Lisez bio…

Bernard Jeunejean

… c’est-à-dire bio graphies, d’hommes de foot évidemment ! J’évoquais l’autre fois celle de Pep Guardiola (1) qui m’avait mis à cran, mais c’était ma septième de la saison, six autres m’ont plu davantage même si j’ai loupé Vincent Kompany (2) : je vous les propose, ne passez pas l’été sans rien dans les mains lorsque vous glanderez au soleil.

* Le cinquième Beatles, c’est George Best, et Vincent Duluc est une référence du journal L’Equipe (3). Le titre est incongru ( Brian Epstein doit remuer dans sa tombe, et est-on beatle – au singulier – sans être de Liverpool ! ?) mais le contenu passionnera, et pas que les vieux, jadis éblouis par les virevoltes de l’Irlandais, Ballon d’Or en 1968 : talent géant mais fugace car deux autres addicts (les femmes, l’alcool) concurrençaient le foot, Best fut footballeur people et fêtard avant l’heure. Lyrique et romanesque, Duluc dévoile l’homme par l’enfance dont tout découle, narre les exploits et le gâchis, décrit la déchéance progressive, puis la mort dès 59 ans.

* Big Dan. Notre Pierre Danvoye de Foot Mag a donné la parole à Daniel Van Buyten (4). Adorable première moitié remplie d’enfance, de rêve et de travail, le tout via cette fort belle relation au père. J’ai moins aimé le récit de la vie au top, espérant une autocritique des points faibles car Big Dan en avait,… il ne fut ni toujours bon chez les Diables, ni toujours titulaire au Bayern : mais émane plutôt le ressentiment d’un gars s’estimant injustement visé, considérant d’ailleurs curieusement que les finales européennes perdues par le Bayern furent dues à des erreurs de Louis Van Gaal en 2010 et de Jupp Heynckes en 2012 ! Big Dan m’émeut davantage quand il confesse son regret de n’avoir joué qu’en défense, sa conviction qu’il aurait pu être un chouette attaquant empileur de buts…

* Wilmots, l’homme derrière la légende (5). Tout différent du précédent car le focus est mis sur les faits, et peu sur les états d’âme. La parole n’est pas donnée à Marc Wilmots, mais c’est très détaillé si vous souhaitez savoir, ou vous rappeler, ce que furent les quarante années du Willie d’avant les Diables. Un Willie sans peur et sans reproche : l’auteur Frederik De Backer s’en tient au panégyrique…

* Mon autobiographie. En 2013, Alex Ferguson a vendu un million d’exemplaires de son bouquin (6) et c’est une magnifique ode au bon sens : le foot est un jeu simple, ce sont les footballeurs qui sont parfois compliqués ! Ferguson, meneur d’hommes génial, l’a bien compris, il le fallait pour coacher 12 années en Ecosse… avant 27 saisons à la tête de Man U ! Un livre sentant bon la roublardise, les piques ( Arsenal a développé des joueurs, mais n’en a pas lancé beaucoup), les scoops ( Ryan Giggs n’a obtenu que 5 penaltys tout au long de sa carrière !), le tout avec une inégalable galerie de portraits de stars… quoiqu’ Eric Cantona demeure bizarrement peu évoqué !

* Rouge ou mort (7). David Peace, qui avait déjà raconté Brian Clough, s’est attaqué en 2013 à Bill Shankly, manager mythique de Liverpool de 1959 à 1974. C’est une brique de 800 pages avec une volonté romanesque de répétitions, reflétant cette routine en même temps que ce labeur passionné qui furent le vécu de Shankly. Ça lassera peut-être ceux qui n’ont pas connu les Reds de Roger Hunt à Kenny Dalglish, mais c’est un témoignage exceptionnel sur le climat du foot anglais d’alors. Avec cette dimension du manager british également constatable chez Ferguson, mais qui transparaît dès Shankly : savoir acheter et vendre, malin et au bon moment, tout en sachant faire pressing sur la hiérarchie qui détient les cordons de la bourse !

* Moi, Zlatan Ibrahimovic. Ibra s’est raconté à David Lagercrantz en 2011, ce qui faisait déjà pas mal de clubs et d’anecdotes avant son arrivée au PSG, et le bouquin existe maintenant en français (8). C’est étonnant autant qu’instructif. L’enfance cahotique explique le footballeur adulte provoc et fanfaron, mais le plus surprenant est cette autocritique constante et humble, Ibra reconnaît souvent qu’il n’aurait pas dû ceci et ça ; et ses changements de clubs apparaissent chaque fois comme motivés par une recherche d’absolu footballistique. Mon coup de coeur… et ce n’est pas parce que Zlatan ne portait pas Pep dans le sien !

1. Guardiola, éloge du style par Thibaud Leplat, Ed. Hugo Sports, 2014.

2. Kompany, prince des Belges par Frank Van de Winkel, Ed. La Boîte à Pandore, 2014.

3. Ed. Stock, 2014.

4. Ed. La Renaissance du Livre, 2014.

5. Ed. La Renaissance du Livre, 2014.

6. Ed.française Talent Sport, 2014

7. Ed.française Payot & Rivages, 2014.

8. Ed.française Lattès, 2013, Livre de Poche 33167.

BERNARD JEUNEJEAN

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