chez Pocket, dont le premier ci-dessus : tous des gourmandises pour mieux flâner, quand les matches à la télé sont endormants…

w Ken BRAY, Comment marquer un but, JC Lattès, 2006. L’auteur est docteur en physique quantique, mais pas de panique : c’est quand même lisible ! Cela semble un peu délirant quand le gars part dans ses idées balistiques, kinesthésiques, chronométriques, kilométriques ou statistiques, mais c’est finalement truffé d’infos de deux points de vue : quant à l’histoire du foot et l’évolution du jeu d’une part, quant à l’observation des différentes situations d’un match d’autre part (remise en touche, coup de coin, mur, péno, coup de pied de but,…). Ce ne sont peut-être pas les lois secrètes du football comme Bray l’affirme en sous-titre, mais ça émoustille agréablement les méninges tactiqueuses…

w Bruno DERRIEN, A bas l’arbitre, Editions du Rocher, 2009. C’est un récit de souffrances, en même temps qu’un règlement de comptes avec joueurs, dirigeants, entraîneurs… et corps arbitral, ô combien ! Derrien fut arbitre du top français durant 10 ans, et c’est désormais son bouquin qui cartonne à sa place, dans les ventes des libraires ! L’auteur suscite la compassion quand on lit ce qu’un parcours d’arbitre peut amener d’insultes, de menaces, de pressions franches ou sournoises, d’intimidations et autres joyeusetés… Prodigieusement éclairant quant au climat subi, le récit n’est hélas qu’une somme d’anecdotes revanchardes. Derrien narre le comment, sans analyser le pourquoi de ce que vit un arbitre : il se borne à déplorer que les autres ne connaissent pas le règlement, et à prêcher pour davantage d’éducation. C’est insuffisant pour faire avancer le schmilblic.

w Franck ANNESE et Jean Damien LESAY, A mort l’arbitre ?, Calmann-Lévy, 2007. Le titre est similaire, mais le contenu radicalement différent ! Les deux auteurs tracent ici un historique éclairant de l’activité d’arbitre sur un siècle, avant d’ausculter les multiples paradoxes que génère la fonction : trouver du plaisir tout en étant bouc émissaire. Etre accusé de manque de feeling quand on recourt à la lettre, et accusé d’incompétence si l’on privilégie l’esprit ; entendre que mieux vaut avoir été joueur pour mieux juger, mais manquer de temps pour l’avoir été vraiment ; refuser la robotisation, mais aussi les critiques qu’entraîne le pouvoir d’interpréter… L’analyse prime ici l’humeur, et le schmilblic avance un petit coup ! Bonnes lectures.

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