Ligue des pigeons

Une semaine de folie avec ses pigeons voyageurs, ceux qui filent dans le noyau B et les autres…

Lundi : l’inquiétude des supporters.

La semaine a été dense en péripétie du coté de Sclessin. Diverses opérations se sont accélérées, tenant les supporters en haleine. Lors de la reprise, il y a dix jours au Sart Tilman, plusieurs centaines de personnes ceinturaient le site. Autour de cette verdoyante pelouse plombée par un soleil estival, les discussions voltigeaient autour de deux thèmes.

« Nous ne sommes plus qu’un satellite », craignaient les uns. « Dès que nous aurons un bon joueur, Marseille viendra nous le piquer », déploraient les autres.

A peine arrivé, Jurgen Cavens se pose déjà des questions: « Il m’a été signifié que je pourrais rapidement mettre le cap sur Marseille. Tel n’est pas mon souhait. Dans ma tête, je suis Standardman. C’est ici que je veux m’imposer ».

Harold Meyssen abonde dans le sens de celui qu’il prend sous son aile protectrice : « Je me mets à sa place. Il reste sur une saison décevante au Lierse. En France, personne ne le connaît. Vous imaginez sa tête s’il arrive là-bas et que les supporters bombardent sa voiture de projectiles sous prétexte qu’il n’a pas l’aura d’une star de format mondial. Ce n’est pas un service à lui rendre ».

Luciano D’Onofrio prétend : « Il a été acquis par le Standard et pour le Standard ».

Le jeune Lierrois, tellement désireux de gravir un pallier, constitue l’une des plus belles promesses du football belge. Au fait, outre les contacts noués avec Lille et Strasbourg, son nom était cité avec insistance au Parc Astrid au moment où il paraphait son contrat au cour de la Cité Ardente…

Mardi : Les bannis sur le terrain B.

Ivica Mornar, poussé vers le Sporting de Lisbonne, est expédié sur une voie de garage. Jusqu’ici, le Croate s’est montré très gourmand. Ne dit-on pas qu’il exige 60 millions (prime de signature plus salaire mensuel) pour rallier le Portugal? Se sachant libre dans un an, Mornar n’entend pas se brader. Légitime. Comme il est logique que le Standard cherche à rentabiliser l’investissement consenti voici deux ans : « Pourquoi devrions-nous le mettre en vitrine sans en tirer le moindre bénéfice? ».

Questionné au sujet de Mornar, le président Reto Stiffler eut une parole affligeante modulée sur le ton de la plaisanterie : « Nous ne sommes plus à l’époque de l’esclavage, malheureusement ». Louis Smal, dirigeant syndical dans la métallurgie et administrateur du Standard, positionné juste à ses cotés failli en avaler sa cigarette. L’hôtelier suisse ne saurait-il pas que le bassin mosan représente depuis toujours une terre de luttes ouvrières? A force de parler de milliards comme s’il s’agissait de choses courantes, on en oublie certaines réalités.

Si l’on excepte les cas connus de Prosinecki, Vlcek, Ciobotariu, Godfroid, Selymes et Brocken, et donc Mornar, amenés à trottiner sur un terrain annexe, d’autres éléments plieront bagages.

Hormis Cavens, Michaël Goossens est aussi cité sur la Canebière… Mais il n’est pas interdit de penser que Mika et son grand ami Didier Ernst soient invités à meubler un flanc droit où la concurrence est quasiment nulle.

Mercredi : Louis-Dreyfus lâche des infos.

Si l’on en croit Robert Louis-Dreyfus, « La vente de Van Buyten rapportera 470 millions de francs belges. S’y ajouteront 50% de la plus-value éventuelle ». Luciano D’Onofrio appuie la remarque du grand argentier, présent mercredi à Sclessin, en ajoutant : « Nous réalisons la plus grosse spéculation concernant un joueur belge ».

Le départ de Van Buyten s’ajoutant à celui de Yobo, également à destination de l’entité phocéenne, provoque le bouillonnement du bon peuple Principautaire.

A ces remarques, Robert Louis-Dreyfus répond par un sourire enjôleur : « Vous savez, je connais de nombreux clubs qui rêvent d’être dépouillés pour un demi milliard! »

Nonobstant le respect que l’on peut nourrir à l’égard du grand Daniel, un pactole aussi faramineux se justifie-t-il? Peut-être sera-t-il un jour le meilleur défenseur du monde! Le « Nouveau Stam« , si l’on croit la rubrique Internet de l’OM. Peut-être. En attendant, il n’est qu’un espoir bien engagé sur le chemin de la confirmation. Or, débourser 500 briques pour un arrière ayant encore beaucoup à prouver, tient du délire.

Les « Guignols de l’info », sur Canal+, ont-ils raison lorsqu’ils traitent Louis-Dreyfus de « roi des pigeons »? Non. Impossible. Il n’a pas géré une fortune estimée à 24 milliards de francs belges en jetant l’argent par les fenêtres. Donc il y a autre chose. Quoi? Poudre aux yeux, destinée à calmer le public? Van Buyten doit-il transiter par Marseille, y mûrir, avant de rejoindre une écurie encore plus prestigieuse en Italie? Bien des supputations semblent envisageables!

En caricaturant, on peut supposer que Louis-Dreyfus sort 470 millions de sa poche droite pour les glisser dans sa poche gauche! Forcément puisqu’il est le patron des deux clubs! A ce titre, tant sur les rivages de la Méditerranée que sur les berges de la Meuse, son apport a remis à flots des embarcations prenant eau par tribord et par babord. RLD espère, un jour, dégager des bénéfices. Pour ce faire, le Français cherche prioritairement à rentabiliser les sociétés dont il a la charge. Ici, il réalise un joli coup double. En ne lésant aucune des parties. Au contraire. Le Standard diminue l’ampleur de sa dette tandis que l’OM, en mal de garanties, augmente considérablement son capital. Chemin faisant, il propose à la redoutable DNCG un os bien moelleux à ronger. Cerise sur le gâteau, l’ardeur belliqueuse des « Commandos Ultras » et autres fanatiques méridionaux, coupables d’avoir perturbé les entraînements pendant une semaine, risque de s’apaiser.

« Notez, je ne suis plus l’actionnaire majoritaire du Standard », annonce-t-il. « Celui- ci est un Américain répondant au nom de Tom Russel. Il possède quelques actions de plus que moi ».

Gag! Ainsi, un Américain, autre que Milan Mandaric serait le proprio. Arrêtons de rire. Russel et Dreyfus se sont connus lors de la création d’une firme pharmaceutique aux States. Les affaires produisant de juteux bénéfices, ils s’associèrent dans d’autres entreprises. Dont la structure « Eric Soccer ».

La prise de pouvoir du tonton US, présent au CA depuis six mois, se justifie uniquement eut égard aux interdits imposés par l’UEFA. Elle n’est ni factice ni réelle au plan des actes. Simplement stratégique. Une paire de clubs appartenant à un investisseur unique ne peut en aucune manière être engagée dans une même compétition européenne…

Bien normal du reste dans la mesure où la coupe d’Europe constitue une raison de vie essentielle.

« Le but consiste à rejoindre la Ligue des Champions », clame celui qui malgré les écrits officiels reste le Boss. « Nous devons profiter du second ticket offert à la Belgique pour gravir un échelon ».

Jeudi : Havas se met au travail.

A partir du premier juillet, Havas Advertising Sports prendra en charge, quatre années durant, le marketing des Rouches. Ceci pour un montant annuel garanti de 180 millions. Si l’exposé présenté par Laurent Thieul, directeur, était sans surprise, par contre, l’agence mondiale de communication a mal débuté. Incroyable mais vrai, aucune farde de presse n’attendait les participants. Il fallut en conséquence happer les informations à la volée. Style : Havas emploie 22.000 personnes dans le monde. La Roma, Marseille, St-Etienne, Metz ainsi qu’une demi-douzaine d’autres clubs français, la fédération suisse, etc., font appel à ses services. Démonstration d’un rayonnement étonnant.

Havas plonge ses racines dans de multiples disciplines. La multinationale installée à Levallois Perret, qui ne sera pas habilité à gérer les droits de télévision, entend valoriser l’image du Standard. Première mission, trouver un slogan. L’exemple donné par Laurent Thieul ne s’invente pas: « … du style de celui de Droit au but, arboré par l’OM ».

Le partenariat s’envisage de manière profonde. Ainsi, les locaux de Sclessin tiendront lieu de bureau central afin « de s’identifier totalement à l’environnement ». Louis Smal, cheville ouvrière du projet, précise : « L’implication sera autre qu’avec Dialogic qui oeuvrait à la manière d’un sous-traitant ». Dès jeudi, Havas a réuni la « Famille des Rouges » et trace les grandes lignes de collaboration avec les clubs de supporters concernant l’animation du stade.

Vendredi : on se prépare.

Journée calme. Certes, Jurgen Cavens est absent suite à une angine blanche, mais Eric Van Meir en est à son deuxième jour d’entraînement. Christian Piot, heureux de reprendre du service actif, se réjouit de la qualité des gardiens : « On connaît déjà Runje. Pour ma part je découvre Sunsjara. Il me laisse une très bonne impression. Nos portiers présentent des qualités différentes, notamment au plan de la personnalité, toutefois, je les sens d’un niveau comparable. Une chance pour un club ».

Dimanche : à 7 heures, le départ.

Le groupe qui a travaillé toute la semaine s’est donné rendez-vous à Sclessin. 7 heures précises. Départ en car vers Zaventem puis direction Aix-les-Bains. Outre la préparation foncière, Michel Preud’homme sait qu’il va devoir trancher. Il se veut prudent : « Il y a pléthore d’attaquants. J’effectuerai un choix définitif durant le stage ou tout juste après. Je ne cite aucun nom, mais il est acquis que tous ne resteront pas ».

Daniel Renard

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