Ligue des Champions, le retour

Bernard Jeunejean

Patience, n’entrons pas trop vite dans la nébuleuse pourrie qui jette en ce moment l’opprobre sur notre foot belge : pour planter notre petite graine, attendons que les grosses m… y soient mieux séparées des petites ! Partons plutôt, loin de nos nationales turpitudes, nous aérer vers ce paradis pur qu’est la Ligue des Champions, vers le vrai foot, l’art pour l’art, le royaume du Beau Exclusif : là où les buts résultent toujours d’exploits ahurissants, et jamais d’erreurs suspicieuses ! Là où les hommes ne sont pas belges et pécheurs mais sont des Dieux, auxquels seule importe la gloire ! Là où la corruption n’existe pas puisque tous les participants sont pleins aux as, et ne me dites pas qu’il est possible de corrompre pour du fric ceux qui en dégoulinent de partout !

Même Bernard Tapie, en 1993, n’est pas parvenu avant la finale à suborner un mec du Milan AC, ça résume le climat, non ? En Ligue des Champions, le pognon est banalisé au point qu’il n’existe plus : seuls demeurent le sport et ses vraies valeurs ! Ressourçons-nous donc, les huitièmes de finale démarrent cette semaine, et les affiches sont plus alléchantes qu’un Saint-Trond-Brussels…

J’ironise, mais n’empêche. Les non footeux qui croient tout savoir vont encore nous prendre pour de gros connards naïfs, mais c’est comme ça : vous comme moi, en dépit de tous les paris chinois du monde, il nous sera impossible d’allumer le poste sur Real-Arsenal, Bayern-Milan ou Chelsea-Barça en imaginant ne fût-ce qu’un instant, que les dés soient pipés ! Immanquablement, ça va nous exciter, même si le haut niveau est l’apanage de Sa Sainteté l’Oseille (vous aurez d’ailleurs remarqué que les 16 qualifiés de cette année sont tous d’Europe occidentale). Et même si les attaquants riches et doués ne nous refilent pas toujours les buts, les gestes ou le spectacle dont nous rêvons au coup d’envoi,… le problème étant qu’existent aussi des défenseurs riches, et doués pour défendre !

Et c’est vrai que la Ligue des Champions est souvent chiche en buts : tiens, si j’osais et si les bookmakers donnaient la chose à 10 contre 1 minimum, je parierais bien (!) la paie de ma quinzaine que nous ne verrons pas 16 buts au total des 8 matches aller programmés…

Avec ma calculette de grand gamin, j’ai pioché les statistiques des groupes du premier tour : 14 nuls blancs, 19 scores Arsenal, ça fait déjà un tiers des matches où, si tu les as suivis en toute neutralité, tu as chaque fois atteint la 90′ avec un goût de trop peu… Ces 96 rencontres génèrent une moyenne de 2,4 buts par match, c’est un peu en dessous d’une norme qui n’est déjà pas le Pérou. Avec surtout 12 buts en 12 matches pour le groupe D, qui s’est avéré le groupe de la mort d’ennui ! Ma compassion la plus sincère s’y porte sur les supporters de Lille, le LOSC étant éliminé de justesse avec un average misérabiliste de 1-2 en 6 matches.

A ce prix-là, mieux vaut être supporter de Panathinaikos : tu es éliminé aussi, mais tes favoris ont planté quatre fois plus de buts, et tu as de quoi papoter avec les 16 qu’ils ont ramassés ! Villarreal a dominé ce groupe D avec l’average faramineux de 3-1 en 6 matches, je souhaite bonne chance à Thomas Buffel et ses friends face à la forteresse ! Et je décide d’être supporter de Brême, l’anti-Villarreal puisqu’il s’est qualifié avec un average de 12-12 : avec le Werder, ça passe ou ça casse, mais c’est souvent gai !

Ceci dit, et indépendamment des magouilles potentielles, les matches de Ligue des Champions sont davantage plaisants que ceux de notre championnat. Dieu sait pourtant qu’un match de moindre niveau peut s’avérer infiniment plus spectaculaire qu’un match dit de haut niveau : parce que le rythme y est moindre, mais qu’il engendre des gestes offensifs qui sont de qualité ! Hélas, cela ne semble pas le cas de notre D1 belge par rapport à la Ligue des Champions. Chez nous en D1, il semble qu’on essaie d’aller vite comme les caïds européens alors que l’on n’a pas leur bagage technique. Résultat : du déchet, plus qu’ailleurs.

La vitesse du footballeur belge de D1 n’est que précipitation, il s’emmêle souvent les pinceaux en pétant plus haut que son cul. C’est pourquoi le football belge de D1 n’est pas le football belge le plus spectaculaire, même si c’est lui qu’on voit à la télé. J’dis ça, j’dis rien.

Bernard Jeunejean

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