LILIAN THURAM

A Monaco, l’UEFA lui a remis un prix spécial pour son implication dans la lutte contre le racisme. Bien qu’il en ait été victime notamment lorsqu’il se rendait à la Lazio, il a décidé de rester en Italie : après cinq saisons à Parme, il est passé à La Juventus.

Lilian Thuram: Non, l’Italie n’est pas un pays raciste. Je ne dis pas cela parce que j’y vis depuis plusieurs années mais c’est vrai qu’à l’étranger c’est, malheureusement, ainsi qu’on se l’imagine. C’est une image globale qui ne se limite pas au football. J’éprouve du mal à expliquer à mes amis que la réalité est, heureusement, tout autre.

Pourtant les insultes à l’égard des joueurs de couleur sont toujours là.

Attention, c’est un phénomène qui existe mais qui se limite à certaines zones comme Vérone et la Lazio. Il faut en parler, c’est un devoir. Mais soyons prudents, il ne s’agit pas de faire le jeu de ces personnes en leur donnant une trop grande importance. A Parme, il n’étaient guère nombreux, pourtant un jour je me suis disputé : nous rencontrions Milan et des énergumènes s’en étaient pris à Ba et à Weah. Je leur ai dit de réfléchir aux insultes qu’ils proféraient car c’est de là que naît l’intolérance qui se transforme en guerre. Et puis, le racisme ce n’est pas uniquement entre blancs et noirs. N’oublions pas ce qui s’est passé en ex-Yougoslavie.

Des supporters de la Lazio sont venus vous parler.

Tout simplement parce que je m’appelle Thuram et que je suis champion du monde et d’Europe. Voilà pourquoi ils tenaient à me rencontrer. C’était une initiative intéressée absolument pas sincère.

L’équipe de France a abattu certaines barrières.

C’est vrai qu’elle constitue un véritable mélange de cultures. Mais si au lieu de gagner elle avait perdu, que ce serait-il passé?

Arrêter les rencontres est-ce une solution?

Ce serait un signal fort mais il faudrait rejouer le match. Et pourquoi pas ne pas imaginer que les choeurs reprendraient quand l’équipe visiteuse serait menée à la marque?

Le problème serait-il insoluble?

Non, il suffirait d’interdire l’accès au stade aux leaders de ces petits groupes. Les autres souvent suivent le mouvement sans se rendre compte de ce qu’ils font.

La situation se dégrade-t-elle?

Non, elle s’améliore. Lentement mais elle s’améliore. (N. Ribaudo avec ESM)

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