Lio, merci beaucoup ! Victor, merci aussi !

Bernard Jeunejean

L’AIPS (1), qui vient d’élire Usain BoltSportif de 2012, a aussi désigné l’équipe de l’année : 450 journalistes issus de 100 pays ont octroyé 25 % de leurs votes au onze d’Espagne, 23 % au Barça…et 10 % seulement à l’équipe de basket des USA, c’est dire et redire la popularité du ballon rond ! Plus intéressante est la presque égalité entre l’Espagne (victorieuse de l’Euro) et le Barça (pourtant battu en Liga et en Champions League) : comme si une moitié des votants férus de foot privilégiait la victoire, tandis que l’autre moitié préférait s’enthousiasmer d’abord sur la qualité d’un spectacle…

Car il n’y a pas photo. Il y a bien sûr le commun dénominateur d’une possession de balle à pourcentage fréquemment insolent, mais aussi l’énorme différence que deux p’tits tableaux ci-joints souhaiteraient éclairer. L’Espagne a certes réussi un triplé historique. N’empêche qu’en 19 matches de phase finale, le onze ibérique n’est pas arrivé à scorer en moyenne deux fois par rencontre. Et vu qu’il ne concède qu’un but tous les trois matches, les prestations de ce géant n’ont donné à voir qu’une moyenne minuscule de deux buts en 90′ ! Le triplé de l’Espagne est d’abord dû à une rigueur de fer et à un peu de bol : car derrière son score moyen se nichent forcément des succès souvent étriqués, dont deux d’ailleurs via la loterie des tirs au but. Ces chiffres sont loin de traduire un reproche, ils ne sont qu’un constat. Mais José Mourinho, tout provocateur qu’il est, a objectivement raison lorsqu’il dit que l’Espagne est une équipe défensive.

Comparons au Barça depuis Pep Guardiola, et rien qu’en Champions League : pour comparer ce qui est comparable, en excluant ainsi les victoires trop faciles en Liga. En gros, le Barça se ramasse trois fois plus de buts que l’Espagne, et il en plante un bon demi supplémentaire par rencontre. Ça n’a l’air de rien, mais c’est énorme sur une saison. Le Barça de Champions League donne à voir plus de trois buts par match, c’est supérieur à la moyenne et c’est 50 % de plus que l’Espagne : les matches du Barça, eux, sont spectaculaires !

Grâce à qui ? Un peu grâce à Victor Valdés qui est un bon gardien, mais qui s’avoue parfois vaincu sur de jolis buts… qu’aurait toutefois empêchés Iker Casillas gardien d’exception. Et surtout évidemment grâce à Lionel Messi, que Guardiola a positionné au centre de l’attaque : depuis cinq ans. Messi inscrit à lui seul un tiers des buts du Barça ! C’est un extraterrestre à base d’hormones inoculées, mais personne autant que lui ne méritait le Ballon d’Or2012, et tant pis si les répétitions lassent inévitablement ! La grande question est de savoir ce que serait le Barça sans sa Puce ? Pas quelconque, évidemment : car toutes compétitions confondues, si Messi a carburé en 2012 à une moyenne de 1,31 but par match, s’il carbure à 1,1 depuis l’arrivée de Guardiola, Samuel Eto’o avant lui a quand même maintenu sur cinq saisons une moyenne brillante de 0,7 ! Et David Villa, qui ronge son frein, ou un transféré du genre de Falcao, en feraient sans doute autant. Contentons-nous plutôt de penser que, sans son soliste d’exception, le Barça pourrait ressembler davantage à l’Espagne…

Holà, soliste d’exception ? ! Seulement cela ? ! N’est-ce pas minimiser le rôle du p’tit Lio au sein du collectif catalan ? ! Voire : à côté de ce chiffre hénaurme de 91 buts en 69 matches, le Messi 2012 n’aurait délivré « que » 23 assists. C’est-à-dire un tous les trois matches. C’est-à-dire que lorsqu’il ne score pas himself, Messi refile l’assist une fois tous les sept ou huit buts.

Alors : Lio maestro ou Lio soliste exceptionnel ? A vous de juger !

(1)Association Internationale de la Presse Sportive

Bernard Jeunejean

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